Le 15 juin 2013, l'on pouvait lire sur les pages du journal égyptien « Al Ahram » un article intitulé « les caractéristiques [de la personnalité] de M. Ghanouchi! » et signé Makram Mohamed Ahmed, président démissionnaire du conseil du syndicat des journalistes égyptiens. Un article dithyrambique que le compte Facebook de notre Cheikh national s'est dépêché de mettre en ligne, tant il recèle la quintessence des idées d'ouverture et de tolérance du personnage que l'on cherche à imposer à l'esprit de l'opinion publique. L'auteur de l'article narre les différentes occasions où il a eu à rencontrer le Chef historique d'Ennahdha et se déclare très impressionné par son érudition, par sa pensée et sa perception de la chose publique et particulièrement par « son humour féroce ». Makram Mohamed Ahmed énumère ensuite, non sans quelque admiration, les « qualités » du Cheikh et expose ses théories. Ces idées dont les Tunisiens ont été gavés et dont ils ont entendu et vécu les discordances. Le journaliste nous rappelle l'argumentaire du leader islamiste, celui-là même qui a « trompé » le commun des Tunisiens et dont le dualisme patent a été dénoncé par les analystes et les hommes politiques. Le journaliste, pourtant pas tombé de la dernière pluie, souligne la perspicacité politique de Cheikh Rached qui insiste sur l'impérieuse nécessité pour les forces politiques de rechercher le consensus national pour l'instauration d'une vie démocratique. Il rapporte, non sans une ostentation certaine, l'idée du leader d'Ennahdha que les sociétés islamiques sont d'une diversité d'opinions telle qu'elle rend impossible à un seul parti politique de gérer les affaires publiques, quelle que puisse être sa suprématie. Aussi, cette richesse de culture et d'expériences doit-elle être mise en commun pour la préservation de l'unité de la communauté islamique (musulmane ?). Le chef du parti au pouvoir appelle donc, selon les affirmations de M. Makram, à éviter les conflits et à privilégier les compromis et modus vivendi pour le bien communautaire. La bonne gestion des affaires publiques exige qu'aucun intérêt ne doit prévaloir sur celui exclusif du pays. Le journaliste met en exergue l'idée centrale de la pensée de Ghannouchi selon laquelle aucune force ne doit s'arroger le droit de déterminer le mode de vie des citoyens, d'avoir un droit de regard sur leur conscience, …la mission d'un parti au pouvoir, fut-il d'obédience islamiste, étant l'établissement de la justice, la garantie de l'égalité, le respect de la loi, l'amélioration des services… M. Makram a même relevé dans les propos de Ghannouchi un rejet des efforts d'islamisation de la société ainsi que la revendication exclusiviste d'exégèse et d'interprétation des textes religieux pour en faire une référence. L'Islam est en mesure, aurait soutenu Ghannouchi, est en mesure d'accueillir et d'assimiler les outils de la modernité et son programme ne contredit pas les notions de liberté et de démocratie. Propos absolument plaisants de notre personnage numéro un, dont il nous a longuement et longtemps abreuvés. Qu'il a pu instiller sous d'autres cieux. Mais aussi séduisants qu'ils aient pu paraître aux yeux des autres, nous autres, ici, intra muros, nous attendons que des gestes soient joints à la parole.