L'étymologie de « République » renvoie au latin reS « chose », et publica, « publique », soit la « chose publique ». Donc la « République » renvoie à toute forme de gouvernement, et pas forcément au gouvernement démocratique. Ainsi, une République n'est pas toujours une démocratie. Le régime tunisien de 1957 à 2010 comme l'ont précisé Jihane Limam universitaire en droit et Chérif Ferjani professeur de sciences politiques à Lyon 2 lors d'un débat organisé par El Massar au centre culturel Néapolis a pour nom « République tunisienne » mais il s'agit d'une dictature : les libertés sont limités, le pouvoir est autoritaire. Le président est élu à vie. Depuis la Révolution, on essaie d'instaurer une tradition républicaine. Or, depuis les élections du 23 octobre, nous vivons sous une République dépouillée de ses valeurs. On observe un décalage vécu entre la revendication: faire, agir et être respecté, et la réalisation des derniers mois. La désillusion gagne du terrain à cause de ces décalages. Un parti nahdhaoui qui gouverne le pays, un gouvernement peu expérimenté qui est loin de jouir de la confiance des Tunisiens qui sont encore sceptiques et attentifs à ses performances, des partis d'opposition déchirés. Bref, cette période transitoire est loin d'avoir atteint ses objectifs. La pérennité de l'Etat est menacée car les grandes décisions sont prises par Rached Ghannouchi et non par les institutions de l'Etat. Beaucoup reste à faire pour concrétiser autant de promesses et pour trouver des solutions à autant de problèmes. Certes, conclut Pr Ferjani, la transition démocratique passe par cette nouvelle constitution qui tarde à voir le jour et le seul espoir pour sauver le pays réside dans le retour en force de l'UGTT et le réveil de la société civile. Peut être ce rapprochement entre l'appel de Tunis El Massar et Le parti républicain sauvera la deuxième République de la dérive. Après le temps de la passion et du romantisme révolutionnaire, le temps est à l'éthique de responsabilité pour un peuple qui a déjà fait montre d'une maturité politique.