Quel bilan tirer une année après le déclenchement de la Révolution du 14 janvier 2011 ? Du pessimisme le plus noir au scepticisme et à l'optimisme béat, les avis des Tunisiennes et des Tunisiens sont très partagés. Le fossé est très large entre les citoyens qui pensent que la situation n'a pas changé et qu'elle a empiré au contraire, ceux qui accusent la Révolution de tous les maux, entre autres la dégradation de la sécurité, de la stabilité et de l'économie, ceux qui regrettent presque l'ancien régime et les personnes, heureusement nombreuse, qui rendent grâce au 14 janvier qui a rendu le pouvoir au peuple. Il est vrai que l'autorité de l'Etat est au plus bas. Le populisme de certains dirigeants y a largement contribué. Y a-t-il absence de l'Etat ? Les sit-in abusifs, les barrages, les blocages de routes ont l'odeur désagréable de personnes que le patriotisme n'étouffe pas. Les agressions verbales et physiques deviennent monnaie courante. C'est à se demander si le laxisme des décideurs politiques est un nouveau mode de gouvernement. Des tentatives aussi pernicieuses les unes que les autres visent à attenter à l'un des acquis les plus évidents et les plus chers aux citoyens libérés de plusieurs décennies de dictature, de musellement et de privation en tous genres. La Révolution a décillé les yeux et ouvert les bouches. La liberté d'expression bat son plein dans les quatre coins du pays. Le journalisme apprend lui aussi à sortir de sa léthargie. Il s'apprête à jouer son rôle de quatrième pouvoir, pouvoir usurpé par des dictateurs, ennemis jurés de la liberté de presse et la liberté d'expression. Le processus démocratique, on ne cessera jamais de le répéter, est long. Son apprentissage est chaotique. Le doute, le manque de confiance, l'absence de stabilité, la non visibilité… créent une fragilité mise à profit par des éléments hétérogènes parmi lesquels il est difficile de distinguer le terroriste, du délinquant, du braqueur ou du malfaiteur à la petite semaine. Dans pareils cas, une réaction énergique s'impose de la part des autorités politiques, des médias, toutes tendances confondues et des composantes de la société civile. Il est temps que toutes les parties comprennent que le retour à la mode ancienne est impossible. Les bienfaits de la Révolution sont irréversibles. Il se trouvera toujours de vrais patriotes pour barrer la route à tous ceux qui veulent nuire à liberté d'expression, la seule à même de dénoncer les velléités des nostalgiques de la dictature.