Abdellatif Mekki, ministre de la Santé publique, a remis sur le tapis la loi du service civil. Cette loi, adoptée à l'ère de Ben Ali, impose aux nouveaux médecins spécialistes, hommes et femmes, d'aller exercer pendant une année dans les régions intérieures du pays, après avoir effectué 15 jours de service militaire. En 2011, le ministère de la Santé publique et le Syndicat des internes et des résidents de Tunis, se sont mis d'accord pour invalider cette loi. En 2012, les nouveaux médecins, ayant obtenu les crédits nécessaires et en se préparant à ouvrir leurs cabinets, ont été heurtés à un refus d'obtenir leurs diplômes. M. Mekki cherche à appliquer la loi du service civil à tous les nouveaux médecins sans exception. « C'est une loi floue, le ministère confisque nos diplômes. Il n'y a même pas de règles d'exemption ! », a déclaré à Investir En Tunisie, un médecin E.K. Le comble de l'histoire, a-t-elle ajouté, c'est le manque de moyens et de matériel dans les régions où ils veulent nous envoyer. Le pire c'est qu'après 12 ans d'études, de stress et de galère, ils vont nous payer 180 dinars par mois : « Le tout est au nom du patriotisme !». Un autre médecin, exaspéré, trouve que faire de la politique sur le dos des médecins ne peut que « déshonorer » la médecine : « La profession est dépossédée de sa noblesse ». Pour ce médecin, toute cette histoire est relayée à la politique : « Le gouvernement veut faire taire les zones intérieures. Il les gave de médecins comme si c'était la seule et l'unique raison de la Révolution. Nous –médecins spécialistes- sommes patriotes, mais autant que tout autre professionnel tunisien. Donnez-nous les équipements nécessaires, et les conditions favorables, et nous serons les premiers à y aller ». Après un bras de fer acharné et des pourparlers non concluants avec les ministères de la Santé publique et de la Défense nationale, le syndicat, surpris et furieux, a organisé une manifestation, jeudi 21 juin, devant le ministère de la Santé publique. Il a fait appel à tous les médecins résidents et internes pour le sit-in. I.Y.