Le gouvernement de M. Hamadi Jebali a obtenu la confiance de l'Assemblée nationale constituante, vendredi 23 décembre 2011, soit deux mois après les élections. Le vote par 154 voix pour, 38 contre et 11 abstentions, ne laisse pas indifférent. Il traduit un certain malaise. L'absence du consensus est évidente, là où la Tunisie et la conjoncture exigent l'adhésion de tous. Il serait opportun de s'interroger sur les motifs de ces clivages et de ces tiraillements. Est-ce la volonté de l'opposition de nuire au projet de gouvernement concocté par la coalition au pourvoir ? Ennahdha, le CPR et Ettakatol auraient-ils poussé l'entêtement jusqu'à ignorer les remarques fondées d'une frange importante de la société ? De quelle marge de manœuvre dispose M. Hamadi Jebali pour mener à bien sa mission en l'espace d'un an, comme il l'a promis publiquement ? Le reproche majeur fait à la déclaration du gouvernement devant les élus de la Nation est qu'elle renferme des idées générales et une annonce de bonnes intentions plutôt qu'un programme précis et chiffré. Or, ce que veut le peuple, ce sont des actes concrets et urgents. Le temps dépensé à se consulter pour peaufiner la formation gouvernementale et se partager les portefeuilles, aurait dû être mis à profit pour réfléchir à un programme solide, inattaquable. Les Tunisiennes et les Tunisiens ne sont pas dupes. Grâce au direct, ils ont le loisir de décrypter les intentions des uns et des autres et surtout les sourires de connivences et les applaudissements qui frisent l'insolence. La modestie n'est pas le fort de la plupart des membres de la majorité ni la clarté d'ailleurs. En accordant massivement la confiance à un gouvernement dépourvu de programme convainquant, ils ont failli à une règle d'or, sur la base de laquelle ils ont été élus à la suite d'élections transparentes et volontaires. Osent-ils prétendre servir les intérêts supérieurs de la Nation tout en étant soumis à des contraintes partisanes ? Le peuple, dont l'intelligence a été saluée à maintes reprises par les dirigeants actuels, ne saurait être trahi de la sorte. Il est à l'affût du premier faux pas de la formation gouvernementale et de la coalition au pouvoir. Il rejette les discours et réclame des actes. En se mettant sur le dos l'opposition que pareils errements renforcent et consolident, la majorité risque de laisser des plumes. En usant de vieux réflexes à l'encontre des médias, en passe d'assumer pleinement leur rôle de quatrième pouvoir, elle enfonce davantage le clou. Le salut du gouvernement Jebali réside dans l'efficacité à résoudre les problèmes urgents qui préoccupent les citoyens et à œuvrer à la réalisation des objectifs de la Révolution. Puisse-t-il démentir la prémonition d'une seconde Révolution, comme le pense Hamma Hammami !