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Interview accordée par Madame Leila Ben Ali Première Dame de Tunisie au Groupe de Presse Arabies
Publié dans Info Tunisie le 23 - 10 - 2009

Question 1 : Que représente pour vous la présidence tunisienne de l'Organisation de la femme arabe ?
Réponse :
La présidence de l'Organisation de la femme arabe par la Tunisie est d'abord l'expression de la considération des pays arabes envers la Tunisie en tant que pays pionnier en matière de promotion de la condition de la femme et de renforcement du système de ses droits. Elle est aussi un témoignage de reconnaissance pour sa contribution à l'enracinement de l'œuvre de modernisation et de progrès. Elle reflète, en même temps, la confiance en l'aptitude de la Tunisie à promouvoir la coopération en matière d'élévation du statut et de la position de la femme arabe. Cette confiance repose sur l'attachement de la Tunisie à contribuer activement à la promotion du statut de la femme dans les sociétés arabes, au renforcement de sa présence et de son rôle et à l'accroissement de ses possibilités et de ses capacités, que ce soit au sein de l'Organisation de la femme arabe ou à travers les organisations régionales et internationales.
Soutenant en permanence l'action arabe commune et l'effort visant à la doter de mécanismes efficaces, notre pays a participé aux différentes étapes de la fondation de cette organisation. Il a été au premier rang des premiers pays arabes qui ont signé et ratifié la convention relative à la création de cette organisation. Il a présenté de nombreuses propositions et approches concernant ses programmes d'action et ses objectifs.
La Tunisie a également contribué à la mise en place des mécanismes propres à accroître les capacités de l'organisation au service des causes de la femme arabe et à lui conférer l'efficacité et la détermination indispensables, en consolidation de la solidarité entre les femmes arabes en tant qu'un des principaux facteurs de la solidarité arabe, en général.
Tout en exprimant, en mon nom propre et en celui de l'ensemble des Tunisiennes et des Tunisiens, notre gratitude et nos remerciements à toutes nos sœurs arabes, qui – dans un contexte historique où les Arabes ont le plus besoin de renforcer l'œuvre de modernisation et de réforme à laquelle ils avaient souscrit volontairement en vue d'améliorer la situation de nos pays en réhabilitant le rôle de la femme – ont confié à la Tunisie la responsabilité de la présidence de l'Organisation de la femme arabe, je peux leur dire que leur marque de confiance envers la Tunisie est plus une charge qu'un honneur, une confiance qui fait qu'il nous incombe de redoubler d'efforts afin que nous puissions gagner ensemble l'enjeu de la promotion de la condition de la femme et de la famille arabes et aussi de gagner les paris de la réforme et de la modernisation.
Nous avons grand espoir que la présidence tunisienne de l'Organisation de la femme arabe sera une occasion renouvelée de consolider les passerelles de l'action arabe commune, de stimuler les mécanismes de la coopération et du partenariat entre les pays arabes et d'en élargir les domaines, d'intensifier l'échange d'expériences et d'accroître les possibilités d'en tirer profit.
C'est aussi, pour la Tunisie, une occasion renouvelée de fournir l'apport escompté grâce à des initiatives et des représentations prospectives inspirées de son expérience réussie en matière de promotion de la condition de la femme, afin de conforter son statut dans le monde arabe et de renforcer sa présence active dans les divers domaines.
Question 2 : Quels sont les objectifs que vous voudriez réaliser durant votre mandat à la tête de l'organisation et quels sont les domaines sur lesquels vous comptez vous focaliser ?
Réponse :
J'estime d'abord qu'il est de mon devoir d'exprimer mes remerciements et ma haute estime à Leurs Majestés et à Leurs Altesses qui ont assuré, avec compétence, la présidence de l'organisation depuis sa création, contribué à en jeter les bases et consenti un effort appréciable pour en concrétiser les objectifs.
Nous nous emploierons à poursuivre l'œuvre réussie dont l'Organisation de la femme arabe avait commencé à définir les contours et à réaliser les objectifs afin que la femme arabe ait un statut équivalent à celui de l'homme dans la vie publique, sur le terrain du choix des politiques et en matière de concrétisation des aspirations des sociétés arabes à davantage de progrès et de développement. Nous déploierons tous les efforts pour contribuer activement à la réalisation de cet ambitieux dessein.
Si l'établissement des programmes de la Tunisie pour son mandat à la tête de l'organisation (2009-2011) relève de la réunion du Conseil supérieur de l'organisation, prévue en juin prochain, je peux affirmer que nous ferons en sorte que, durant ce mandat, Tunis sera la capitale par excellence de la femme arabe. Nous nous appuierons, en cela, sur nos constantes tunisiennes dont, en premier lieu, l'attachement aux valeurs de solidarité, de dialogue, de tolérance, d'ouverture, de modernité et d'engagement en faveur des droits de la femme en tant que partie prenante de l'œuvre de développement et de modernisation de nos sociétés.
Nous nous efforcerons, naturellement, de finaliser les projets en cours. Nous n'en mettrons pas moins en œuvre d'autres stratégies et programmes propres à répondre aux aspirations de la femme arabe. L'accent sera mis en particulier sur des activités à dimensions et contenus innovants qui accordent aux domaines économique, social, éducatif, culturel, médiatique et sportif toute l'importance qu'ils méritent. Tout cela aura un effet positif sur la condition des femmes arabes et concourra à accroître leurs aptitudes dans les divers domaines.
Nous œuvrerons à mettre en place encore plus de mécanismes destinés à donner à la femme arabe plus d'opportunités de participation au développement et à ouvrir des perspectives plus larges devant elle.
L'une des tâches de l'organisation étant de corriger l'image de la femme arabe, nous concentrerons nos efforts sur la mise en œuvre d'un plan d'action destiné à favoriser l'ouverture de l'organisation sur son environnement extérieur et à accroître sa réactivité positive aux expériences réussies, de manière à ce que l'organisation puisse bien remplir son rôle en la matière.
Nous ferons en sorte que la période de la présidence tunisienne soit marquée par de nouvelles avancées propres à renforcer la présence de l'organisation en tant qu'un des vecteurs de l'action arabe commune et en tant qu'espace idéal pour le renforcement de la solidarité des femmes arabes et la dynamisation de leur rôle, de manière à raffermir le statut de la femme arabe dans tous les domaines.
Question 3 : Comment Madame Leïla Ben Ali évalue-t-elle l'évolution réalisée par la femme tunisienne ?
Réponse :
Le chemin parcouru par la femme tunisienne sur la voie du progrès, de l'émancipation et de la modernisation se caractérise par la continuité, l'amélioration permanente et l'aspiration au meilleur.
Certes, le Code du statut personnel, promulgué en 1956 du temps du leader disparu Habib Bourguiba, fut la pierre angulaire de la promotion de la condition de la femme tunisienne dans tous les domaines et un des symboles forts du pari engagé par la Tunisie sur la femme et sur la promotion de ses droits afin d'en faire l'égale de l'homme dans la législation et la pratique. Cette avancée n'en a pas moins connu une mutation qualitative depuis le Changement du 7 novembre 1987, à la faveur des réformes introduites par le Président Zine El Abidine Ben Ali et des initiatives profondes et globales qu'il a prises. Ces réformes et ces initiatives ont donné lieu à la mise en place d'un système cohérent de législations et de textes relatifs à la famille, à l'enfance et aux droits de l'homme. Cette œuvre est consolidée par bien d'autres dispositions et des programmes qui donnent à la femme tunisienne une longueur d'avance sur ses homologues de son environnement régional et international. Il en a résulté que le Code du statut personnel est le plus important recueil arabe du genre, de par sa vision pionnière et sa dimension exhaustive.
Par la volonté du Président Ben Ali, le processus du Changement a fait des droits de la femme et de l'enrichissement de ses acquis une dimension essentielle des droits de l'Homme. Cette volonté repose sur la conviction que le partenariat entre la femme et l'homme dans la gestion des affaires du foyer et de la société représente la voie du progrès et que, dans la lutte pour gagner les enjeux de l'avenir, la femme doit épauler l'homme et qu'ils doivent se soutenir mutuellement.
Cette vision de civilisation trouve sa concrétisation dans un ensemble de politiques économiques, sociales et culturelles qui consacrent une réalité encore plus en avance, laquelle a permis d'ouvrir des perspectives plus larges devant la femme tunisienne dans tous les domaines.
Cette même vision a consacré le principe de l'égalité entre la femme et l'homme et enraciné le concept de partenariat dans tous les aspects de la vie.
Ces réformes ont consolidé les acquis de la famille tunisienne et conforté la position de la femme en tant que partenaire active dans la société et sa présence dans la vie publique.
Ayant déjà investi tous les domaines du travail, de la production et de l'investissement et acquis suffisamment d'aptitudes et de savoir-faire qui lui valent d'avoir accès aux fonctions les plus élevées dans la société tunisienne, la femme tunisienne a dépassé, aujourd'hui, le stade de la défense de ses droits pour s'employer à promouvoir ses acquis et son statut en tant que partenaire à part entière dans la marche du pays.
La femme tunisienne représente aujourd'hui 30 % de la population active. Le pays compte plus de dix mille femmes d'affaires. La femme est désormais présente même dans les secteurs d'activité qui étaient auparavant réservés exclusivement aux hommes comme le corps de la magistrature où les femmes représentent le taux de 33 %, le barreau où elles représentent 31 % et le corps des enseignants universitaires dont elles constituent le tiers, sans oublier que 23 % des hautes fonctions administratives sont occupées par des femmes.
L'un des indicateurs les plus significatifs en la matière serait celui qui concerne l'élargissement du champ de la participation des Tunisiennes à la vie publique et leur présence de plus en plus importante aux postes de décision et de responsabilité, de même que leur participation à la définition des grands choix nationaux et de développement et à la concrétisation du projet de société du Changement du 7 novembre 1987.
La femme tunisienne est désormais bien présente aux divers postes de décision et de responsabilité. Son taux de présence est de 23 % au Parlement et de près de 28 % aux conseils municipaux. Elle représente aussi 20 % du corps diplomatique. Cela, sans compter sa participation active à la vie publique comme l'illustre si bien la forte progression du nombre d'associations féminines, qui sont plus de trente actuellement.
L'augmentation du taux de participation de la femme à la vie publique est l'expression de la conviction de la Tunisie que l'impulsion et l'activation du rôle de la femme constituent un facteur de progrès de la société et d'élargissement du champ de la participation et de l'édification démocratique, cette édification à propos de laquelle le Président Ben Ali n'a de cesse d'affirmer qu'elle ne saurait être parachevée sans la participation active de la femme.
On peut sans peine acquérir la certitude que l'avenir de la femme en Tunisie sera prometteur et radieux dès que nous considérons que les domaines de l'éducation, de l'enseignement et de la formation ont été ouverts devant la femme – puisque les étudiantes de l'enseignement supérieur représentent près de 60 % de l'effectif estudiantin et 60 % des diplômés des différentes filières de l'enseignement supérieur et que, en outre, le taux de scolarisation des filles en âge d'aller à l'école est supérieur à 99 %.
La femme tunisienne est pleinement consciente de l'importance de sa fonction au sein de la famille en tant que partenaire, mère et éducatrice. Elle est consciente de l'importance du rôle qu'elle joue dans la préservation de la cohésion, de l'équilibre et de la stabilité de la société tant elle contribue efficacement à façonner l'avenir de la Tunisie et à réunir les conditions devant permettre de gagner les enjeux que recèle cet avenir.
Question 4 : Comment la femme arabe pourrait-elle tirer profit de cette expérience avant-gardiste ?
Réponse :
Je fais d'abord remarquer que le processus d'émancipation de la femme arabe et de promotion de sa condition commande de prendre en compte la réalité sociale, les spécificités culturelles et le niveau de développement atteint par tel ou tel pays arabe frère.
Je dis clairement et franchement que nous trouvons qu'en Tunisie le Code du statut personnel constitue une expérience avant-gardiste dont le temps a démontré qu'elle est le fruit d'une vision lucide et pénétrante. Autant nous, Tunisiens, refusons de recevoir de leçons de qui que ce soit, autant nous nous gardons bien d'en donner aux autres, comme nous ne cherchons nullement à imposer nos expériences ou nos visions.
Aussi, revient-il aux frères arabes, de définir, s'ils le souhaitent, la manière dont ils pourraient tirer profit de l'expérience tunisienne en matière de promotion de la condition de la femme dans les sociétés arabes, conformément aux spécificités de ces sociétés.
L'approche tunisienne en matière de promotion de la femme et d'amélioration de sa condition est désormais bien connue de tous, qu'il s'agisse de ses objectifs, de son contenu, de ses programmes ou des mécanismes et des stratégies prévus pour sa mise en œuvre. C'est une approche qui a été conçue avec des termes tunisiens, arabo-islamiques et sur un fondement culturel qui puise aux sources l'Ijtihad, des principes éclairés et de la modernité, en ce sens qu'il s'agit d'une expérience marquée du sceau de l'identité tunisienne et qui s'inscrit au cœur des exigences de notre temps.
Ce que je peux dire c'est que la Tunisie accorde un grand intérêt à la coopération et au renforcement des liens avec les pays frères ; qu'elle n'hésite jamais à soutenir tout ce qui pourrait renforcer les liens de fraternité et de solidarité entre les pays arabes et qu'elle s'emploie avec constance à favoriser l'échange d'expériences, que ce soit en matière de promotion de la femme et de la famille ou dans d'autres domaines.
De par son attachement à son appartenance arabo-islamique et sa qualité de membre actif de tous les organismes et institutions de l'action arabe commune, la Tunisie met toutes ses compétences, toute son expérience et tout son savoir-faire à la disposition de toutes les sœurs et de tous les frères qui le demandent.
Question 5 : Quelle est la voie pour une participation plus active de la société civile à la promotion de la condition de la femme arabe et au renforcement de son rôle dans l'œuvre de développement dans le monde arabe ?
Réponse :
Le tissu associatif est un des piliers de la société civile. Les sociétés en ont grandement besoin tant il incarne la coopération, la solidarité et le bénévolat dans les divers domaines et secteurs, qu'ils soient économiques, sociaux ou culturels. Il fait de surcroît partie intégrante des facteurs de développement, de progrès et de modernisation et représente un des mécanismes de renforcement de l'harmonie entre l'individu et la collectivité.
S'il est aujourd'hui souhaitable de consacrer le concept de partenariat entre les institutions de l'Etat et les associations, il est, a fortiori, impératif de croire à la nécessité de promouvoir l'entraide, la solidarité et la coopération entre l'ensemble des composantes de la société civile.
Sur cette base nous avons la ferme conviction que la société civile, toutes composantes confondues, a un rôle essentiel à jouer en matière de promotion de la condition de la femme et de la famille et d'instauration autour de la femme d'un environnement social salubre afin qu'elle puisse assumer pleinement sa fonction en matière de gestion des affaires de la famille et de participation à l'œuvre de développement et de modernisation dans les pays arabes.
Il est, sans aucun doute, souhaitable de dynamiser le partenariat et les cadres de coopération entre l'Organisation de la femme arabe, les unions féminines et les associations nationales en vue de promouvoir la condition de la femme, d'approfondir la conscience des gens quant à sa cause et de développer des visions culturelles, médiatiques et sociales pour favoriser un apport accru de la femme à la réalisation du développement intégral.
Je suis persuadée qu'en dépit des efforts appréciables fournis, toutes ces structures, associations et institutions ont encore beaucoup à faire. En effet, elles ont à mobiliser davantage les forces favorables à l'émancipation dont regorge le patrimoine civilisationnel, intellectuel et réformiste du monde arabe, que ce soit pour consolider les acquis de la femme arabe ou de garantir sa capacité de faire front à certaines survivances du passé encore présentes dans nos sociétés concernant la femme, son image et son rôle au sein de la famille et dans la société.
La femme arabe ayant à prouver son aptitude à remplir les rôles les plus délicats dans les divers domaines du travail et de la production, la société civile se doit de l'aider à s'armer de savoir et de savoir-faire, lesquels demeurent les moyens les plus efficaces d'éliminer les obstacles qui gênent son parcours et l'empêchent de jouer son rôle dans l'œuvre de développement avec efficacité et compétence.
La période de la présidence tunisienne de l'Organisation de la femme arabe sera une bonne opportunité pour souligner l'engagement ferme de la société civile à défendre la cause de la femme. Nous veillerons à l'instauration d'un réel partenariat avec un grand nombre d'organisations non gouvernementales œuvrant dans le domaine de la promotion de la femme afin de conférer davantage d'efficacité et de vitalité à l'action de l'organisation.
Question 6 : Que pensez-vous de l'impact du système de quotas sur le développement de la participation politique de la femme arabe ?
Réponse :
Le système de quotas ou ce qu'il est convenu d'appeler parfois « la discrimination positive » alimente la controverse dans la plupart des pays du monde, qu'ils soient développés ou en développement, même si l'objectif en est, comme on le sait, l'amélioration du taux de participation de la femme à la vie publique et au processus décisionnel.
De nombreux rapports font état de l'élargissement du champ de recours au système de quotas dans le monde. Plus de quatre-vingts Etats appliquent ce système comme formule transitoire permettant de surmonter les séquelles et les inconvénients du legs social, lesquels empêchent la réalisation d'une égalité effective des genres et la promotion de la femme dans les domaines politique, économique et culturel.
Ceux qui émettent des réserves concernant le système de quotas y voient un moyen d'offrir à la femme des opportunités au détriment de l'homme et lui reprochent de ne pas s'appuyer sur le principe de compétence pour l'attribution de fonctions à la femme. Les tenants de cette thèse vont jusqu'à estimer que ce système va à l'encontre du principe d'égalité et qu'il constitue une démarche non démocratique dans la mesure où, soutiennent-ils, il confère à la femme une position sur la base du genre et non de la compétence et qu'il porte ainsi atteinte au principe d'égalité des chances.
Si la position des adversaires du système de quotas peut être justifiée – partiellement d'ailleurs et non totalement – dans les société avancées, elle ne peut nullement l'être dans nos sociétés arabes, où la femme, du fait de certains obstacles et d'entraves d'ordre social et juridique, ne se trouve pas encore engagée pleinement dans la vie publique. L'application d'un tel principe serait, au contraire, de nature à consacrer des expériences positives en matière de participation de la femme dans maints domaines comme la vie parlementaire, municipale ou politique, en général, à renforcer sa présence dans ces domaines et à habituer l'opinion publique à la présence de la femme dans le paysage politique et aux divers postes de décision. Cela créerait une dynamique sociale propre à infléchir l'attitude de certains pans de la société encore réfractaires à l'idée que la femme assume des responsabilités, compte tenu de traditions désuètes selon lesquelles la femme doit se contenter de rôles secondaires, ce qui la prive de vivre des expériences importantes propres à accroître ses aptitudes, à affiner ses talents et à conforter sa compétence, bien que la femme ait atteint, dans certains pays arabes, un haut niveau d'instruction.
La participation politique de la femme reste un besoin dicté par les impératifs du développement intégral auquel aspirent nos sociétés. Ce développement ne se réalisera pas tant que la femme n'y est pas partie prenante, qu'il n'y a pas d'égalité effective en droits et en devoirs entre l'homme et la femme et qu'il n'y a pas une répartition adéquate des rôles entre eux au sein de la famille et dans la société.
Nous croyons que le système de quotas constitue l'un des facteurs – et non l'unique facteur – devant contribuer à permettre à la femme arabe d'assumer ses responsabilités dans le renforcement du processus de progrès dans son pays.
Sur cette base, nous avons mis en pratique , en Tunisie, le principe de quotas, comme première étape, ce qui nous permettra de réaliser l'objectif fixé par le Président Zine El Abidine Ben Ali dans son programme Pour la Tunisie de demain, à savoir la présence de la femme, dans une proportion de 30% au moins, aux postes de décision et de responsabilité, d'ici fin 2009.
Nous pensons d'ailleurs que, dans un avenir proche, nous n'aurons plus besoin, en Tunisie, d'avoir recours au principe de quotas, car la femme tunisienne a prouvé sa grande compétence à tous les postes où elle a été appelée à servir et à remplir des responsabilités.
Il reste à signaler que le recours au système de quotas ne dispense pas la femme de l'obligation de continuer à militer pour la réaffirmation de soi et l'acquisition des aptitudes propres à lui permettre d'assumer les responsabilités. C'est ce qui lui commande d'apprendre davantage, de s'investir dans la vie politique et la gestion la chose publique et de se doter de tous les attributs de la citoyenneté. L'Etat et la société doivent, de leur côté, s'employer à éliminer toutes les manifestations de discrimination contre la femme et mettre en place les législations à même d'en faire une citoyenne à part entière. Tout cela gagnerait à s'appuyer sur un projet de société fondé sur une culture nouvelle qui bannirait toutes les formes d'exclusion et de marginalisation, renforcerait l'insertion de la femme dans la société, rehausserait son statut et accroîtrait son apport non seulement sur le terrain politique mais aussi dans l'œuvre de développement intégral auquel aspirent nos pays arabes.
Question 7 :
Que pouvez-vous dire du rôle de l'Organisation de la femme arabe en matière de renforcement de la prise en charge des catégories de femmes ayant des besoins spécifiques, et ce à la lumière du rôle avant-gardiste que vous jouez dans ce domaine en Tunisie ?
Réponse :
Notre vision de la femme ayant des besoins spécifiques ne procède pas du fait qu'elle constitue une catégorie sociale à part, mais de notre conviction profonde qu'elle fait partie intégrante de la société. Ses ambitions et ses attentes ne diffèrent en rien de celles des femmes en général. L'attention qui lui est témoignée est la même que celle accordée aux autres femmes dans la société.
Cependant, la femme ayant des besoins spécifiques mérite plus que d'autres qu'on s'occupe d'elle, qu'on renforce sa confiance en ses moyens et qu'on encourage sa participation au service de sa société.
Nous comprenons la spécificité de ces besoins en ce sens que l'intérêt qui lui est accordé doit être redoublé compte tenu de la multiplicité et de la diversité de ses besoins, ce qui nécessite la mise en place de programmes d'encadrement qui soient également multiples et diversifiés, dont une partie prend en charge le volet fonctionnel, le volet psychique et le volet social. La priorité absolue consistera néanmoins à agir, en s'efforçant de promouvoir ses aptitudes et d'en tirer profit, en faveur de son insertion dans la société et dans la vie économique. Ce faisant, nous éliminons l'une des dimensions de l'exclusion dont pâtit la femme en général et la femme ayant des besoins spécifiques en particulier.
Ce rôle est dévolu aux diverses institutions de la société, en premier lieu aux associations féminines en charge des affaires de la femme, dont l'Organisation de la femme arabe.
L'un des objectifs de notre mandat à la tête de l'organisation sera d'aboutir à la mise en place d'une stratégie commune destinée à intégrer la femme ayant des besoins spécifiques dans les programmes de promotion de la femme dans les divers domaines et à définir clairement des programmes ciblant les femmes ayant des besoins spécifiques.
Cette stratégie s'attachera à concrétiser les programmes d'insertion sociale en termes de soutien, de prévention, de sensibilisation, de protection et d'assistance.
Nous accorderons, de même, un grand intérêt à la question de l'insertion économique de la femme ayant des besoins spécifiques. Nous rechercherons la réalisation de cet objectif à travers l'amélioration de son employabilité et l'accroissement de ses aptitudes, de manière à faire bouger sa réalité sociale, économique et humaine, à réaffirmer son droit à mener normalement sa vie et à lui donner l'opportunité d'une participation positive dans la société.
La Tunisie aura l'occasion de faire connaître son expérience en matière d'encadrement, de prise en charge et de législation au profit de toutes les catégories ayant des besoins spécifiques, sachant que ce concept a évolué en Tunisie en ce qui concerne la femme et qu'il va au-delà du handicap fonctionnel pour s'étendre à la protection des adolescentes, de la femme rurale, de la femme émigrée, de la femme ayant la garde de son enfant et de la détenue enceinte ou allaitant. Tous ces cas s'inscrivent sous la rubrique de la femme ayant des besoins spécifiques dont les lois tunisiennes garantissent aujourd'hui les droits et les attributs d'une vie digne.
Question 8 : La situation dramatique du peuple palestinien, en général, et celle de la femme palestinienne, en particulier, ne vous échappe pas. Que peut faire l'Organisation de la femme arabe pour soutenir la femme palestinienne ?
Réponse :
Autant les agressions et les violations flagrantes des droits de l'homme que subit le peuple palestinien et le martyre des victimes innocentes parmi ses vieillards, ses enfants et ses femmes, qui tombent sous le tir des armes les plus redoutables, suscitent nos sentiments de réprobation et de colère, autant ils nous commandent de prendre des dispositions pour assurer la protection du peuple palestinien et lui donner les moyens de sauvegarder ses institutions éducatives et culturelles et de préserver son patrimoine civilisationnel et historique que l'occupant s'emploie à dénaturer par tous les moyens.
Je saisis cette occasion pour réitérer les sentiments de considération à la vaillante femme palestinienne pour sa résistance et sa lutte historique et héroïque pour la protection de son identité et la défense de son territoire, malgré la dureté des circonstances qui l'entourent et la sauvagerie de l'agression.
Il ne fait pas de doute que l'Organisation de la femme arabe fut, depuis sa création, et demeurera, un soutien irréductible à la cause palestinienne, en général, et à la femme, l'enfant et la famille palestiniens, en particulier. La cause palestinienne restera au cœur de l'action de l'organisation et figurera en permanence à son ordre du jour et dans ses programmes d'action durant toute la durée de notre mandat à la tête de cette organisation.
Nous nous emploierons, dans ce contexte, à mettre en pratique ce que nous avions proposé et ce à quoi nous avions appelé, à savoir la mise en place d'une instance arabe en charge de tout ce qui pourrait contribuer à protéger la femme palestinienne et les enfants palestiniens, à soutenir leur résistance dans les territoires occupés, à faire connaître, au plan international et auprès des organisations des droits de l'Homme, leur juste cause et à défendre leur droit à la liberté et à l'autodétermination.
Les drames et les épreuves endurés par le peuple palestinien confirment l'impérative nécessité de la solidarité et de l'action commune, selon une méthodologie pratique et opérationnelle. Nous ferons en sorte que l'Organisation de la femme arabe en soit pleinement partie prenante pour la réaffirmation du droit de l'homme palestinien à la pérennité, au développement et à une vie libre et digne.


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