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Retrait d'objets historiques tunisiens d'une vente à Paris : un autre succès diplomatique
Publié dans Business News le 12 - 06 - 2020

Une robe de la célèbre chanteuse Dalida, l'argenterie du chef nazi Adolf Hitler, des chiens, des objets personnels d'un dignitaire beylical tunisien… les ventes aux enchères ne cessent de défrayer la chronique.
Tout comme la France et l'Allemagne, la Tunisie a eu droit à une polémique houleuse. Une vente aux enchères de pièces appartenant à la collection privée d'un citoyen tunisien et exposées à Paris a fait scandale auprès de l'opinion publique début juin et provoqué l'ire de l'Etat. L'ambassadeur de la Tunisie près de l'Unesco a, d'ailleurs, été dépêché pour empêcher la catastrophe. Un seul argument en poche : sauvegarder le patrimoine tunisien et restituer des pièces acheminées vers Paris pour être vendues au plus offrant.

L'affaire a éclaté quand l'un des plus célèbres hôtels des ventes à Paris, Couteau-Bégarie, a décidé de perpétrer une tradition vieille de vingt ans en annonçant une vente aux enchères de plusieurs collections « Noblesse & Royautés » sous le nom « Art de l'Islam – Orientalisme », pour le 11 juin 2020. C'est alors que le ministère des Affaires culturelles a saisi la représentation permanente de la Tunisie près de l'Unesco. Celle-ci a réussi à faire pression sur l'hôtel des ventes qui a fini par retirer les objets de la vente aux enchères.
Contacté par Business News, l'ambassadeur de la Tunisie près de l'Unesco, Ghazi Ghrairi, a précisé que la représentation tunisienne a saisi l'Unesco et le Conseil français des ventes volontaires – autorité de régulation du secteur des ventes aux enchères publiques – en vue de faire valoir la convention de 1970 sur la lutte contre le trafic illicite des biens culturels, en l'absence d'accords bilatéraux entre la France et la Tunisie à ce sujet.
« Nous nous sommes assurés, jeudi, que ces objets ont bien été retirés de la vente. Notre mission a donc été accomplie », a déclaré Ghazi Ghrairi, non sans fierté.
La réussite de cette mission diplomatique a, d'ailleurs, été applaudie par la communauté internationale.
Ghazi Ghrairi a rappelé, aussi, que la représentation tunisienne était intervenue sur d'autres opérations de ce type, notamment la vente des stèles carthaginoises en 2019.
Interpellé sur le devenir des pièces beylicales, il a indiqué que la mission de la représentation tunisienne à l'Unesco s'arrêtait au retrait de ces objets de la vente et qu'il revenait maintenant aux autorités compétentes de les restituer pour en faire l'expertise et apprécier leur valeur historique pour l'intérêt général.

L'Etat protège le patrimoine

Bien qu'appartenant à une collection privée, l'arrivée de ces pièces jusqu'à Paris, n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Le directeur de l'Institut national du patrimoine, Faouzi Mahfoudh, indigné, a été le premier à s'exprimer sur cette affaire. Il avait déclaré, début juin, à la presse française qu'une collection – programmée dans le cadre de cette vente – comprenait des objets tunisiens historiques sortis en mars quand le pays était en plein confinement et sans autorisation officielle, aucune.
Couteau-Bégarie a, notons-le, démenti le fait que les pièces soient arrivées en mars à Paris, dans un communiqué de presse placardé sur les portes de la salle des ventes et diffusé aussi sur son site web avant le retrait des objets en question de la vente aux enchères le 11 juin 2020. L'hôtel des ventes a clairement affirmé que cette vente était en cours d'organisation depuis le mois de novembre 2019 et les objets avaient été soumis à l'expertise début 2020.
La collection inclut des objets qui appartenaient à Habib Djellouli (1879-1957), un dignitaire de l'époque beylicale. Elle inclut des lots de manuscrits, des médailles, des tuniques et vêtements traditionnels tunisiens… admirablement conservés.
Si l'on se tient aux descriptions des objets tel que mentionnées dans le catalogue de la maison Couteau-Bégarie, on peut affirmer que ces objets tombent, effectivement, sous le coup de la loi régissant les exportations en Tunisie – si toutefois l'acheminement de ces objets vers Paris peut être qualifié d'une opération d'exportation – ainsi que les dispositions du Code du patrimoine. Exporter des collections qui représentent un intérêt historique exige, en effet, des formalités auprès de la douane au regard de la réglementation du Commerce extérieur.
Selon cette règlementation, ne peuvent être exportés sans formalités : « les tableaux, peintures et dessins faits entièrement à la main, gravures et estampes originales, statues, bustes, bas-reliefs et autres productions originales de l'art statuaire en toutes matières, collection zoologie, de botanique, de minéralogie et d'anatomie, collections de monnaies et de médailles ayant plus de cent ans d'âge, et autres collections ayant plus de cent ans d'âge et des objets pour collections présentant un intérêt historique, archéologique ou ethnographique ». Reste à définir l'intérêt historique des objets dont il est question et s'ils appartiennent à une collection privée ou non. Car même si la Constitution tunisienne stipule dans son article 41 : « Le droit de propriété est garanti, il ne peut y être porté atteinte que dans les cas et avec les garanties prévus par la loi. », elle dispose aussi dans son article 42 : « L'Etat protège le patrimoine culturel et en garantit le droit au profit des générations futures. ».
Le Code du patrimoine indique, lui aussi, dans son article premier : « Est considéré patrimoine archéologique, historique ou traditionnel tout vestige légué par les civilisations ou les générations antérieures, découvert ou recherché, en terre ou en mer qu'il soit meuble, immeuble, document ou manuscrit ou autre en rapport avec les arts, les Sciences, les croyances, les traditions, la vie quotidienne, les événements publics ou autres datant des époques préhistoriques ou historiques et dont la valeur nationale ou universelle est prouvée.
Le patrimoine archéologique, historique ou traditionnel fait partie du domaine public de l'Etat à l'exception de celui dont la propriété privée a été légalement établie ».

La sauvegarde du patrimoine c'est aussi des initiatives personnelles

Deux jours avant le retrait de ladite collection de la vente aux enchères à Paris, Business News a été contacté par un marchand d'art tunisien résident à Paris, Fathi Labib. Celui-ci, ayant pris part à la vente en présentant des offres d'achat – dont l'authenticité a pu être vérifiée par Business News – a exprimé une grande déception à l'annonce du retrait des objets beylicaux.
« C'est bien dommage de voir les initiatives personnelles tomber à l'eau », a-t-il déclaré. « Le privé à aussi un rôle à jouer dans la sauvegarde du patrimoine tunisien. J'avais même prévu d'acquérir 70% de cette collection pour ensuite les restituer à la Tunisie en les exposant dans un musée personnel à Nabeul surtout que le dignataire en question fût caïd-gouverneur de Nabeul entre 1925 et 1933 ».
Interrogé sur la valeur de ces objets, Fathi Ladhib a expliqué qu'ils avaient été estimés à 40.000 euros et auraient pu être vendus aux enchères pour une somme totale avoisinant les 100.000 euros.

Le jeudi 11 juin le ministère des Affaires culturelles s'est félicité de voir que les efforts de la représentation permanente tunisienne près de l'Unesco s'étaient avérés concluants. Il a annoncé dans un communiqué que sur les 114 pièces exposées, 105 avaient été retirées de la vente.
La ministre des Affaires culturelles, Chiraz Laâtiri, n'a pas manqué d'applaudir la réaction positive de la famille propriétaires des objets. Celle-ci a, d'ailleurs, exprimé sa disposition à déclarer toutes les pièces en sa possession, de faire un inventaire et de les rendre en Tunisie dans les plus brefs délais.


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