[ICG.jpg]« L'international Crisis Group, ICG, recommande au gouvernement Jebali d'être plus énergique, s'il ne veut pas perdre sa légitimité », a affirmé, lundi 11 juin 2012, M. Michael Ayari, coordinateur du groupe en Tunisie, lors d'une interview accordée à Express FM. L'ONG, organisation non gouvernementale, qui a pour mission de prévenir et de résoudre les conflits meurtriers grâce à une analyse de la situation sur le terrain et des recommandations indépendantes, a récemment publié un rapport sur le thème, « Tunisie, relever les défis économiques et sociaux». Lors de l'interview, M. Ayari a analysé ce rapport : « Globalement, l'étude relève qu'en dépit du chemin parcouru, des défis économiques et sociaux menacent d'entraver le processus de transition démocratique en Tunisie. Au nombre de ces défis, figurent la montée du chômage, les profondes inégalités régionales, la contrebande et la corruption. Les Tunisiens, toutes conditions sociales confondues, expriment un ressentiment croissant qui pourrait dégénérer en un chacun-pour-soi destructeur ». En ce qui concerne le rôle des extrémistes religieux dans la dégradation des conditions de vie des Tunisiens, M. Ayari a précisé que ce mouvement n'est pas à son apogée en Tunisie. Cependant, son émergence aurait été tout juste un prétexte, voire une opportunité, pour certaines personnes malintentionnées pour exercer la contrebande et prospérer dans l'informel. Le rapport suggère au gouvernement d ‘être plus énergique face aux essaims mafieux et d'instaurer son autorité dans les régions qui lui échappent, de créer des emplois et des sources de revenus et reconquérir la confiance des populations locales qui mesurent les progrès accomplis à l'aune de l'amélioration de leurs conditions matérielles. M. Ayari a écarté toute perspective de guerre civile en Tunisie. Il a, toutefois, évoqué la possibilité de troubles pour peu que l'économie continue à mal se comporter : « L'insécurité et l'instabilité socioéconomique risquent de saper la légitimité gouvernementale et porter atteinte au caractère largement pacifique de la transition ». Selon le rapport, des problèmes économiques et sociaux qui ont contribué au déclenchement du soulèvement ne sont pas abordés de manière adéquate et pourraient à nouveau causer des débordements. Des tâches urgentes attendent le gouvernement. La corruption persiste et engendre mécontentement et indignation. Les relations de pouvoir au niveau local se restructurent de manière parfois douteuse et opaque, notamment dans des régions où l'Etat ne parvient pas à rétablir son autorité.