Les affaires et les scandales se succèdent ces derniers jours. Après l'affaire de l'école dite coranique de Regueb, c'est la tentative d'inonder tout le gouvernorat de Jendouba qui a attiré l'attention de l'opinion publique. Un acte criminel suspect dont les auteurs et les motivations sont encore inconnus. Retour sur une affaire qui aurait pu se transformer en une véritable catastrophe. Tout s'est passé à la ville de Bousalem, au gouvernorat de Jendouba, où des inconnus ont ouvert la première vanne murale du canal d'Oued Medjerda au niveau d'Oued Boujaarine. Selon le maire de Bousalem, Hachemi Bangueji, les auteurs de cet acte n'ont pas réussi à ouvrir la deuxième vanne, ce qui a pu empêcher un scénario dramatique, qui aurait pu faire de cette journée un véritable deuil national. « Cependant, pour pouvoir ouvrir la première vanne murale, il faut un savoir-faire et une connaissance préalable du mécanisme spécifique de la vanne. La manipulation n'est pas simple, et ne peut être faite que par un connaisseur », assure-t-il, soulignant que ces inconnus ont dû plonger à une profondeur de deux mètres pour effectuer toute l'opération. Le responsable a, également, ajouté que les unités scientifiques se sont dépêchées sur les lieux du crime pour examiner la scène et relever les empreintes. Le maire a, également, assuré qu'une information judiciaire a été ouverte à ce sujet.
Toujours dans le même contexte, Noureddine Habachi a indiqué que les auteurs de cette opération sont inconnus à l'heure actuelle. Pour lui, il serait possible que des habitants du quartier près du canal soient derrière cette affaire. « Rien n'est encore confirmé, mais cette éventualité n'est pas à exclure. Ces habitants voudraient, probablement, obtenir des dédommagements à la suite de l'inondation des habitations », indique –t-il.
Pour certaines personnes, cette affaire serait liée au dossier de corruption, révélé au cours de la semaine dernière, où le premier juge d'instruction au tribunal de première instance de Jendouba avait émis un mandat de dépôt à l'encontre du directeur régional de l'équipement et du secrétaire général du gouvernorat pour suspicion de corruption. Cette décision s'inscrit dans le cadre de l'information judiciaire ouverte par le procureur de la République au tribunal de première instance à Jendouba à la suite des 11 plaintes déposées par le gouverneur de la région sur des suspicions de corruption autour d'un nombre d'entrepreneurs et de cadres de l'administration. Ces affaires concernent certains projets publics, en l'occurrence, les travaux d'infrastructure de base à l'hôpital régional de Jendouba et d'une bibliothèque publique à Oued Mliz, la gestion d'équipements et de moyens de transport relevant du conseil régional ainsi que de marchés publics. D'ailleurs, des mandats de dépôt avaient, également, été émis à l'encontre d'un fonctionnaire au conseil régional du gouvernorat, d'un ancien chef de département au conseil régional du gouvernorat et d'un homme d'affaires en relation avec le même dossier.
Or le porte-parole du Tribunal de première instance de Jendouba, Noureddine Habachi avait écarté l'éventualité d'un acte de sabotage et d'un règlement de compte, estimant qu'il n'y a aucun rapport entre les deux affaires, assurant que les enquêtes en cours révèleront la vérité autour de cet acte aussi grave que louche.
Indépendamment des motivations et des raisons ayant poussé ces inconnus à commettre ce crime, l'affaire demeure d'une extrême gravité, dans la mesure où les eaux auraient pu submerger toute la région si le plan avait été mis en exécution dans son intégralité. Cependant, il est tout à fait légitime de se poser des questions sur les systèmes de sécurité mis en place pour ces endroits stratégiques et délicats, d'autant plus que le maire de Bousalem avait indiqué qu'il n'y a aucune garde qui assure la protection des deux vannes murales, mis à part un système de maintenance périodique. C'est dire que la situation aurait pu virer à un drame national, malgré tous les efforts déployés par les autorités nationales et régionales pour préserver la sécurité des habitants durant la dernière vague de froid, les pluies torrentielles et les importantes quantités de neiges enregistrées dans la région du Nord-Ouest.
En tout état de cause, la justice a pris cette affaire en main. Une affaire de grande importance qui touche à la sûreté nationale, vu le nombre de vie qui était mises en danger. Notre système judiciaire a déjà prouvé qu'il est capable d'agir en toute urgence, même dans des affaires moins graves que celle-là, à l'instar des 56 personnes arrêtées à Sousse en train de jouer au Poker ou encore l'arrestation en un temps record de Borhène Bsaies. La tentative d'inonder tout un gouvernorat mériterait elle aussi une intervention et des enquêtes aussi efficace afin d'élucider ce crime qui aurait pu se transformer en une véritable catastrophe.