Un coup d'accélérateur attendu ! La Tunisie devrait disposer d'un cadre juridique et fiscal facilitant la finance islamique qui ne pourra s'exprimer que si elle s'inscrit précisément dans un cadre réglementaire propice à son envol. Une feuille de route pleine et entière doit être adoptée. C'est l'urgence à laquelle a appelé M. Jalloul Ayed, ministre des Finances, lors de son intervention, au cours de la première rencontre maghrébine sur la finance islamique, tenue vendredi, 15 juillet 2011 à Tunis et se poursuit jusqu'au samedi, 16 juillet. Plusieurs personnalités de la région maghrébine ont pris part à cette rencontre initiée par le conseil général des Banques et des Etablissements Financiers Islamiques, en collaboration avec le Groupe « Al Baraka », la banque islamique de Développement, et l'institut islamique des Recherches et de Formation (IIRF). « Un mécanisme légal pour le financement islamique sera créé en Tunisie avant la fin de cette année », a indiqué le ministre. Des négociations sont déjà en cours avec les instances et les établissements financiers islamiques pour mener à bien cette décision. Un cadre juridique susceptible de développer des produits financiers axés sur l'éthique islamique est aujourd'hui capital pour le développement de cette machine qui a fait son émergence en Tunisie depuis les années 1980. La finance islamique répond largement aux besoins de finance des pays maghrébins. Elle les aide même à créer des coentreprises, catalyseurs d'une meilleure intégration. Les produits financiers peuvent être utilisés dans différents domaines, notamment en matière d'investissement. Les capitaux islamiques faciliteront, par conséquent, le développement des entreprises. D'ailleurs, l'intégration maghrébine, vers laquelle s'orientent les pays appartenant à cette région offre plusieurs perspectives de croissance. Elle compte environ 85 millions habitants. Son PIB est estimé à 400 milliards de dollars. Dores et déjà, certaines études ont montré que le manque d'intégration coûte pour chaque pays un recul de 2 points de sa croissance. A titre d'exemple, un seul point de croissance peut fournir à la Tunisie 20 000 emplois par an. Or, pour mémoire, la Tunisie a perdu 400 000 emplois au cours des dix dernières années. Les banques islamiques ont bien géré la crise financière. En témoigne le volume des actifs gérés par les banques islamiques qui s'élève à environ 900 milliards de dollars dans le monde. Les dépôts dans les banques islamiques pourraient atteindre dans les cinq prochaines années 1 billion de dollars. Tandis que les fonds d'investissement en finance islamique pourraient atteindre environ 130 millions de dollars. Parmi les produits de la finance islamique, on cite, sukuk, un titre d'investissement, dont le capital et la rémunération sont indexés sur la performance d'actifs réels détenus par un émetteur ; la murabaha, une opération d'achat-revente par un financier islamique avec marge bénéficiaire et sans intention de spéculation ; l'ijara, un contrat de location-vente par lequel l'investisseur achète un équipement et le loue à une entreprise ou à un particulier ; et l'istisna, un contrat selon lequel une partie demande à une autre de lui construire un ouvrage contre rémunération payable d'avance, de manière fractionnée ou à terme.