Réussir son parcours universitaire et avoir son diplôme entre les mains est certes un exploit qui suscite joie et fierté, mais au-delà des arènes de l'établissement universitaire, il se dessine un chemin, voire un périple qui suscite, par contre, quelques appréhensions, voire inquiétude et anxiété.Et, mitigés par des sentiments contradictoires et soucieux de leur avenir, les nouveaux venus sur le marché de l'emploi ambitionnent, pour réussir, une bonne entame de la vie professionnelle. Cependant, avoir un diplôme en poche est une chose, entrer dans la vie active en est une autre. En fait, tout le monde est conscient que la tâche est loin d'être facile et cela pour diverses raisons dont les plus présentes à l'esprit, c'est l'embauche qui se fait trop attendre pour les anciens diplômés et également les répercussions de la crise économique qui touche désormais bon nombre de secteurs et qui ne cesse de déstabiliser et de ralentir l'économie mondiale dont la Tunisie fait partie, bien évidemment. Cela dit, comment, les nouveaux diplômés, envisagent-ils leur avenir dans la vie active, quelles sont leurs attentes, leurs craintes et sont-ils au courant des diverses mesures et mécanismes pris en leur faveur par l'Etat par le biais des différentes administrations chargées de l'emploi, notamment l'Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant, le Fonds 2626, la BTS… Samir, étudiant à l'Institut supérieur des sciences appliquées et de technologie (Insat), est parmi ceux qui n'ont pas traîné sur les bancs de la Fac. Un parcours sans faute depuis sa première année préparatoire, il nous assure fièrement que dans les prochains jours, il aura son diplôme en poche, et quant à l'après-université, il affirme avoir entamé depuis des semaines des contacts et qu'il espère décrocher un premier emploi dans une société privée dans le cadre d'un contrat SIVP. Pour lui, obtenir un diplôme est certes primordial mais acquérir une expérience est absolument nécessaire. Wafa, du même institut, qui porte les derniers ajustements à son projet de fin d'études, n'est pas pressée. Pour elle, son parcours académique n'est qu'à ses débuts et ce qui lui occupe l'esprit actuellement ce sont les bourses des études de troisième cycle allouées par l'Etat et aussi par des établissements universitaires européens. Elle précise par ailleurs qu'elle est convaincue qu'un diplôme de hautes études garantit un accès rapide à un emploi qui, de surcroît, est mieux rémunéré… Sihem, elle aussi sur le point de récolter le fruit de longues années de dur labeur en génie logiciel, considère que le secteur public est le plus rassurant, et en se référant à l'expérience de sa sœur, diplômée du même institut depuis près de cinq ans et ayant un CV étoffé de plusieurs stages, deux années en contrat SIVP dans des sociétés de renom mais actuellement en chômage car son employeur vient de licencier un grand nombre d'ingénieurs en raison des difficultés liées à la crise économique, affirme que le secteur public offre de bonnes opportunités et de bons salaires mais que rien n'est garanti à long terme !. Et vu que personne n'a abordé le volet de l'initiative privée, on a posé la question en la matière et la réponse n'a pas tardé. Samir, en s'exprimant au nom de ses collègues, affirme : «Nous, en tant que nouveaux sortants de l'enseignement supérieur, nous avons certainement une formation complète et approfondie et nous avons aussi effectué de courts stages d'ouvrier ou d'observateur mais cela ne suffit pas pour s'aventurer dans la création d'un projet à compte propre sans une solide expérience. Monter son propre projet, c'est à mon avis prématuré, il faut d'abord comprendre l'environnement d'un marché instable son potentiel, ses aléas…» A noter que les diplômés des instituts supérieurs d'études technologiques sont mieux cotés sur le marché de l'emploi et les perspectives sont prometteuses. Or, ce n'est pas le cas pour les diplômés issus d'autres filières (gestion, finance, droit…) qui ont du mal à s'insérer dans la vie professionnelle. Khaled, étudiant en troisième et dernière année de licence en droit privé, ne cache pas ses craintes. Il souligne que «les chances de prendre pied sur le marché de l'emploi sont vraiment minimes, à l'instar de ceux qui attendent depuis des années. Je pense qu'il est nécessaire d'améliorer les dispositions d'aide à l'insertion professionnelle». Raoudha, sa camarade de classe, rétorque : «Il y a de quoi s'inquiéter, mais il ne faut pas noircir le tableau; je pense qu'il faut tirer le meilleur profit des avantages accordés par l'Etat concernant l'encouragement au travail indépendant; personnellement, j'ai des idées et je vais les exploiter. Nombreux sont ceux qui ont pu réussir dans des projets indépendants». En somme, dans quelques jours, des centaines d'ingénieurs, licenciés, diplômés des filières courtes… frapperont les portes du marché de l'emploi, rejoignant les diplômés des promotions précédentes qui sont encore à la quête d'un accès à la vie professionnelle, et outre le secteur public traditionnellement employeur des diplômés, celui du privé offre de vraies opportunités dans le domaine de l'initiative privée, fort encouragée par l'Etat. Il y a aussi pour les futurs maîtrisards la possibilité de s'orienter vers des études approfondies. Bref, les solutions ne manquent pas et aux plus braves de franchir le pas.