Coup d'envoi de la première édition du Festival international des montgolfières à Djerba    La Tunisie et le Japon renforcent leur partenariat pour un environnement durable    Grande opération de nettoyage des monuments historiques à Mahdia    Brouillard matinal et températures en légère hausse ce samedi en Tunisie    Transition énergétique : un impératif scientifique, économique et sociétal selon Sadok Guellouz    Angelina Jolie envisage la création d'un village de secours pour enfants à Gaza    Foot : l'entraîneur du CAB interdit de banc pour deux matches    « 13 round » de Mohamed-ali Nahdi au Festival Black Nights de Tallinn: À la conquête du grand Nord    Lab'ess organise "Lem7ata" pour renforcer les liens de confiance entre les associations tunisiennes et les citoyens    Tunisie–Chine : vers un partenariat économique à zéro droit de douane    Greenov'i lance son deuxième appel à manifestation d'Intérêt GreenAssist pour le diagnostic environnemental des entreprises    Tunisair mobilise 106 millions DT pour un programme de maintenance historique    AMEN BANK et le Ministère de la Santé : un partenariat durable au service des hôpitaux publics    Médenine abrite la 28ème édition de son Festival National du théâtre expérimental, session hommage à Anouar Chaafi    Météo : ciel dégagé et une légère hausse des températures    Santé : le Tunisien prend en charge plus de 40 % du coût des soins, selon une étude    Le déminage de la bande de Gaza nécessitera 30 ans    « Nous, peuples des Nations unies... »    Etudier en Europe : le Pacte pour la Méditerranée ouvre de nouvelles portes aux Tunisiens    Tozeur – Ong Jemel : Démarrage des travaux de restauration    Rafaâ Ben Achour - L'avis de la Cour internationale de Justice du 22 octobre 2025: Obligations d'Israël    Festival International du Cinéma de la Femme de Gaza : huit films tunisiens participent à la 1ère édition    Entre traditions et diplomatie : l'Ambassadeur britannique en Tunisie célèbre les liens entre deux cultures    S.E. Roderick Drummond ambassadeur du Royaume-Uni : La Tunisie est un pont entre tradition et modernité    Lancement du Club IA France-Tunisie : une dynamique nouvelle pour l'innovation bilatérale    Dans ce cas : tous les établissements publics et privés sont tenus d'appliquer l'augmentation des salaires    Danger : Tik Tok détruit votre cerveau    Ameur Bahri: Une allégorie singulière    La douane tunisienne empêche la fuite d'un trésor archéologique    Football-tirage au sort de la phase de groupes des compétitions africaines : la date annoncée    Arab Reading Challenge : les jumelles Bissane et Bilsane Kouka remportent le trophée de la 9e édition    Corée du Nord : un essai de missile suscite l'inquiétude à l'échelle internationale    Le film 13 Round de Mohamed Ali Nahdi sélectionné au Festival Black Nights de Tallinn 2025    Ligue 2 – 6e journée : L'US Tataouine sur du velours ?    Météo en Tunisie : nuages passagers sur la plupart des régions    Aziz Krichen, ce vendredi à Al Kitab; pour débattre de son nouveau livre «A contre-courant»    Quand le trottoir devient un tribunal : l'Allemagne se penche sur le catcalling    Gabès – crise environnementale : Kais Saïed promet de démanteler les réseaux de corruption (vidéo)    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    Météo en Tunisie : pluies légères, températures en légère baisse    L'Espérance de Tunis ouvre la vente des abonnements "Virage" à partir du 22 octobre    Un nouveau pont entre l'université et la jeunesse : l'IPSI signe avec l'Observatoire National de la Jeunesse    Wushu Kung Fu : la Tunisie décroche 7 médailles au championnat du monde en Chine    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    La Tunisie dévoile ses nouveaux maillots pour la Coupe arabe et la CAN 2025 !    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les soutiens s'organisent autour de l'énigmatique Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 19 - 09 - 2019

Arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, Kaïs Saïed, choisi par 18,4% des électeurs tunisiens, représente la claque magistrale que les Tunisiens ont infligée à l'ensemble de la classe politique et à ceux au pouvoir. Entré en toute discrétion sur la scène politique, sans aucun soutien partisan ou structure apparente, Kaïs Saïed bénéficie déjà d'une vaste vague d'appui non seulement populaire mais aussi de la part de politiques ayant vu en lui l'homme du changement.
Devançant le candidat du parti « Au cœur de la Tunisie » Nabil Karoui, d'environ 3 points, Kaïs Saïed a créé la surprise avec sa montée en force dans les récents sondages d'opinion. Ces intentions de vote viennent de se confirmer par les résultats préliminaires du scrutin présidentiel donnés par l'Isie, lui garantissant ainsi le passage au 2ème tour.

Juriste spécialiste en droit constitutionnel aux traits figés et adepte d'un arabe littéraire rigoureux et un peu raide ainsi que d'une diction atypique, Kaïs Saïed s'est présenté comme le candidat antisystème avec des positions conservatrices qui est devenu une énigme pour les observateurs et les analystes. Ces derniers ne l'ont pas vu venir, d'autant plus que les moyens financiers mobilisés autour de sa campagne étaient, pour le moins, faibles. Une campagne passée totalement sous les radars.
Ayant refusé d'innombrables apparitions télévisées ou radiophoniques, Kaïs Saïed a préféré sillonner le pays établissant un contact direct avec les citoyens sans grands meetings, sans buzz médiatique et même sans affiches sophistiquées, Kaïs Saïed est la preuve vivante que la réussite en politique est réalisable en l'absence d'une machine électorale. Mieux encore, il a laissé très loin derrière l'ensemble des politiciens chevronnés en dépit de leurs appareils et leurs moyens colossaux.
Il a également renoncé à son droit au financement public déclarant d'ailleurs qu'il avait collecté la caution de 3 mille dinars exigée par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) au sein de sa famille.

Kaïs Saïed est, cependant, connu auprès du public tunisien grâce à ses interventions en sa qualité de constitutionnaliste après la Révolution, acquérant une réputation de sérieux, de compétence et d'intégrité. Invité des plateaux pour décortiquer la Constitution de 2014 aussi bien que l'établissement des institutions de l'Etat, il n'a pas caché ses convictions qui s'opposaient à la centralisation.
Une conviction qui est restée inchangée dans la mesure où il estime que la transformation du pays émane d'une gouvernance renversant la pyramide du pouvoir et consolidant la volonté politique de la société. Kaïs Saïed est pour un changement radical et en profondeur du système de gouvernance actuel où il prône l'élection des représentants locaux dans des conseils locaux élaborant des projets de développement local.
Ces représentants locaux choisiront à leur tour un représentant pour siéger dans un conseil régional coordonnant les projets locaux et régionaux. Les conseils régionaux choisiront, par la suite, un représentant de chaque conseil local afin de former l'Assemblée nationale.
Ce projet de révision de la Constitution éliminera ainsi les élections législatives et le parlement sera composé de 265 députés au lieu des 217 actuels avec des élections sur listes ouvertes pour les Tunisiens résidant à l'étranger.
Il s'agit d'une véritable « transition révolutionnaire » qui va à l'encontre de toute la conception centralisatrice ayant constitué l'Etat tunisien et restructure totalement le paysage politique. Un chamboulement apprécié par certains qui ont fait front en sa faveur mais qui intimide, en même temps, ceux qui ne sont pas prêts à voir s'installer un changement aussi drastique.

Outre l'appui de plusieurs jeunes surtout ses étudiants et ceux qui l'ont côtoyé de près, Kaïs Saïed semble fasciner les conservateurs séduits par ses positions fermes vis-à-vis des questions inhérentes essentiellement aux libertés individuelles, réfutant l'égalité successorale, la dépénalisation de l'homosexualité ainsi que l'abolition de la peine de mort. Toutefois, Kaïs Saïed a rassuré les Tunisiens, dans son premier discours prononcé après son passage au 2ème tour de la présidentielle, qu'il n'y aura pas de place pour l'exclusion et qu'il veillera à protéger la dignité de tous les citoyens.
Il a pu, de surcroît, bénéficier du soutien d'une partie du réservoir électoral d'Ennahdha notamment celui qui s'oppose à la direction actuelle du parti islamiste et qui souhaite la rupture avec l'ancien système. Un soutien qui lui a valu le soupçon d'être le candidat caché d'Ennahdha voire son « oiseau rare ». Les sondages ont, d'ailleurs, précisé que 24,8% des électeurs ayant voté Ennahdha en 2014 ont voté Kaïs Saïed.

Même si le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi ne s'est pas encore prononcé clairement sur son soutien à Kaïs Saïed reléguant cette décision au Conseil de la Choura, les élus du parti islamiste, Ameur Laârayedh et Ajmi Lourimi ont, en effet, exprimé explicitement leur soutien à Kaïs Saïed. Ajmi Lourimi est même allé jusqu'à prétendre que si le choix du candidat d'Ennahdha était soumis au vote au sein du parti, Kaïs Saïed aurait occupé un rang avancé dans les intentions de vote.
Pour Mohamed Ben Salem, également député du parti islamiste, le soutien de Kaïs Saïed était inévitable vu qu'il « représente un moindre mal face à l'autre camp dont la corruption est avérée ». Bien qu'il soit « un anarchiste d'extrême gauche », il croit en la Révolution et il s'oppose aux « pourris et malhonnêtes » même ceux au sein d'Ennahdha.
L'ex-nahdhaoui et ancien chef du gouvernement, Hammadi Jebali, aussi candidat à la présidentielle, a pour sa part annoncé son appui à Kaïs Saïed, se mettant du « côté de la liberté et de la dignité ». Une position partagée par Mohamed Hechmi Hamdi et Seif Eddine Makhlouf qui a affirmé que la Coalition « Al Karama » assurera un soutien parlementaire à Kaïs Saïed.

Le président d'Al Harak et ancien président de la République, Moncef Marzouki a, par ailleurs, exprimé son soutien à Kaïs Saïed, en célébration des valeurs de la « Révolution et de la Constitution ». C'est également pour cette raison que le candidat Mohamed Lotfi Mraihi a appuyé Kaïs Saïed, soulignant qu'il était un homme « intègre, simple et ressemblait au peuple tunisien indépendamment de son projet ». Le candidat Safi Saïd a, de son côté, préconisé à Kaïs Saïed d'être « fort et persévérant » le mettant en garde contre les tentatives de « diffamation et de dénigrement des médias corrompus et vendus ».
Le mouvement du peuple (Echaâb), le Courant démocratique (Attayar), ainsi que le parti Al Joumhouri ont tous exhorté les citoyens à accorder leurs voix au candidat qui « changera la scène politique, atteindra les objectifs de la Révolution, appliquera la loi et imposera les réformes nécessaires pour sortir la Tunisie de la crise », selon le secrétaire général d'Al Joumhouri, Issam Chebbi.
Néanmoins, certains politiques qui ont ouvertement exprimé leur soutien à Kaïs Saïed semblent vraisemblablement ignorer ses positions conservatrices qui viennent à l'encontre de leurs convictions. Ceux qui l'appuient à présent, souhaitent-ils réellement la dissolution du Parlement ? Sont-ils pour la peine capitale ? S'opposent-ils à l'égalité dans l'héritage ?

Contrairement à ceux qui se félicitent de la rénovation du paysage politique, de l'élimination de l'actuel gouvernement sanctionné par les urnes, plusieurs voix se sont élevées mettant en doute le projet de Kaïs Saïed.
Avec quelles prérogatives Kaïs Saïed réussira-t-il à appliquer son plan d'éradiquer la corruption et l'évasion fiscale ? N'a-t-il pas besoin de disposer d'une majorité parlementaire et de coalitions stables puisque tout se joue au niveau des législatives ? Ce même parlement qu'il compte dissoudre envisageant, de plus, d'écarter tout le système qui lui a permis de passer au second tour et lui attribuera, éventuellement, la présidence de la République.

Certains vont même jusqu'à remettre en cause la légitimité de la réussite de Kaïs Saïed étant donné que le principe de l'équité des chances n'a pas été respecté concernant son adversaire et 2ème candidat à être passé au 2ème tour, Nabil Karoui, incarcéré et privé de sa propre campagne électorale. Un autre casse-tête qui rend le second tour de la présidentielle, encore plus imprévisible...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.