« Conditions et vecteurs du dialogue des civilisations et de la diversité culturelle » Les travaux de la conférence internationale sur le dialogue des civilisations et la diversité culturelle, organisée du 2 au 4 juin à Kairouan, se sont poursuivis mercredi après-midi, lors du deuxième pannel sur le thème « Les conditions et vecteurs du dialogue des civilisations et de la diversité culturelle ». Présidée par M. Bernard Cerquiglini, recteur de l'agence universitaire de la francophonie, la séance a été modérée par M. Slaheddine Maaoui, directeur général de l'Union des radios des Etats Arabes (ASBU). M. Cerquiglini a indiqué que le dialogue des civilisations, nécessite le rejet de l'exclusion, le respect de l'Etat de droit et la mise en place de relations internationales fondées sur le développement commun et durable. Il a, en outre, mis en exergue l'importance de l'éducation, du développement des différentes expressions artistiques ainsi que le rôle des médias dans l'enrichissement de la diversité culturelle. Prenant la parole, M. Chedli Klibi, ancien Secrétaire Général de la ligue de Etats arabes, a pour sa part, souligné la nécessité de bien définir les concepts sur lesquels se base la politique internationale, afin de sensibiliser le monde, en cette conjoncture difficile, quant au fait que les conflits ne peuvent être résolus par le repli sur soi et l'isolement, mais par l'ouverture sur l'autre, la sécurité et la paix. Il s'est, à ce propos, félicité de l'initiative du Président Zine El Abidine Ben Ali visant à consolider le dialogue entre les civilisations et à en tirer les bénéfices escomptés en dépassant le stade de simples débats théoriques pour entreprendre des actions collectives au service des relations internationales. Après avoir critiqué la théorie du conflit des civilisations, M. Klibi a souligné que « ceux qui critiquent l'islam et ses valeurs doivent ignorer, ou oublier, ce qu'ont fait les croisés à Al-Qods ». L'orateur a souligné, dans ce sens, la nécessité pour l'Occident de se débarrasser des résidus du passé et des préjugés, et pour les musulmans de se libérer des aspects du sous-développement et de l'obscurantisme qui ternissent son image dans le monde. Pour sa part, Mme Lize Bissonnette, présidente de la Bibliothèque et des archives nationales du Québec, a passé en revue les textes internationaux qui régissent la diversité culturelle, dont la convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle, ratifiée en 2001. « Le dialogue, a-t-elle indiqué, ne doit pas se limiter à l'interaction entre les cultures et les religions, mais englober toutes les théories et philosophies et s'intégrer dans d'autres espaces, à l'instar de la société civile, des organisations et des rencontres de scientifiques et d'universitaires. De son côté, M. Iba Der Thiam, vice-président de l'assemblée nationale du Sénégal et membre du conseil exécutif de l'UNESCO, a affirmé que le fait de méconnaître l'autre, conduit à toutes sortes d'incompréhensions et de provocations qui altèrent les relations et anéantissent la confiance et le respect entre les peuples. C'est pour cela, qu'il faut faire preuve de tolérance et de modération afin d'établir un dialogue intègre et fructueux. Prenant la parole, M. Denis Huber, Directeur Exécutif du Centre Nord-Sud du conseil de l'Europe, a donné un aperçu des activités du Conseil de l'Europe en matière de promotion du dialogue culturel, notamment depuis le sommet Européen de Varsovie, en 2005, où il a été décidé d'intégrer le dialogue culturel dans l'agenda du conseil. « Les 47 Etats membres du conseil de l'Europe ont, en 2008, signé le « livre blanc » sur le dialogue interculturel, qui souligne l'importance de diffuser les valeurs communes de l'humanité, d'adopter des conditions du dialogue incluant la démarche démocratique, l'égalité entre les hommes, la consécration de la société civile, l'égalité entre l'homme et la femme et la tolérance religieuse. M. Christian Rioux, journaliste et écrivain canadien, a indiqué que le terme « dialogue interculturel » a vu le jour tardivement, alors que l'on parlait, avant 1998, d'«exception culturelle ». Il a, également, souligné l'impact important des médias sur l'opinion publique et sur le cours des événements. Dr Donald Heckman, directeur des relations extérieures de l'association « religions for peace », à New York, a évoqué les valeurs communes qui unissent les différentes religions, à savoir la fraternité et le partage du savoir pour la réalisation du bien-être et de la paix dans le monde. Pour sa part, Mme Michèle Jacobs Hermès, directrice de la francophonie, des relations institutionnelles et de la promotion du français à TV5 monde, a donné un aperçu de l'expérience de la chaîne en vue de faire connaître les cultures et les civilisations du monde, notamment celles des peuples du sud. Elle a, dans ce propos, passé en revue les programmes de partenariat avec les télévisions nationales et locales en vue de garantir le maximum d'objectivité dans le traitement de l'information et le commentaire audio-visuel, sans oublier la place importante accordée à la traduction, en tant que pont de rapprochement entre les différentes cultures.