La conviction de la Tunisie et du président Zine El Abidine Ben Ali est que face « aux problèmes de notre planète, ce ne sont pas les conflits qu'il faut cultiver mais les conditions du dialogue et de l'alliance des civilisations qu'il faut plus que jamais, fonder » a déclaré, jeudi, le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Intervenant à la séance d'ouverture d'un colloque international sur « les Morisques et la Tunisie : expulsion, arrivée, impact et héritage », M. Abderraouf Basti a placé cette rencontre dans son contexte historique. « Il y a quatre siècles, devait-il rappeler, la Tunisie et les Tunisiens accueillaient plusieurs dizaines de milliers de personnes venues d'Espagne, déportés fuyant l'inquisition, dernière péripétie de la reconquête ». « Par delà les aspects tragiques de cette déportation, cette migration forcée a permis à tous ces morisques et même à ceux parmi eux qui n'étaient pas de confession musulmane de retrouver une nouvelle patrie, de s'intégrer et de s'épanouir » a-t-il ajouté, se félicitant que telles manifestations favorisent la réunion autour « d'un patrimoine commun » en vue d'assumer les différences et en faire des sources d'enrichissement mutuel. Le ministre a indiqué que pendant plusieurs générations « ces tunisiens d'adoption, descendants des morisques ont parfois continué à parler le Castillan et se sont distingués dans plusieurs domaines tels l'agriculture , l'architecture, les lettres et l'artisanat… » C'est que la démarche de la Tunisie indépendante et du Changement puise son énergie et sa substance dans le mouvement moderniste né au 19 ème siècle, a encore poursuivi M. Basti, faisant observer que la Tunisie a fait le choix « d'une politique d'éducation moderne et démocratique » et que « la chaire Ben ALI pour le dialogue des civilisations et le centre de dialogue des cultures sont des preuves » éclatantes de ce choix d'ouverture qui caractérise le pays. Jusqu'à nos jours, des familles tunisiennes de descendance andalouse gardent l'original de leur nom de famille (Blancho, Mancho, Cristo ). Les travaux du colloque, organisé par l'université de La Manouba avec le concours de l'ambassade d'Espagne et l'Institut Cervantès à Tunis se poursuivront jusqu'au 15 novembre à Beit al Hikma, à Carthage