Les négociations sociales dans la fonction publique ne semblent pas se débloquer de sitôt. Au contraire, tous les indices prouvent que le bras de fer entre l'UGTT et le gouvernement ne fait que perdurer. Les tensions semblent également s'aggraver avec un ultimatum lancé au gouvernement par la centrale syndicale dans le cadre de ces négociations et la grève devient ainsi imminente. La série de négociations successives entre l'UGTT et le gouvernement concernant essentiellement les augmentations salariales pour les agents de la fonction publique, dont la plus récente date du 9 janvier courant, n'a abouti à aucun accord. Deux jours après une première grève dans la fonction publique ayant eu lieu le 22 novembre 2018, l'UGTT a décrété une seconde grève générale touchant le secteur public ainsi que la fonction publique. La date a été fixée au 17 janvier courant.
Si la grève générale du secteur public prévue le 24 octobre 2018 a été annulée suite à la conclusion d'un accord avec le gouvernement concernant les augmentations salariales au profit des cadres et des agents de maîtrise et d'exécution dans le secteur public, celle dans la fonction publique paraît inévitable d'autant plus qu'ultimatum a été lancé au gouvernement hier. La centrale syndicale a, en effet, mis en garde contre l'inertie et la tergiversation du gouvernement en ce qui concerne les majorations salariales. Cela a été concrétisé sous la forme d'un ultimatum fixé au 14 janvier courant. L'UGTT affirme de ce fait que la grève se déroulera indubitablement si les deux parties ne parviennent pas à un accord répondant aux attentes et aux aspirations des affiliés à l'UGTT avant ce délai.
Le gouvernement avait exprimé à plusieurs reprises sa disposition à satisfaire les revendications des salariés de la fonction publique. En effet, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi avait souligné la nécessité de trouver un compromis au sujet des augmentations salariales indiquant que le gouvernement ne s'opposait pas au principe de hausse des salaires. Toutefois, les propositions présentées par la partie gouvernementale ont toujours été jugées insuffisantes selon la centrale syndicale. Elle est même allée jusqu'à accuser le gouvernement de bloquer les concertations en obéissance aux directives du FMI.
Le gouvernement avait suggéré au début une hausse de 400 MD pour devenir par la suite 700 MD. De nouvelles majorations ont été proposées face au rejet de l'UGTT de ces augmentations où le gouvernement avait suggéré des hausses comprises entre 70 et 130 DT. Une offre toujours en deçà des prétentions salariales de l'UGTT qui revendique une hausse estimée à 1500 MD. « Nous ne voulons pas de miettes ! La fonction publique est plus grande que ces miettes ! Nous ne sommes pas en train de mendier ! », s'est indigné ainsi le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi qui ne cesse de durcir le ton appelant même à prendre des mesures d'escalade et à recourir à des mouvements de protestation organisés et encadrés. L'UGTT revendique une augmentation salariale dans la fonction publique égale ou dépassant celle du secteur public. Les majorations dans ce secteur au titre des années 2017-2018-2019 varient, en effet, entre 205 et 270 DT sur le salaire brut des cadres et des agents de maîtrise et d'exécution en vertu de l'accord convenu le 22 octobre 2018. Ces salariés recevront, de surcroît, un rappel qui leur sera versé sur trois tranches. Néanmoins, malgré les avancées dans le dossier des emplois précaires, aucun signe ne présage jusqu'à présent l'annulation de la grève et la sortie de la crise qui ne cesse de s'enfler devant un pouvoir d'achat qui se dégrade de plus en plus et une conjoncture sociale qui se détériore graduellement. Et malgré les entretiens consécutifs de Noureddine Taboubi avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed ainsi qu'avec le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi qu'il a appelé à intervenir afin de débloquer la crise, l'aboutissement à un accord n'est toujours pas envisageable avec le report perpétuel des négociations et leur reprise stérile. Une stérilité qui s'affirme avec chaque rencontre ayant lieu entre le secrétaire général de la centrale syndicale et les deux têtes de l'exécutif où Taboubi semble, à chaque fois, en sortir plus obstiné et plus attaché à sa position.
Certes, l'improductivité des négociations ne peut être résolue que si chaque partie assume sa responsabilité en vue de remédier à la crise actuelle qui plombe le pays. Ces parties doivent impérativement unir les efforts afin de parvenir à une solution consensuelle. Etant étroitement liée à toutes les activités économiques, la grève dans la fonction publique coûtera très cher à l'économie tunisienne. Paralyser la fonction publique signifie également la perturbation de toute l'activité du pays et lèser davantage les citoyens. Ne serait-il pas temps de dépasser ce conflit interminable entre l'UGTT et le gouvernement et de trouver un terrain d'entente tout en faisant primer l'intérêt du pays ?