Des années ont passé, et voilà que les mémoires se réveillent. Des souvenirs reviennent à la surface des mémoires. Des questionnements émergent. Presque deux années après le déclenchement de la Révolution tunisienne, le 17 décembre 2010, et 60 ans après la terrible année 1952, celle des pires crimes coloniaux que la Tunisie a vécus. Des citoyens et ils sont nombreux à exprimer le « devoir » de rendre hommage aux victimes revendiquant ainsi une reconnaissance nationale de ces événements. Le Labo' Démocratique lance le Festival de la Mémoire organisé en partenariat avec le Mémorial Berlin—Hohenschönhausen. Cette association tunisienne présidée par Farah Hached qui se réclame des principes de la déclaration universelle des droits de l'Homme a pour but de contribuer, en toute indépendance, à l'instauration et à l'enracinement d'une démocratie innovante et vivante, à travers la recherche, l'analyse et le débat, la mise en œuvre d'actions expérimentales ciblées et des propositions aux pouvoirs publics, à la société civile et à l'opinion publique. Au cours de la première session du Festival de la Mémoire, le Labo' Démocratique a tenu à aborder les questions de justice transitionnelle, l'histoire du temps présent et la mémoire de la dictature récente à travers le thème « Contre l'oubli ». Cette mémoire collective d'un pays appartient à tous. Elle est souvent le point d'ancrage de toutes les blessures. Débattue, assumée, transmise aux générations futures, elle devient un des fondements d'une démocratie saine. Le Festival de la Mémoire qui se tiendra du 6 au 8 décembre se propose d'aborder les questions mémorielles et leurs relations avec la démocratie et les droits de l'Homme. Il se veut un espace de rencontres et de débats, d'échanges d'expériences internationales, un espace artistique et poétique, un espace culturel et multimédia, ouvert au plus large public. Dans le programme de cette première édition, dix associations seront conviées à présenter leurs activités tout au long des trois jours du festival. Des projections de films, des agoras de débats mais aussi de la poésie- groupe des jeunes Klem Echeraa sauront agrémenter les visiteurs et aborder la mémoire sous un angle à la fois artistique et culturelle. Le Labo‘ Démocratique dédie cette première session du Festival à la mémoire de Farhat Hached, assassiné il y a 60 ans, le 5 décembre 1952. Ce festival sera un repère pour les générations à venir. Ce sera le rendez-vous avec l'histoire à travers chaque nom de martyr de la démocratie pour célébrer les valeurs qu'il défendait : des valeurs de liberté et de justice. Le Labo démocratique s'engage à faire sortir de l'oubli les œuvres d'une élite sacrifiée, mais aussi le vécu de tout un peuple pris en otage, afin que nul ne les oublie. Tout le monde est appelé à s'investir dans ce travail de mémoire. C'est pour nous un devoir.