Habib Sayah, directeur de l'Institut Kheireddine pour la promotion des libertés individuelles en Tunisie, a accordé, lundi 1er avril 2013, une interview à Christophe Boisbouvier de RFI, la radio publique française diffusant vers l'étranger. Il se prononce sur le mouvement de Djihadistes « Ansar al Charia « adoubé par Al Qaïda dont le but final, dit-il, est de remplacer la République par un Califat ». Après avoir « salué » la création d'une cellule antiterroriste en Tunisie, mesure indispensable à ses yeux après la recrudescence des actes de violences et des nombreuses menaces qui pèsent sur le pays, M. Sayah a confirmé les déclarations de Carter Ham, le chef d'Africom, selon lesquelles al Qaïda veut s'établir en Tunisie. Il a souligné que Ansar al Charia a reçu l'année dernière la bénédiction d'Aymen al-Dhawahiri et que de ce fait une menace sérieuse pèse sur la Tunisie. M. Sayah évoque une situation pré-insurrectionnelle de Ansar al-Charia laquelle refuse toute logique démocratique, nie toute légitimité à la République et possède en alternative un projet de société, en l'occurrence le Khalifat, qu'elle veut mettre en place. Parlant de la stratégie de lutte d'Ansar al-Charia, il fait remarquer qu'elle a débuté par des actes violents pour connaître une mutation vers les actions sociales destinées à démontrer que les djihadistes sont en mesure de se substituer à l'Etat mettant en exergue le maillage impressionnant de ces djihadistes dans toutes les régions du pays, sous forme de groupes d'assistance, d'abord, puis de comités de sécurité en remplacement de la police régulière et en concurrence de l'Etat. Parlant de l'attitude d'Ennahdha face à ces salafistes djihadistes, M. Sayah évoque la retenue des modérés d'Ennahdha de ne pas entrer en conflit ouvert dans le but d'éviter les divisions qui traversent le parti Ennahdha, notamment vis-à-vis de l'aile dure du mouvement qui comprend des alliés d'Ansar al-Charia, soulignant, au passage la faiblesse de l'appareil étatique qui s'était révélée par le laxisme constaté après l'attaque de l'ambassade US. L'interviewé souligne l'ambiguïté de la position et des propos de R. Ghannouchi dont le clan a toujours cherché à freiner la démocratisation du pays, à maintenir la mainmise d'Ennahdha sur l'administration, à protéger notamment cette mouvance salafiste violente qu'il [Ghannouchi] considère comme ses enfants.