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Tunisie : le jeu de « cache-cache » de Ghannouchi
Publié dans Investir En Tunisie le 02 - 10 - 2012

Le quotidien généraliste arabophone saoudien « Al Hayet » a publié en date du 30 septembre 2012 une interview de Rached Ghannouchi.
Le leader du mouvement « Ennahdha », quoique sans titre politique officiel, est présenté par le journaliste comme « l'homme fort de la Tunisie » et le principal protagoniste du jeu politique dans la Tunisie postrévolutionnaire, « un président de l'ombre ». Nombre de points ont été soulevés avec M. Ghannouchi dont ceux qui constituent une source de préoccupation majeure et croissante auprès d'une opinion publique désorientée par ses propos contradictoires et discordants. Une interview qui donne tout l'air d'être un coup d'épée dans l'eau.
Ainsi en est-il de la position de M. Ghannouchi vis-à-vis des salafistes djihadistes qui se sont distingués, le 14 septembre dernier, par leur action meurtrière contre l'ambassade US à Tunis. Le leader nahdhaoui ne nie ni d'avoir condamné l'opération, ni critiqué le mouvement « Ansar Ach-Chariaa » : « Je ne leur reproche nullement leur idéologie, mais leur violation de la loi. Ils sont comme tout Tunisien, libres de leurs choix et pensées mais égaux et responsables devant la loi. ». Bien à propos, le journaliste rappelle à M. Ghannouchi sa dualité langagière qui fait qu'il n'hésite pas à tenir des propos sécurisants à l'adresse du courant salafiste et un discours destiné à l'Occident selon lequel son mouvement ne soutiendra jamais les groupuscules ayant choisi la violence comme moyen d'expression. Le leader élude la question en expliquant que les notions de discours interne et celui destiné à l'étranger n'ont plus aucun sens dans un monde réduit à la dimension d'un village. ( ?)
Est-il vrai que les salafistes lui rappellent sa jeunesse ? Notre Cheikh semble se délecter de réitérer « ce mot historique » et saisissant la balle au bond il se fend d'une théorie sur la fougue de la jeunesse, sa vaillance, son impétuosité, voire son radicalisme qui se termine, en fin de compte, par l'assagissement et une prise de conscience salutaire. En conséquence, le salafisme serait-il « l'âge pubertaire » d'Ennahdha ?: « Que nenni ! Elle en est la jeunesse. Si Ennahdha est née en réaction à l'extrémisme laïc de Bourguiba, le salafisme l'est en réponse au radicalisme laïc de Ben Ali. Quoique dans notre jeunesse nous n'ayons point usé de la violence comme elle l'est par certains courants salafistes actuels. »
M. Ghannouchi a ensuite expliqué les événements du 14 septembre et les douloureux incidents devant l'ambassade des Etats Unis par « une mauvaise estimation, par les contingents de la sécurité de la situation ». Ces derniers, d'après l'Homme fort du pays, ont cru naïvement que tous ces jeunes allaient manifester –ce qui est leur droit absolu- pacifiquement puis rentrer normalement chez eux. - Mais encore ? Insiste le journaliste. « Rien de plus ! » tranche l'interviewé, en riant. Il n'en pense pas moins que ces événements sont un complot ourdi par les « ennemis de la révolution » en vue de contrecarrer le dialogue entre les USA et les islamistes.
Réagissant aux critiques sévères, sans cesse émises à l'adresse d'Ennahdha, autant par ses partenaires que par ses opposants, quant à son indéniable ascendant sur la vie politique dans le pays, M. Ghannouchi l'explique benoitement par « les naturels et nécessaires oppositions et conflits entre acteurs politiques, tous prompts à accentuer les erreurs de leurs concurrents. Quant aux enjeux, le leader d'Ennahdha indique qu'ils concernent la recherche d'une adéquation entre la liberté recouvrée et les impératifs de l'ordre social, économique, politique. Le peuple a-t-il dit, a besoin de paix sociale, d'ordre, de stabilité. Le peuple doit apprendre à exercer sa liberté sans la transformer en facteur de désordre et d'anarchie. Dans la foulée, M. Ghannouchi évoque en vrac, tout en les dénonçant, les violations, par les citoyens, des lois régissant tous les aspects de la vie, sous prétexte de liberté. Il en profite, au passage, pour lancer les banderilles très attendues vers les journalistes, toujours coupables, selon lui d'axer leurs critiques sur le seul gouvernement, après que, des décennies durant, ils ont mis leurs plumes au service du pouvoir, a-t-il souligné. Tout cela nécessite un long apprentissage sur notre manière d'exercer notre liberté. Nous avons même eu droit à cette idée, très saugrenue et savamment entretenue, d'une opposition béatement réjouie des déboires d' « Ennahdha » et de ses échecs dans le traitement des événements du 14 septembre.
Concernant l'action du gouvernement, M. Ghannouchi brosse un tableau rosissant de la situation socioéconomique du pays, avançant les chiffres habituels et que ses affidés servent à l'envi. Bonne saison agricole, saison touristique réussie,…Pour ce qui est du chômage, tout en précisant que 80 mille emplois ont été créés durant l'année en cours, M. Ghannouchi souligne que, davantage que des diplômés du supérieur, la vie professionnelle a un besoin urgent d'une main-d'œuvre spécialisée, agricole et de petits métiers, manœuvriers du bâtiment, etc… c'est, dit-il, une question de mentalité et de culture qu'il faudra traiter pour faire du travail, sous toutes ses formes, une valeur et une norme morale.
M. Ghannouchi est impressionnant par les métaphores utilisées pour expliquer, par exemple, l'incompétence des membres du gouvernement et ceux de l'ANC. Il est tout aussi flou et approximatif pour ce qui est du concept exclusivement nahdhaoui de vouloir « fortifier » ((تحصين la révolution. Mais contre qui ? Ceux, dit-il, contre lesquels la révolution a éclaté. « Nida Tounès et Béji Caïed Essabsi ? S'ils jugent que le peuple s'est soulevé contre eux, alors, décrète-t-il, c'est contre eux qu'il faudra fortifier la révolution. M. Ghannouchi ne considère nullement « Nida Tounès » comme un concurrent sérieux, arguant que la jeunesse tunisienne veille à protéger la révolution de toutes les menaces car « Nidaa tounès » n'est qu'une tentative de reproduire, sous un aspect nouveau, les régimes révolus et déchus.
On le voit, dans cette énième interview, le leader d'Ennahdha poursuit son jeu de cache-cache et ne donne aucune réponse nette et précise sur les problèmes qui préoccupent le peuple et qui paralysent la vie du pays. Ses propos restent, tout comme ceux de ses pairs et partisans du gouvernement et du parti dominant, empreints d'arguties politiciennes et se distinguent par des attaques en règle contre tous ceux qui s'avisent de mettre leur action en doute. L'on décèle, par delà les mots et déclarations, un syndrome aigu d'une incompatibilité avec ce qui est perçu comme opposant et d'une théorie persistante du complot.
Mais de telles déclarations sont dorénavant perçues comme les soubresauts d'un animal blessé.


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