Les femmes tunisiennes libres et libérées ont réagi, à La Kasbah, mercredi 02 novembre 2011 à une série d'événements qui mettent en cause leur identité. Elles ont dénoncé les dépassements dont a été victime l'enceinte universitaire, entre autres. Ont-elles manifesté sur de simples rumeurs ? Pourquoi revendiquent-elles haut et fort leur attachement à leur indépendance et notamment à la défense du code du statut personnel ? Les dirigeants d'Ennahdha sont-ils débordés par leur base ? L'Islam a-t-il besoin d'être défendu par la coercition, la menace, l'intimidation et l'agression ? Ces interrogations traduisent le malaise réel que vivent les citoyens. Il semble que le double langage s'amplifie. Entre les discours apaisants que multiplient les responsables d'Ennahdha et de leurs partenaires de la « coalition » d'un côté et le comportement sur terrain d'adhérents ou de sympathisants du parti islamique de l'autre, il existe un important écart, un large fossé. Publiquement, Rached Ghannouchi affirme que leur programme ne comporte « aucun projet de coercition, de contrainte ou d'oppression. Aucun acquis de la Tunisie moderne ne sera touché ou remis en cause ». Dans les faits, c'est un tout autre langage que tiennent les adeptes de la pensée unique. Dans quelle catégorie doit-on placer les incitations ouvertes à porter le voile, venant de leaders d'opinion que sont les enseignants, entre autres ? La tenue vestimentaire rappelle étrangement l'embrigadement des temps de la jeunesse hitlérienne et des chemises noires de Mussolini ? Prépare-t-on une nouvelle dictature ? D'aucun doutent des croyances des citoyens en brandissant des banderoles d'incitations au retour à Dieu. Le danger est on ne peut plus présent. Pire, les théories fleurissent qui remettent en question l'égalité entre les deux sexes. Elles mettent l'accent sur des supposés incapacités physiques de la femme. Cette mère, cette éducatrice, cette ménagère, cette fonctionnaire, cette enseignante, cette productrice, cette personne indispensable dans le tissu social ne mérite-t-elle pas une place de choix ? L'homme peut-il avoir autant de fonctions, de responsabilités ? La Révolution de la liberté et de la dignité s'oppose avec force aux agissements extrémistes et barbares. Elle exige des preuves de la bonne volonté des uns et des autres et de leur détermination à faire respecter le libre choix des citoyens, sans contrainte aucune et sans pression. Elle mettra les dirigeants politiques devant leurs responsabilités. La Kasbah, son bastion légitime, réagira à tous les signaux et à toutes les tentatives de régression, de déviation, de dépassement, de dérive ou de dérapage. Le rôle des médias consiste à éclairer l'opinion publique et à rendre compte de tous les abus commis par les extrémistes de tous bords et surtout à les dénoncer. La vigilance est de mise !