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La puissance de l'espoir
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 03 - 2011


Par Mohamed Ridha BOUGUERRA*
Pour les Tunisiennes et les Tunisiens âgés de plus de soixante ans, ce 20 mars 2011 comporte une saveur unique celle de la Liberté retrouvée et leur procure un immense bonheur, celui d'assister à une nouvelle et réelle indépendance 55 ans après celle qui nous a débarrassés du colonisateur en 1956. Aujourd'hui, à la fête de l'Indépendance nous ajoutons celle de la Dignité recouvrée ! Nous nous sentons non seulement libres, mais aussi fiers d'être des Tunisiens jaloux de leurs droits inaliénables à jamais. Fiers également d'avoir semé les graines de la Liberté et de la Dignité chez nos voisins et plus loin encore. Le mérite en revient sans doute, d'abord, à Mohamed Bouazizi, dont la mémoire sera pour toujours précieusement honorée, aux jeunes et moins jeunes, qui, le 14 janvier, ont soulevé le couvercle qui les écrasait, arraché le bâillon qui les étouffait et détruit le mur de la peur qui les paralysait jusque-là. Pour toutes et tous, rien n'était moins évident, la veille encore, que de pareils actes, rétrospectivement, jugés héroïques. La crainte du bain de sang qui pouvait endeuiller le pays, le risque de l'inconnu et de l'imprévisible, les lendemains qui nous paraissaient pleins d'incertitudes, tout cela en même temps nous embrouillait l'esprit, nous faisait peser le pour et le contre et même nous retenait de faire le saut dans le vide. Nous n'étions que des femmes et des hommes ordinaires après tout ! En cette matinée du 14 janvier, sur l'avenue Habib Bourguiba, il n'y avait, en effet, que de vulnérables citoyens aux mains nues en face d'une armada de policiers casqués, armés et protégés par leurs boucliers ! Nous n'avions même pas un pavé à la main ! Il y avait, cependant, dans cette foule immense, une effervescence, un enthousiasme, une euphorie qui, progressivement, allaient emporter toute hésitation, balayer l'indécision et chasser notre prudente circonspection ! Il a suffi d'un mot, d'un seul, pour insuffler à cette foule presque ordinaire une onde de courage qui, très vite, a déferlé en un tsunami qui, d'un bout à l'autre de l'avenue, a éclaté en mille voix. Ce mot magique, ce sésame de la Liberté que nous avons maintenant propagé partout dans le monde, légué à tous ceux qui sont avides de Dignité, mot que l'Histoire retiendra sans doute, c'est «Dégage !».
Ce qui s'en suivit importe peu finalement maintenant au regard de ce qui a été gagné ! Nous n'oublions, pourtant, ni les morts ni les blessés ! Mais nous avons aussi la joie de prouver encore une fois, comme l'a prédit notre poète national, que la volonté du Peuple à vivre libre peut faire plier le Destin ! Grâce à l'initiative du peuple tunisien, le monde n'est déjà plus le même ! Partout, des régimes autocrates tentent, soit par de vagues promesses et autres réformettes, soit par le feu et le sang, d'éteindre l'embrasement qui vient d'éclater simultanément au Maroc et en Jordanie, en Algérie et à Oman, au Bahreïn et en Arabie saoudite, en Libye, en Syrie et encore au Yémen. Il suffit de constater les soubresauts qui agitent actuellement le monde arabe, partout en train d'accoucher de sociétés nouvelles dont le commun dénominateur s'appelle la soif de Liberté et de Dignité ! Partout et grâce à d'immenses sacrifices, est en train de se réaliser le vœu d'Eluard qui proclame dans « La Puissance de l'espoir » : « Un jour viendra où je serai parmi/ Les constructeurs d'un vivant édifice/ La foule immense où l'homme est un ami.»
L'hydre de la discorde
Aujourd'hui, le 14 janvier appartient à l'Histoire et tout le monde se pose la même question : Et maintenant ? Notre regard qui se tourne vers le futur proche se demande de quoi notre avenir sera fait. Qu'allons-nous léguer à nos enfants ? Quel visage de la Tunisie sommes-nous en train de modeler en ce moment ? Certes, le 14 janvier fut un moment exceptionnel et magique d'unité, de communion et de fraternité. Et maintenant à quoi assistons-nous ? L'émiettement est en train de dilapider les énergies et la discorde d'éparpiller les rangs ! Voilà le constat qui saute aux yeux au moment où, précisément, il faut préserver nos immenses acquis des risques de toute fâcheuse division ! Il ne s'agit pas, certes, de retourner à l'unanimisme passif ou au suivisme béat auxquels on a cru nous réduire ces dernières décennies. Il n'empêche que nous sommes actuellement menacés par l'esprit de clan, les querelles de chapelle, le déchirement entre coteries jalouses de leurs seuls et exclusifs privilèges. Pour s'en convaincre, il faudrait regarder la liste à rallonges des partis déjà reconnus et celle de ceux en attente de l'être. Les Tunisiens réclament, sans doute, la liberté d'expression et d'association, mais ils n'en demandent pas tant ! Y a-t-il réellement une cinquantaine de modèles de société totalement différents parmi lesquels nous sommes appelés à choisir ? La Dignité pour laquelle le peuple s'est soulevé passera obligatoirement par l'exercice réel de la liberté, l'acceptation clairement affirmée de l'alternance démocratique, l'assurance d'une vraie justice sociale, l'égalité effective entre les hommes et les femmes, la répartition équitable des richesses nationales entre les régions. Que les partis qui militent pour un pareil programme forment un front commun, seul moyen de battre les forces rétrogrades qui ont les yeux tournés vers le passé. Un effort pédagogique s'impose donc en cette période de transition afin d'éclairer le citoyen sur l'importance des enjeux du moment.
La division qui imprègne la scène politique l'aide-t-elle à distinguer le bon grain de l'ivraie ? Il y a lieu d'en douter à la lecture des incessantes attaques dont sont l'objet les trois commissions nouvellement instituées pour faire la lumière sur les divers dépassements de l'ancien régime ou pour défaire le système juridique et institutionnel que celui-ci s'est taillé sur mesure pour nous ligoter par des lois illégitimes et liberticides. Les travaux engagés par ces commissions menacent tant de corps de métiers, remettent en cause tant d'intérêts en jeu et bousculent tant d'antiques prérogatives qu'elles ont coalisé contre elles les nostalgiques du pouvoir balayé par la colère du peuple, les inamovibles caïds des syndicats, ou encore les barons de la magistrature et du barreau, bref, les privilégiés de tout bord. Déjà, ici ou là, la feuille de route annoncée par le président de la République par intérim est plus ou moins mise en pièces, la date du 24 juillet fixée pour la tenue de l'élection d'une Constituante contestée, les présidents des trois commissions appelés à se démettre, d'irresponsables appels au lynchage sont même lancés. Chaque fois que le pouvoir intérimaire fait un pas en vue d'asseoir un nouvel Etat de droit, de restaurer la sécurité et de préparer la voie à la construction juridique d'un nouveau système de gouvernement démocratique, des forces obscures tentent de le ramener deux pas en arrière ! Est-ce vraiment ainsi que nous réussirons notre transition démocratique ? Ne sommes-nous pas capables de douloureux mais nécessaires compromis à l'instar des Espagnols qui eurent pour seuls soucis, après la disparition de Franco, la préservation de l'Etat et l'instauration de la démocratie comme nous l'a très bien expliqué Filipe Gonzales, ancien premier ministre socialiste espagnol qui était parmi nous dernièrement ? A qui profitera, finalement, ce jeu extrêmement dangereux qui ne consiste chaque jour qu'à discréditer les hommes en place et à affaiblir les institutions étatiques ? Il est clair pourtant que nul ne sortira vainqueur de ces luttes fratricides qui risquent de plus en plus de paralyser le pays. Le désordre et la gabegie ne feraient le jeu que des seuls radicaux et autres extrémistes.
La puissance de l'espoir
En ce 20 mars, nous devons avoir une pieuse pensée pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour l'Indépendance de la Tunisie ainsi que pour tous ceux qui, plus récemment, nous ont offert, par leurs martyres, la Liberté et la Dignité. La fidélité à la mémoire de tous ces disparus devrait nous inciter à sauvegarder notre pays des menaces qui se profilent à l'horizon et à répéter après Aragon : « Quand les blés sont sous la grêle/Fou qui fait le délicat/Fou qui songe à ces querelles/Au cœur du commun combat.» Aussi, et afin de ne pas décevoir tant de nos compatriotes impatients et en attente de résultats que tous ceux pour qui nous sommes devenus un modèle, n'avons-nous d'autre choix que celui de parier sur la puissance de l'espoir et sur l'esprit du juste compromis afin que l'intérêt suprême de la Nation finisse par prévaloir sur les intérêts particuliers, que les forces qui tirent vers l'union l'emportent sur l'hydre de la division et, enfin, afin que les clartés de la raison soient nos guides durant cette délicate phase de construction d'une Tunisie libre, juste, moderne, égalitaire et démocratique.


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