La 18ème édition du forum de l'Atuge (Journée de Tunis) se tiendra jeudi 16 juillet 2009 sous le thème « Nouvelle donne mondiale, Nouvelles stratégies ». Le deuxième atelier du forum est intitulé «Levier de développement et de croissance interne que peut constituer la consommation du marché intérieur». Afin d'apporter plus d'informations sur ce thème, Audinet Tunisie s'est entretenu avec Mr Walid Kalboussi, Directeur, Groupe Mzabi et modérateur de cet atelier. Mr Kalboussi va nous expliquer l'apport de cet atelier dans la concrétisation des objectifs de cette édition du forum et l'importance de la consommation interne dans le contexte tunisien. Audinet Tunisie : Comment pouvez vous introduire le thème ? Mr Walid Kalboussi : Aborder le thème de la consommation interne lorsque le marché international bat de l'aile nous semble être une évidence. Un pays comme la Tunisie qui jouit d'excellents fondamentaux économiques et qui peuvent le laisser à l'abri d'une crise financière internationale se doit de réfléchir aux conséquences d'une baisse de la demande internationale. Avec une économie moderne de plus en plus ouverte sur les marchés internationaux, toute baisse de la demande extérieure peut avoir des conséquences directes sur le carnet de commandes des entreprises tunisiennes et sur notre économie en général. Pour cela, le marché interne représente à nos yeux une alternative de croissance à étudier et à analyser. Quand on parle d'analyse et d'études, nous aimons apporter au niveau de l'ATUGE, une approche innovatrice qui essaye d'aborder le sujet de plusieurs angles, ainsi notre analyse ira de l'état des lieux de l'offre et de la consommation dans notre pays, à l'analyse comportementale du consommateur tunisien, à la capacité de la consommation interne à dynamiser notre économie en passant bien sûr par des sujets délicats comme le crédit à la consommation et l'endettement des foyers … Audinet Tunisie : Comment vous évaluez la consommation interne en Tunisie ? Mr Walid Kalboussi : Je pense que nous avons pas mal avancé dans ce domaine depuis une dizaine d'année et les chiffres parlent d'eux-mêmes : la consommation finale des ménages en Tunisie en % du PIB est de l'ordre de 64% pour donner un ordre d'idée à vos lecteurs, en France elle avoisine les 57% et dans les pays voisins elle est de 35% en Algérie et de 58% au Maroc. Si nous abordons aujourd'hui ce sujet ce n'est pas parce que nous nous considérons en retard ou en avance par rapport aux standards internationaux en matière de proportion de PIB. Le but est plutôt de combattre quelques idées reçues et d'essayer de voir l'art et la manière de tirer profit au maximum de ce secteur en matière de création de valeur, d'emploi, d'investissement et de satisfaction au niveau des citoyens consommateurs. D'autre part, nous souhaitons mettre en exergue les domaines où la consommation en Tunisie n'a pas pris réellement son envol : en effet, les statistiques montrent une nette évolution en matière de consommation dans des domaines comme la communication … alors que dans d'autres domaines beaucoup de choses restent à faire. Il est d'ailleurs intéressant d'aborder une analyse sectorielle afin de voir la corrélation nette entre l'évolution de la consommation interne dans un domaine donné et la création d'emploi, d'investissement et d'offre de services intermédiaires dans ce même domaine… c'est ce que nous ne manquerons pas de faire lors de l'atelier du Forum du 16 juillet grâce à la présence de représentants de différents secteurs phares comme les loisirs, l'agroalimentaire, la distribution moderne et l'octroi de crédit. Audinet Tunisie : Quels sont les éléments incitatifs dans ce levier de développement ? Mr Walid Kalboussi : Nous disposons aujourd'hui du meilleur et du plus fort des éléments incitatifs : la contrainte. Aujourd'hui, avec ce que nous avons acquis comme expériences suite à plusieurs crises internationales successives, nous sommes capables de dire qu'aucun pays ne peut faire l'impasse sur son marché interne. Même si nous évoluons dans une économie ouverte ou les échanges sont de plus en plus importants, le marché interne reste une composante importante dans le fond de commerce de n'importe quelle entreprise tunisienne souhaitant se prémunir contre les aléas des changements internationaux. Par ailleurs, nous estimons aujourd'hui qu'un pays ne peut être attractif à long terme en matière d'investissements étrangers que s'il est capable de proposer une main d'œuvre qualifiée et compétitive mais aussi un marché potentiel pour l'investisseur. En plus de la contrainte, nous nous devons de saluer les mesures prises pour encourager et dynamiser ce secteur, comme le cadre légal de la distribution moderne, la définition de règles prudentielles en matière de crédit à la consommation, et surtout les efforts continus pour préserver et garantir le pouvoir d'achat des ménages tunisien. Audinet Tunisie : Quelles seront les futures approches de la consommation en Tunisie ? Mr Walid Kalboussi : Personnellement j'espère voir une relation plus apaisée entre le tunisien et la consommation, une relation où on n'est pas obligé d'évoquer avec nostalgie les années d'antan où le tunisien se satisfaisait de très peu. J'espère voir une consommation volontariste et pas compulsive, une consommation débarrassée de tous ses complexes, une consommation équilibrée créant une demande dans tous les domaines : de l'agroalimentaire à la culture, de l'équipement ménager au loisir, de l'habillement à la santé … C'est cette consommation et uniquement celle là qui sera capable de nous garantir les quelques % de croissance dont notre pays a besoin, dont notre emploi a besoin.