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Tunisie - Que vaut l'exemple turc sans sa laïcité ?
Publié dans Business News le 08 - 03 - 2012

Lorsqu'aux premières semaines de son retour de l'exil londonien, le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, n'avait cessé de répéter : « Nous sommes un parti islamiste et démocratique, très proche de l'AKP turc », plusieurs observateurs se sont demandés s'il s'agissait d'une influence réelle des 21 années passées à l'Occident sur la pensée du Cheikh ou plutôt un discours politique, qui cherche à tranquilliser le peuple tunisien et les partenaires de la Tunisie sur le devenir modéré de cette révolution.
Les choses ont commencé à se préciser lors de la visite de Rejeb Tayeb Erdogan en Tunisie, en septembre dernier. Le Premier ministre turc a beaucoup insisté sur la nécessité de séparer la religion du politique, en évoquant clairement la laïcité de l'Etat avec un discours très argumenté. Erdogan a profité de ce voyage pour vendre un Islam «soft», compatible avec la démocratie, osant même revendiquer des constitutions laïques. Il est allé jusqu'à dire que les Etats doivent être laïcs, pas civils.
C'est à ce moment que l'on a commencé à ressentir un malaise du côté d'Ennahdha et des interrogations légitimes commençaient à se poser sur la portée de l'inspiration d'de ce parti de l'exemple turc. Les frères musulmans égyptiens ont clairement réagi en disant qu'ils ne voulaient pas de ce modèle-là. Qu'en est-il d'Ennahdha ? Ce parti limite-t-il sa sympathie avec la Turquie aux moments où Erdogan bombe le torse face à Israël et affirme-t-il sa différence lorsqu'il s'agit du rapport politique/religion ?
L'examen des différences conceptuelles entre Ennahdha et l'AKP montre clairement que le rapprochement bute sur le rapport entre la religion et l'Etat. La laïcité turque est ainsi très différente de la laïcité française. Elle définit le cadre d'un «Islam d'Etat», d'une religion nationale, qui dépend du politique. Une subordination de la religion au politique plutôt qu'une séparation des sphères politiques et religieuses.
Cette autorité dirige les 80 000 mosquées du pays, supervise les ouvrages d'enseignement religieux et peut nommer et destituer les imams. Ces derniers sont donc des fonctionnaires, payés et formés par l'Etat, dont les prêches sont même rédigés par les membres du Diyanet. Une République laïque avec un droit de regard total sur le culte musulman, une invention unique qu'entendent bien préserver les héritiers d'Atatürk.
En Turquie, l'Islam est ainsi organisé par cette puissante Direction des affaires religieuses, qui est une vraie bureaucratie succédant à l'organisation existant dans l'Empire ottoman, très différente de ce qui s'est passé dans le monde arabe. L'Etat contrôle les Imams et empêche la recrudescence de l'extrémisme religieux.
Au-delà de cette relation particulière entre l'Etat et la religion dominante, que les Turcs nomment laïcité, le modèle turc de l'Islam politique n'est pas transposable ailleurs, en l'absence d'une expérience antérieure de modernisation nationale. Etant restée longtemps sous la colonisation française, l'Islam est devenu un vecteur de résistance et d'opposition, ce qui empêche Ennahdha d'adhérer au modèle de société mis en place par Atatürk. Le blocage se situait sur la place de la religion.
Ceci n'a pas empêché de voir certains rapprochements et similitudes, notamment, une exploitation des militants d'Ennahdha de quelques recettes appliquées sur les bords du Bosphore, même si, sur le fond, il y a un contentieux sur la laïcité. Le parti Ennahdha s'est inspiré du principe de l'AKP, stipulant que «leur mouvement ne serait jamais majoritaire sans une inflexion de leur discours et de leur pratique».
Les analystes pensent que Rached Ghannouchi, en discutant avec les gens de l'AKP, a réussi à faire autant qu'Erdogan. Le leader d'Ennahdha a beaucoup discuté avec l'AKP, notamment avec la nouvelle génération, qui est aujourd'hui au pouvoir. Il a appliqué l'idée que ce n'est pas avec l'Islam seul que l'on peut arriver à mobiliser les masses. «Il fallait éviter de faire le pari d'une société conservatrice, alors que le peuple a envie de démocratie et de modernité économique. En un mot, il fallait éviter de faire campagne sur une application littérale de la Chariâa, et Ghannouchi a réussi cela en s'inspirant de l'exemple turc», pensent les analystes.
Il est certes évident qu'en arrivant au pouvoir, Ennahdha a voulu se prévaloir de cette similitude avec la Turquie, une façon de rassurer ses détracteurs, en s'inspirant de cette affiche de réussite économique, 15ème économie mondiale, en plus de sa stabilité politique et de sa relative expansion diplomatique, de quoi faire des envieux.
Lors de sa visite en Tunisie en septembre dernier, Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre turc et dirigeant du parti islamo-conservateur AKP, a déclaré qu' «Islam et démocratie ne sont pas contradictoires. Un musulman peut gérer un Etat avec beaucoup de succès». Ces mêmes propos ont été repris par le président Abdallah Gül et l'exemple turc essaie de le montrer.
Alors, la Turquie, un modèle imparfait, mais un modèle quand même, qui tente, au mieux, de combiner laïcs et islamistes. Un concept difficilement transposable en Tunisie où la laïcité n'est pas implantée au cœur de la société.
Il convient, en effet, de préciser que pratiquement aucun acteur politique, de droite, de gauche ou du centre, ne propose d'introduire la référence à la laïcité dans la Constitution. Qu'on le déplore ou non, la laïcité est encore un sujet tabou en Tunisie.
Ceci fait que, dans le camp laïc, on redoute fortement les dérives et le recul du statut des femmes. Des inquiétudes similaires à celles qu'a connues la Turquie il y a bientôt dix ans. Il faut donc prouver que des islamistes modérés dans une société arabo-musulmane peuvent garantir une démocratie où chacun est libre, tel est le défi pour la Tunisie de demain, qui est handicapée par l'absence de la notion de laïcité.
Crédit photo : TAP


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