M.Mohamed Ghannouchi, premier ministre, a affirmé, vendredi, à Tunis, qu'autant la crise économique comporte des difficultés que la Tunisie est parvenue à surmonter autant elle offre des opportunités qu'il importe de s'y préparer et de tirer profit ». Ouvrant la conférence nationale sur « l'économie nationale à la lumière des mutations mondiales: défis et opportunités », organisée par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le premier ministre a affirmé que l'option de la Tunisie pour la veille et pour une réactivité rapide constituent pour la Tunisie, la meilleure solution, pour prévenir les effets de la crise financière mondiale. La Tunisie est, en effet, convaincue que la capacité d'un pays à résorber les effets éventuels de la récession de l'économie mondiale, est tributaire de son aptitude à assurer un suivi rigoureux de la situation, à anticiper les évènements et à prendre les mesures nécessaires en temps opportun. Il a indiqué que la stratégie annoncée au cours du Conseil des ministres tenu le 23 décembre 2008 et sa mise en œuvre, dans des délais records, vise à soutenir l'activité économique et renforcer la compétitivité des entreprises. Cette stratégie comporte des mesures conjoncturelles adoptées par le parlement et tend à venir en aide aux entreprises dont l'activité a baissé en raison de la crise mondiale. La loi relative à ces mesures qui resteront en vigueur durant une période de 6 mois, comporte des dispositions à caractère social et d'autres à caractère financier et fiscal. Ces mesures conjoncturelles ciblent, a précisé le premier ministre, particulièrement 3000 entreprises exportatrices employant 320 mille personnes, soit les deux tiers des emplois du secteur de l'industrie. De même, a poursuivi M.Ghannouchi, des mesures structurelles ont été décidées, dans l'objectif de promouvoir la compétitivité des entreprises et renforcer leur intégration au circuit économique mondial outre l'amélioration de l'environnement de l'entreprise, la facilitation de son accès aux marchés extérieurs et la promotion d'activités à forte valeur ajoutée et employabilité. Le premier ministre a avancé que le modèle de développement qui sera adopté par la Tunisie, à la lumière des mutations internationales, va être axé sur l'impulsion de la demande intérieure dont l'investissement est l'une des composantes. Il est prévu, en conséquence d'accroître la part de l'investissement dans le PIB à 26 % contre 24 % en 2008. Le premier ministre a souligné que l'augmentation d'environ 20% des dépenses de développement du budget de l'Etat ne manquera pas de consolider cette démarche et d'aider à accélérer le rythme de réalisation des projets d'infrastructure de base, des équipements collectifs et du développement régional. S'agissant de l'infrastructure de base qui constitue un élément essentiel pour la consolidation de l'investissement, le premier ministre a annoncé le démarrage des travaux de réalisation de l'autoroute Sfax-Gabès, au cours de l'année en cours, le démarrage des études de faisabilité du tronçon autoroutier Oued Zarga-Bousalem (Nord-ouest) et la décision de raccorder au réseau routier les gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa. M.Ghannouchi a mis l'accent sur les efforts déployés par le secteur privé en Tunisie. Il a ajouté dans ce cadre que les investisseurs étrangers ont répondu favorablement aux efforts déployés par la Tunisie et visant à améliorer l'environnement des affaires. Ces investisseurs et notamment ceux des pays du Golfe, a souligné encore le Premier ministre, ont confirmé le démarrage de leurs projets dans les délais fixés, outre la décisions d'investisseurs européens et asiatiques d'investir dans de nouveaux projets dans le secteur des composants automobiles et aéronautiques dans plusieurs régions du pays. M.Ghannouchi a indiqué que le volet logistique, le renforcement de la compétitivité et l'amélioration de la qualité constituent de réelles opportunités pour la compétitivité de l'économie nationale. Il a rappelé dans ce cadre les bons classements de la Tunisie à l'échelle internationale et indiqué que la Tunisie a été classée 36ème sur un total de 130 pays en matière de compétitivité macroéconomique. Le Premier ministre a mis l'accent sur la volonté de la Tunisie de consolider les investissements dans les ressources humaines par la révision des projets relatifs à l'enseignement supérieur, la formation professionnelle dans l'objectif de les adapter aux besoins de l'économie nationale. La Tunisie, a encore précisé M.Ghannouchi, est consciente que l'écart reste important avec les pays développés, notamment en matière de compétitivité (27%), taux qui peut atteindre 40% dans le secteur des services et 60% pour les services destinés au marché intérieur. Le Premier ministre a annonce dans ce cadre la création de 3 nouvelles écoles d'ingénieurs pour augmenter le nombre de spécialistes dans le domaine de l'ingénierie (4mille actuellement) et d'atteindre les 11 mille en 2011, l'ultime objectif étant de consolider la capacité du pays en matière de création et d'amélioration de la qualité. La Tunisie œuvre à garantir la crédibilité de ses diplômes universitaires et à les adapter aux ratios internationaux, sachant que le nombre de ces diplômes s'élève, actuellement, à 35 et devra atteindre les 55 en 2009. Le secteur des TIC représente de réelles opportunités eu égard à son impact sur les différents autres secteurs, a affirmé M.Ghannouchi, précisant que l'objectif est d'atteindre en 5 ans, 20 mille diplômés certifiés dans les domaines liés aux activités d'offshoring (développement des logiciels, des bases de données, des systèmes d'exploitation, la gestion des projets et l'administration des réseaux). Il a évoqué les dispositions visant à réduire le coût du commerce extérieur par la mise en place de zones logistiques, la généralisation de la liasse unique du commerce extérieur, la liasse du transport, outre la maîtrise des délais de dédouanement des produits et la réduction des procédures portuaires. M.Ghannouchi a souligné que la Tunisie, qui tient à sa politique salariale, œuvre à améliorer la qualité de ses produits afin de garantir la compétitivité sur les marchés extérieurs, soulignant que l'objectif est de certifier 1300 entreprises ISO en 2009. Le Premier ministre a souligné que la consolidation de l'investissement nécessite la mise en place d'un système de financement moderne et efficient, appelant les banques à développer ses bases financières outre à consolider le rôle des SICAR (sociétés d'investissement à capital risque). M.Ghannouchi a appelé les hommes d'affaires à tirer profit de ces différentes dispositions à même de consolider le processus de développement, d'autant plus que la conjoncture mondiale et notamment la baisse des prix des matières premières sur le marché mondial constitue une opportunité pour consolider le processus de développement et de création d'emplois.