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Cohabitation réussie ou tiraillements destructeurs ?
Islamistes et laïcs
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 05 - 2012

La présentation du livre Islamistes et laïcs en Tunisie, des prisons au défi de l'exercice du pouvoir mercredi 16 mai au Centre sportif de Menzah 6 a attiré une assemblée d'historiens, d'universitaires et d'intellectuels, motivés visiblement tant par la relation qu'ils ont avec l'auteur Kamel Ben Younes, qu'intéressés par son intitulé évocateur.
C'est que l'auteur, Kamel Ben Younes, est journaliste, et collabore à des organes de presse et non des moindres, de l'Ahram égyptien à la BBC britannique, en passant par notre consœur arabophone Essabah. Journaliste donc, il connaît les ficelles du métier et les effets des manchettes. Mais encore, le choix du sujet, cette possible coexistence entre les islamistes et les laïcs, thématique du livre, relève de l'actualité brûlante de cette Tunisie en transition, d'où la vivacité du débat et l'émotion générée par l'évocation de certaines questions associées.
Kamel Ben Younes, historien de formation, a été emprisonné alors qu'il était étudiant. Il connaît donc certains leaders islamistes pour les avoir côtoyés. A travers cet écrit non académique, explique-t-il, il a dressé une galerie de portraits intimistes et tenté de faire ressortir par un travail de démonstration historique les différents modèles de l'islam tunisien dans ses différentes écoles et orientations.
L'islam réformiste tunisien
Certaines figures connues de cet Islam étaient présentes, dont notamment le charismatique cheikh et avocat Abdelfettah Mourou, ainsi que le Docteur Hmida Ennaïfer, universitaire et théologien, célébrité mondiale en matière de dialogue entre les religions. Celui-là même qui a créé, avec Rached Ghannouchi et Abdelfettah Mourou, le Mouvement de la tendance islamique, ayant donné naissance plus tard en 1981 à Ennahdha.
Hmida Ennaïfer est considéré comme le chef de l'islamisme réformiste progressiste en Tunisie, un courant qui s'est détaché du mouvement islamiste originel.
Etait présent également, M. Ajmi Lourimi, membre du bureau politique d'Ennahdha et l'un des porte-drapeau de l'aile ouverte et éclairée du parti au pouvoir.
La problématique posée dans le livre, répond l'auteur interrogé par nos soins, est la suivante : «Y aura-t-il un compromis entre Islam et démocratie en Tunisie ? Pays qui a une tradition d'une soixantaine d'années de modernisme plutôt séculaire ou laïc, même si la laïcité de l'Etat Tunisien, nuance-t-il, avec Bourguiba et Ben Ali n'était pas anti-islamique comme ce fut le cas pour la Turquie».
L'auteur a montré plus tard devant ses invités que cette coexistence est réalisable, mais qu'en même temps, le danger salafiste qui représente l'une des conséquences directes des décennies de répression et de l'absence de débat culturel intellectuel, est réel. «Pourtant, explique-t-il, la tendance qui dominait dans la sphère arabo-islamique depuis le 19e siècle menée par le réformiste humaniste cheikh Salem Bouhajeb puis avec le mouvement réformiste porté par une foule de jeunes Tunisiens cultivés et brillants comme Tahar Ben Achour, Abdelaziz Thaâlbi, Fadhel Ben Achour puis Tahar Haddad qui est lui-même zeïtounien, puis avec Abou Kacem Echabbi, ainsi qu'avec les jeunes musulmans Mohamed Salah Ennaïfer, Chadly Ennaïfer, Rachid Driss, représente une tendance nationale qui a œuvré à réconcilier entre Islam et modernité. Bourguiba a renforcé cette tendance».
Cohabitation islamo-laïque !
Et de nos jours la cohabitation est-elle possible entre les islamistes et les laïcs ? Question posée par La Presse, à laquelle Kamel Ben Younès répond : «Comme je l'explique dans mon livre, certains intellectuels siégeant dans la direction islamiste pourraient plutôt favoriser cette thèse mais en même temps les salafistes sont là. Et donc, le mouvement pourrait basculer», prévient-il. Il ajoute qu'en Tunisie, il y a les fondements d'une coexistence pacifique. Seulement, argumente-t-il, les islamistes pour l'heure sont majoritaires c'est à eux de tendre la main stratégiquement aux laïcs, et enchaîne : «La décision de ne pas citer la charia comme source de droit dans la Constitution est une décision courageuse, le fait de ne pas modifier le code du statut personnel est également une décision courageuse. En revanche, le fait de confondre la réforme de l'université de la Zeïtouna avec l'instrumentalisation de l'enseignement religieux à des fins politiques, n'est pas démocratique».
D'où notre question, l'Islam est-il compatible avec la démocratie ? «C'est ce que pensent beaucoup de gens au sein même du mouvement Ennahdha mais ailleurs également, répond Kamel Ben Younès, très au fait de ce qui passe dans le pays, Béji Caïd Essebsi et d'autres avaient développé cette thèse. Il y a la chance et les risques. Mais je tiens à dire que si cette démocratie réussit en Tunisie, ce sera une grande chance pour la Tunisie et pour la région, mais si le modèle échoue, il n'y a aucune chance de voir une démocratie naître ni en Tunisie ni en Egypte, pays surpeuplé où la population est évaluée à 90 millions avec un taux de pauvreté élevé et où le degré d'ouverture est minime par rapport à celle pratiquée en Tunisie. Il faut savoir que dans notre pays, compare-t-il, nous jouissons d'une belle marge de liberté de réflexion qui est plus importante, à mon avis, que la liberté d'expression, et ce n'est pas le cas de beaucoup d'autres pays arabes».
Qu'en est-il de l'exercice du pouvoir par les islamistes évoqué dans le titre ? Demandons-nous en marge de la rencontre : «Moi je pense que certains comme M. Bhiri, ministre de la Justice, qui n'a jamais été en prison ni exilé, heureusement pour lui, fait plutôt du bon travail, mais dans certains ministères techniques, il y a des difficultés. Moi je pense que pour certains gouverneurs qui étaient pendant dix ans et plus en prison ou en exil, et pour certains ministres, les obstacles sont inéluctables. On aurait souhaité que pour les deux premières années, au moins, les islamistes impliquent les technocrates et le personnel administratif qui a de l'expérience et les compétences requises même s'ils ne relèvent pas forcément du parti».
Cheikh Mourou : «Nous sommes tous progressistes»
In fine, Kamel Ben Younes pense que la recherche de la stabilité économique et sociale renforcera l'aile ouverte et moderniste au sein des mouvements islamistes; alors que d'autres facteurs renforcent fatalement l'aile dure, comme l'échec de l'expérience de coexistence avec les «séculaires», l'aggravation des problèmes sociaux et économiques ou encore un retour à la solution sécuritaire.
Cheikh Mourou, invité à intervenir, a rejeté avec force cette dissociation entre islamistes et progressistes. Selon lui, il ne doit y avoir aucune scission entre les deux : «Nous devons être tous progressistes, c'est notre seule issue», déclare-t-il, ému. Parallèlement, il a interpellé avec insistance les intellectuels tunisiens à animer le débat entre les deux bords en vue de les rapprocher.
Pour sa part, M. Lourimi, tout en louant le livre pour son apport humain et la volonté qui s'y dégage de faire connaître les islamistes au grand public, après avoir été diabolisés des années durant, souligne que les conditions d'un programme national rassembleur de l'ensemble des courants politiques et intellectuels sont en train d'émerger. Le projet de société qui en découlera, dit-il, confiant, est un projet à la fois politique, culturel et social dans lequel tout le monde se retrouvera.
Il a également été précisé au cours du débat qui était de haute voltige que l'Islam dans les textes fondateurs (Coran, Sunna) n'a pas déposé un modèle précis de l'exercice du pouvoir, dans le but précisément de laisser aux peuples qui suivront la part au libre arbitre selon les attentes et les contextes.
Les remarques et autres réactions venant de la salle n'étaient pas que laudatives. Il a été reproché avec virulence à l'auteur de n'avoir proposé aucun profil des laïcs tunisiens connus, malgré l'effet d'annonce du titre. Comme il lui a été reproché d'accomplir à travers sa publication un rapprochement discret avec les nouveaux gouvernants du pays. Kamel Ben Younes s'est défendu en précisant que le livre n'est que le premier d'une triade, et que les portraits des laïcs suivront. A suivre donc....


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