Tunisiens et Français sont plus que jamais déterminés à préserver leur partenariat win-win (gagnant-gagnant) et à aller de l'avant sur la voie de la complémentarité et de partage des connaissances et des compétences. Dans cette optique, ils ont opté pour l'investissement dans l'innovation et la productivité, perçues par les deux parties, comme une réponse idoine pour sortir de la crise. Réunis dans le cadre du forum économique tuniso-français organisé, vendredi, à Tunis, en marge de la visite du premier ministre français François Fillon, par les deux centrales patronales (UTICA-MEDEF), responsables et hommes d'affaires des deux pays ont indiqué que l'excellence des relations bilatérales ne relèvent pas d' «une situation innée » mais plutôt de performances et d'échanges fructueux à sauvegarder et à renforcer. Pour mémoire, la France maintient son rôle de premier partenaire commercial (échanges de 7 milliards d'euros en 2008), premier fournisseur d'aide publique (120 millions d'euros par an), premier émetteur de touristes (1,2 millions de touristes Français en 2008), premier employeur de main d'œuvre tunisienne à l'étranger, premier investisseur en termes de nombre d'entreprises implantées en Tunisie (1207 entreprises employant 108 000 personnes) et premier en termes de projets crées (une entreprise française se crée tous les 5 jours en Tunisie). Intervenant M.Ridha Touiti, ministre du Commerce et de l'artisanat a traité de l'attractivité du site-Tunisie (stabilité politique, libre accès au marché européen, liberté d'investir, procédures administratives simplifiées, appui institutionnel efficace, qualification des ressources humaines..) et des créneaux de partenariat qui peuvent être exploités par les investisseurs français Au nombre de ceux-ci le ministre a évoqué les activités et services rattachés aux Technologies de l'information et de la communication(TIC) et à l'off shoring. Ces activités répondent parfaitement, a-t-il dit, à la structure du marché de l'emploi constitué en grande partie de diplômés du supérieur. Autres secteurs en nette évolution et à forte valeur ajoutée, l'industrie pharmaceutique (Tunisie future plate forme régionale de cette industrie), les services de support à l'industrie des composants automobile, aéronautique, ferroviaire et textile (migration vers le textile technique), les industries mécaniques électriques et électroniques (IMEE) l'agroalimentaire, les énergies renouvelables et l'outsourcing. Traitant du même thème, M.Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'énergie et des PME a déclaré que la montée en gamme des avantages comparatifs de la Tunisie constitue un gage pour la prospérité de l'industrie tunisienne et pour les partenaires qui voudront s'y associer, rappelant que la Tunisie ambitionne, d'ici 2016, de doubler ses exportations et de créer 100 000 emplois industriels. Le ministre a soutenu que le partenariat tuniso-français constitue un «remède anti-crise» et ajouté que contrairement aux idées reçues sur les délocalisations (perte d'emplois), lorsqu'une entreprise française s'implante en Tunisie, elle pérennise l'emploi en France, ce qui n'est pas dans les délocalisations lointaines et totales. Les implantations européennes en Tunisie, peuvent être qualifiées, a-t-il dit, d' « implantation de proximité et de complémentarité ». A titre indicatif, M.Chelbi a évoqué le cas de la société française, de confection«C2S». En 2000, cette société avait 140 emplois en France dans un bassin qui perdait sa vocation textile. En s'implantant en Tunisie, C2S a échappé au sort des ses nombreuses consœurs qui ont fermé et a préservé ses emplois en France et crée 200 emplois en Tunisie. Le ministre a plaidé également pour la poursuite de la politique de contre partie industrielle, voire de la compensation industrielle, laquelle, a-t-il noté, a fait ses preuves dans l'automobile et l'aéronautique. M.Luc Chatel, secrétaire d'état français à l'industrie et à la consommation s'est prononcé également pour l'éradication des clichés ressassés par les français à propos des implantations dans le sud de la méditerranée, longtemps perçu à tort en tant qu' «asile pour les entreprises françaises ». Il a fait remarquer que la méditerranée constitue de nos jours un réservoir de croissance pour la zone euro-med et pour l'émergence d'une nouvelle compétitivité de l'offre industrielle régionale, et ce, par rapport à celle des autres groupements régionaux. Il a formé l'espoir de voir les contacts d'affaires entre les promoteurs tunisiens et français jouer le rôle d'accélérateur sur la voie d'une solution rapide pour contenir les effets de la crise. Au delà de ces déclarations de responsables politiques, le forum a été marqué par des témoignages d'entreprises mixtes « heureuses » implantées en Tunisie et de modèles de partenariat public-privé réussis entre la Tunisie et la France. L'ensemble des intervenants ont été unanimes pour souligner l'évolution crescendo des avantages comparatifs du site Tunisie, les perspectives d'investissement français en Tunisie et l'ambition légitime du site, de jouer le rôle de Hub régional et de tête de pont pour conquérir les marchés de proximité.