En effet, la politique de recrutement de la Tunisie est une politique très dynamique depuis des décennies et notamment après l'ouverture progressive du marché tunisien à la concurrence et l'entrée de groupes et sociétés étrangères surtout d'Europe occidentale, fait qui a dynamisé le marché de l'emploi et a même contribué au changement des aspects qualitatifs dudit marché en apportant des spécialisations et métiers nouveaux et en tirant à la hausse le niveau moyen de la rémunération surtout pour les catégories professionnelles ayant un diplôme supérieur. Cette dynamique du marché de l'emploi était et demeure la devise de la réussite de la politique sociale et économique de la Tunisie après avoir atteint la quasi-totalité des objectifs en matière d'emploi et de création de nouveaux projets tels qu'identifiés dans le 11e plan (2007-2011) et surtout avec la consécration de l'année 2010 par l'Assemblée Nationale des Nations Unies comme année internationale de la jeunesse sur proposition de la Tunisie et plus précisément de Monsieur le Président de la République Zine El Abidine Ben Ali. Mais à partir de la fin de l'année 2009 et jusqu'à aujourd'hui, beaucoup de choses ont changé. Les jeunes diplômés ne peuvent accéder à un poste de stage dans une société qu'après avoir accomplie une période de six mois de chômage involontaire. Dans ce cas, les employeurs des PME et des TPE ont opté soit de les recruter sans aviser les instances de l'emploi jusqu'à qu'ils terminent la période de chômage forcée soit de s'abstenir à leur recrutement. Normalement les jeunes diplômés compétents et avisés accèdent les premiers à des offres d'emploi avant les autres. Par ailleurs, l'année 2010 nous a apporté une nuance par rapport à ce qui se rattache à la politique d'emploi, une préoccupation pas du tout comprise jusqu'à maintenant notamment par les observateurs, haut cadres, hommes d'affaires et autres employeurs, experts comptables et j'en passe… Bien sûr, cela ne met pas en doute le principe de la volonté de l'Etat à dynamiser l'emploi … Il s'agit très précisément, donc, de la Révision du mécanisme de la prise en charge, révision incarnée dans ce fameux article 19 de la loi des finances 2010 qui abroge les dispositions de la loi 91 de l'année 2005 relative à l'encouragement pour le recrutement des diplômés de l'enseignement supérieur et la prise en charge par l'Etat de 50% du salaire du nouveau diplômé fraîchement recruté dans la limite de 250 dinars par mois plus communément appelé contrat 50-50. Plus inattendu encore, l'Etat a suspendu les exonérations de paiement des charges sociales au titre des nouveaux diplômés recrutés à partir du 02 janvier 2010. Dans une circulaire adressée aux directions régionales de l'emploi, le ministère a expressément sollicité les directeurs régionaux de boucler les dossiers d'embauche dans le cadre du contrat 50-50 au titre de l'année 2009 et ne plus accepter de prise en charge du même type de contrat au-delà de la date du 31 décembre 2009. Selon cette circulaire de deux pages, le ministère parle de « rectification de tir du mécanisme du contrat 50-50 » en « supprimant la disposition sous sa forme actuelle en attendant d'avoir de nouvelles formules d'application du contrat 50-50 ». On imagine bien que beaucoup d'employeurs ayant l'intention d'embaucher dans le cadre du 50-50 et ayant l'habitude d'embaucher depuis l'année 2005 sous cette forme de contrat, et d'autres ayant l'habitude de bénéficier de l'exonération de paiement de charges sociales qui va avec le contrat SIVP ; sont dans la confusion totale et ont d'ores et déjà décidé de suspendre ou de s'abstenir à toute opération de recrutement au titre de l'année en cours jusqu'à éclaircissement de la situation. Donc, on attend aussi avec impatience les nouveaux mécanismes de recrutement. Quant aux dispositions d'exonération du paiement des charges sociales imputées aux patrons, elle a fait jurisprudence depuis des années et est devenue dans la mentalité des patrons un acquis social sine qua non à la nouvelle embauche. On imagine mal que les patrons vont s'en passer.