Nous vivons, ces derniers mois, un climat de consciences caniculaire, où les foyers de tension éclatent tels des volcans en éruption, en réaction en chaîne, dans de nombreuses régions et touchant divers secteurs. Les régions dites chaudes sont soumises d'une manière intermittente, presque cyclique, au rouleau compresseur des sit-in, des manifestations explosives suivies parfois d'agressions caractérisées contre les lieux publics de souveraineté, contre les représentants de l'ordre, le corps enseignant et même sanitaire. L'escalade contestataire, la fièvre de la revendicationnite et le recours au pouvoir anarchique de la rue, se substituent désormais à la logique du dialogue et à la dynamique de la concertation, où prévalent l'intérêt national et la prééminence de l'indispensable sur le nécessaire. Ce climat de tension et de ras-le-bol généralisé, tend à prendre de l'ampleur au risque de perturber l'ensemble des rapports sociaux et de bloquer l'effort de production et son corollaire la volonté d'investissement. Des signes annonciateurs de fractures sociales ! Nous signalons dans ce cadre là que l'économie nationale a enregistré des pertes de l'ordre de 4,4 milliards de dinars, où la compagnie des phosphates de Gafsa a accusé à elle seule des pertes de 750 milliards de nos millimes. Sans compter les nombreuses entreprises qui ont cessé toute activité, ou tant d'autres qui ont réduit de moitié ou plus leur capacité de production, ce qui a aggravé énormément la situation en annulant des milliers de postes d'emploi. Cette lame de fond protestataire, aggravée par l'escalade des surenchères syndicales, d'un part, les atermoiements, les promesses non tenues et les décisions non suivies d'effet des autorités, d'autre part, dus généralement à l'état de confusion et d'instabilité dans lesquelles se débat l'administration régionale dans de nombreuses zones de turbulence, concourent gravement à la détérioration de la situation et à la démobilisation de toute volonté d'investissement. Que faire (pour reprendre la boutade de Vladimir Lénine), face à cet état des faits ? Il est impérieux, à notre sens, que tous les acteurs du tissu associatif et politique, ainsi que toutes les composantes de la société, soient appelés à se mobiliser en un seul front et à chercher de concert les solutions appropriées aux problématiques les plus urgentes, dans le cadre d'un pacte social devant engager toutes les forces vives de la nation. A notre avis, la première action à entreprendre consisterait à rétablir la confiance, la sérénité et la concorde dans les régions, qui sont les socles de tout pacte social et les garants de relance économique et d'investissement. Ainsi des conseils régionaux où participeront les notables des Arouchs et des régions en totale synergie avec les autorités locales, à la gestion sécuritaire de leurs régions et à la formulation des propositions et des solutions pour le développement de leurs régions respectives. Ils sont de ce fait les mieux placés pour connaitre dans leurs menus détails les tenants et les aboutissants de leurs problèmes socio-économiques. Car il est insensé de laisser faire et agir ces vagues de mécontents contestataires, aussi légitimes fussent-elle leurs revendications, au détriment des intérêts vitaux de la majorité et partant de la stabilité et la sécurité du pays. « Arrêtez-le mal avant qu'il n'existe. Calmez le désordre avant qu'il n'éclate » affirmait le sage Lao-Tseu.