Les Tunisiennes et les Tunisiens ont respiré l'air de la liberté un certain 14 janvier 2011. Sont-ils prêts à renoncer à cet acquis ? Voudront-ils subir le diktat de groupuscules extrémistes, nostalgiques de l'ancienne époque ? Avoir consenti de lourds sacrifices, dont celui du sang, pour retourner à la case départ ? Non ! Les faits le montrent à travers la dénonciation énergique, par la société civile, des agressions verbales et physiques, des menaces de mort, des intimidations de toutes natures. C'est le débat de l'heure. Les Tunisiennes, en jeans ou portant le voile, ont condamné d'une seule voix les agissements de personnes qui pensent les priver de leur droit de choisir. Elles s'attèlent à construire alors que d'autres s'amusent à palabrer sur la mixité, à défoncer des portes ouvertes. Leur message est on ne peut plus clair : la tenue vestimentaire fait partie de la conviction intime de la femme ou de l'homme. L'égalité est consommée au travail, sur les bancs de la faculté, au lycée, dans la rue… Le devoir est le même pour tous. En attendant la mise en place des rouages de l'Assemblée constituante et la formation d'un gouvernement, les partisans de la pensée unique sont certainement encouragés par le vide institutionnel. Ils mettent à profit la concentration de la haute sphère politique à discuter autour d'une plateforme consensuelle pour imposer une sorte de fait accompli. Ils se trompent lourdement comme le montre le tollé général manifesté par l'ensemble des citoyens. Le triomphalisme qu'ils affichent dessert la cause qu'ils prétendent défendre. Les détenteurs de la Vérité excluent le débat contradictoire. Ils se croient probablement éligibles au poste de prophètes. Prétendent-ils se substituer à Dieu, leur créateur ? L'Islam doit-il être prôné avec autant de fermeture, d'obscurantisme et d'ostracisme ? Il est communément établi que l'on obtient l'effet inverse par la contrainte et l'intimidation. Ne pensent-ils pas que la violence ne mène à rien et qu'elle engendre la violence ? Au demeurant, ils se placent au dessus des lois. Ils ont leur propre conception de la justice. Ils perdent de vue qu'ils vivent dans une société qui aspire à la démocratie et à une vie meilleure. La Révolution puise sa force dans l'union de toutes les franges de la société. Elle rejette l'exclusion. Elle a besoin de tous les bras. Elle relèvera d'autant mieux les défis que les citoyens, toutes catégories confondues, se sentent solidaires et édifient ensemble un pays prospère et souverain. Il est vain de discuter de tenue vestimentaire lorsque le vrai débat se trouve ailleurs. Il est urgent de remettre à flot une économie vacillante. L'emploi, la santé, le logement décent, la lutte contre la précarité de la vie, la pauvreté et l'analphabétisme sont une priorité absolue. Mettons-nous au travail sans plus attendre ! Dans tous les cas, la Tunisie triomphera de l'extrémisme !