Des journalistes égyptiens tirent à boulets rouges sur Rached Ghannouchi l'accusant d'immixtion dans les affaires intérieures de leur pays. Saisissant l'occasion au vol, ils n'hésitent pas à le taxer d'ignorance et d'inculture pour avoir appelé les Egyptiens à accepter le verdict des urnes et à respecter la légitimité des élections ayant porté les Islamistes au pouvoir et à éviter d'entreprendre des actions qui pourraient être assimilées à une contrerévolution. Dans un climat de franche hostilité envers le leader d'Ennahdha qui ne saurait donner la moindre leçon aux Egyptiens en matière de Révolutions, Rached Ghannouchi n'en a pas moins participé à une table ronde tenue dans les locaux d'Al Ahram et rapportée par Al Ahram-Hebdo, sous forme d'interview. Ghannouchi parle de laïcité, d'extrémisme, des Révolutions arabes, de l'avenir démocratique en Tunisie et dans les pays du « printemps arabe ». Le leader d'Ennahdha déclare s'être attendu aux Révolutions en Egypte et en Tunisie, les deux pays présentant des facteurs déclenchant similaires. « Cependant, a-t-il souligné, la démarche vers la voie de la démocratisation a différé dans les deux pays», mettant en exergue la consensuelle et fructueuse cohabitation au pouvoir entre islamistes et laïcs. Analysant la notion de consensus en tant que facteur essentiel de la voie démocratique, le président d'Ennahdha a expliqué que dans le cas tunisien, seul le consensus imposé par la réalité peut mener aux objectifs recherchés, donnant pour exemple « les concessions » faites à ses partisans laïcs au pouvoir relatifs à la suppression (sic) des textes de la Constitution de termes liés à la charia. Ce qui, selon lui, constitue un accord sur l'Islam largement suffisant. Le consensus entre tous les partis est indispensable, insiste-t-il, autrement le pays risque le chaos. Concernant les mouvements radicaux, M. Ghannouchi se déclare en accord avec les analystes sur la menace qu'ils font peser sur le processus démocratique. Analysant les différents courants extrémistes, leurs doctrines et leurs modes d'action, il incite les autorités à appliqué la loi dans toute sa rigueur, sans omettre au passage de décocher quelques traits venimeux aux médias coupable à ses yeux d' « attiser la violence, la haine et la montée de l'extrémisme » Questionné sur le futur du pouvoir islamique accusé d'être « contre la démocratie », Rached Ghannouchi pense que les principes de démocratie et d'égalité ne sont nullement en contradiction avec l'islam qui est en mesure d'absorber les valeurs de la modernité et de la science moderne allant jusqu'à affirmer que l'Islam modéré n'entre pas en contradiction avec la notion de laïcité l'on saura même, grâce à M. Ghannouchi, que la liberté de conscience, de penser, le respect d'autrui, figurent explicitement dans le Coran. Enfin, le leader islamiste exprime son étonnement face aux « mensonges persistants » qui laissent croire que l'initiative des Révolutions arabes aient été prises par des pays étrangers, déclarant que les peuples opprimés n'ont point besoin de tuteurs ou de parrains pour secouer le joug de la tyrannie.