INFOTUNISIE-Dans le cadre de ses rencontres littéraires consacrées aux écrivains ayant voyagé ou vécu en Tunisie, le Centre Culturel International de Hammamet (Dar Sébastien), a organisé une table ronde animée par Hatem Bouriel, à la mémoire de l'écrivain belge Francophone Franz Hellens. Cette table ronde s'est ouverte sur une présentation biographique de cet écrivain peu connu sous nos cieux, quoiqu'il atteste d'un génie très bien reflété dans la plupart de ces textes. Animant le débat, Hatem Bouriel s'est intéressé durant son intervention à différentes tranches de vie de l'écrivain, notant qu'il a produit prés de quatre-vingt livres. Frédéric Van Ermengem, alias Franz Hellens (1881-1972), est l'auteur d'une trilogie : « Le Naïf », « Les filles du désir » et « Frédéric ». Parmi ses romans phares, figurent notamment « Mélusine ou la robe de saphir », roman fantastique et son avant dernier recueil « Entre les femmes ». Il a beaucoup voyagé, mais celui dont il n'a jamais été autant impressionné fut celui qu'il a effectué, en 1925, en Tunisie. La lumière et la beauté architecturale de Kairouan et la magie de la médina de Tunis l'ont profondément ému pour agir sur sa manière d'appréhender le Beau. De retour chez-lui, sa passion pour la Tunisie a mûri avec le temps, débouchant sur une franche confidence à la page blanche en 1966. « Le voyage rétrospectif » est, pour ainsi dire, le titre d'un manuscrit consistant en un compte rendu d'un voyage pas du tout ordinaire. En d'autres termes, un texte alliant la subtilité du regard et la sensibilité artistique. Hellens y livre, tour à tour ses aveux, des observations du vécu tunisien dans les années vingt. Il procède, de ce fait, à une reconstitution du voyage, six ans avant sa mort. Dans un texte où il semble rechercher des détails qu'il n'a pas pu retenir au départ, il consacre plusieurs pages à Kairouan et ses tapis et Carthage et ses monuments pétris d'histoire. Il y parle, également, du bateau qui l'a amené sur les rives tunisiennes et du charme d'une caravane traversant les dunes. Ce faisant, en feuilletant ce manuscrit, on se rend compte de prime abord, que l'on est face, à une transposition carnavalesque du vécu par le biais de fragments pittoresques. D'ailleurs, l'une des interrogations formulées, lors de cette rencontre a porté sur la part de la peinture dans le texte de Franz Hellens, vu qu'il avait côtoyé, au fil de son itinéraire, d'illustres peintres tel le surréaliste Henri Matisse. « Le choix des mots, la finesse et la plasticité de la tournure et la beauté des passages, autant de vertus stylistiques conférant au texte de Franz Hellens, une dimension pittoresque digne de grands chefs d'œuvre de la peinture impressionniste ou bien encore surréaliste. Mais aussi, la rigueur de l'observation sociale, ne ferait-elle pas penser, peut-être, aux textes de Lévi-Strauss ? Telle était le questionnement. La réponse, comme avancée par le même animateur du débat, a abondé dans le même sens ouvrant même d'autres brèches sur la lecture du texte. L'on parle, notamment, d'un flottement de la mémoire entre le voyageur de 1925 et l'écrivain de 1966. Plus, d'une notoire capacité de transposer la nostalgie de l'enfance dans un texte littéraire endossant souvent un souffle nervalien où le rêve transcende la réalité et l'embellit sans pour autant la réduire. A noter, par ailleurs, que 24 fragments extraits de ce manuscrit découvert et annoté par l'étudiante Sourour Ben Ali, seront présentés sous forme d'un recueil traduit par le cercle « Fouq Essour » et préfacé par Hatem Bouriel et le critique belge Marc Quaghbeur, directeur du musée de la littérature à Bruxelles, lors de la prochaine Foire du livre de Tunis.