Dans un entretien exclusif au journal électronique Nawaat, paru le 31 juillet 2013, Youssef Seddiq a émis son point de vue sur les derniers événements survenus en Tunisie, au cours des dernières semaines et livré les détails du projet qu'il entrevoit pour une sortie de crise de la Tunisie. Le philosophe porte sur la troïka, et particulièrement sur Ennahdha, l'entière responsabilité de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Le parti islamiste, estime-t-il, est à l'origine du développement de la violence en Tunisie par son laxisme et son attitude conciliante vis-à-vis de l'extrémisme et ses adeptes, ceux-là mêmes qui constituent, malheureusement, la base électorale d'Ennahdha. Youssef Seddiq ne déroge pas à l'idée répandue que le gouvernement Laarayedh a lamentablement échoué dans la direction des affaires du pays et qu'il doit de ce fait démissionner. Y. Seddiq ne louvoie pas en accusant Ghannouchi d'être à l'origine du mal qui ronge actuellement le pays, rappelant les différentes positions encourageantes du leader islamiste aux terroristes de tous bords et le mettant face à ses responsabilités vis-à-vis de ceux qui menacent la sécurité des citoyens et leur mode de vie. Y. Seddiq souligne la déception de ceux qui ont favorisé la montée d'Ennahdha, citant BCE et Iyadh Ben Achour qui ont conçu, dit-il, un code électoral avantageant le mouvement islamiste. Après avoir donné son avis sur les discours de Laarayedh et de Marzouki, Y. Seddiq analyse les deux formes de légitimité évoquées par les parties politiques : celle des urnes qui est abrogée de fait par la légitimité de la rue, eu égard aux échecs retentissants de ses tenants. Le docteur insiste sur le risque qu'il y aurait à provoquer un vide politique, même pour un court moment, appelant les citoyens au maintien de la pression pacifique. Concernant son projet pour le salut du pays, Y Seddiq insiste sur la nécessité que les personnalités devant composer le nouveau gouvernement soient totalement indépendantes, qu'elles s'engagent à ne pas se présenter aux deux prochaines élections, qu'une commission de 50 personnes au maximum soit chargée de l'achèvement de la constitution. Cette commission serait composée d'une vingtaine d'experts en droit constitutionnel, d'une autre vingtaine d'experts en économie, de cinq linguistes spécialisés en énonciation afin d'éviter les formulations prêtant à équivoque. Enfin, dit-il, une présence obligatoire de philosophes, de sociologues, de psycho-sociologues qui auraient une parfaite connaissance des besoins du citoyen, de sa mentalité… Pour ce qui est de la présidence de la république, le philosophe préconise qu'en cette période transitoire, elle devrait être confiée à un groupe de personnes, une sorte de directoire dont la mission ne durerait que six ou neuf mois au plus et qui aurait les pouvoirs, entre autres, de nommer un gouvernement limité à une quinzaine de personnes et dont la seule tâche serait d'expédier les affaires courantes. M. BELLAKHAL