L'ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, a estimé que le dernier rapport mensuel du conseil d'administration de la BCT confirme que l'économie tunisienne est à l' « orange ». Actuel président du conseil de l'agenda mondial sur le monde arabe auprès du Forum Economique Mondial, M. Nabli a affirmé, lors de son passage mardi 28 mai 2013 sur Express FM, que ce rapport annonce de nouvelles dispositions (possible révision du taux de croissance) et une nouvelle étape sur la voie de l'austérité, de la lutte contre l'inflation (+19% depuis 2011) et de la réduction du déficit de la balance des paiements en raison de la contraction des investissements directs étrangers, des tirages sur emprunts et des exportations (manque à gagner de 1800 MDT au titre des recettes touristiques et 2000 MDT au titre des exportations du phosphate, et ce, depuis 2011). Il a relevé qu'avec des réserves en devises équivalant à 95 jours d'importation, la Tunisie est désormais dans la « zone dangereuse ». M. Nabli a plaidé pour l'interdépendance du politique et de l'économique et rappelé que le problème auquel butte actuellement la Tunisie n'est pas économique mais politique par excellence. En ce qui concerne la récente dépréciation (4,1% vis-à-vis de l'euro et de 6,1% par rapport au dollar américain), Mustapha Kamel Nabli a fait observer que la dépréciation du dinar par rapport aux deux principales devises d'investissement et d'endettement reflète la santé de l'économie du pays : « C'est le fruit de la dépréciation de la monnaie nationale au niveau intérieur et de la persistance des tendances inflationnistes depuis 2011 ». L'ex-gouverneur de la BCT a indiqué que dans l'absolu, le secteur privé est retenu comme la solution appropriée pour résoudre le problème du chômage dans le monde arabe. Il a évoqué la perception du privé par le citoyen arabe et relevé qu'elle est, la plupart du temps, marquée par la défiance vis-à-vis de ce secteur : « Plus simplement, le privé est mieux apprécié dans les pays où il y a moins de corruption ».