L'année 2010 a démarré sur un rythme accéléré d'annonces en matière de finance islamique au niveau africain, avec notamment la levée des contraintes fiscales sur le financement par Mourabaha au Maroc, l'agrément d'un pôle de bancassurance en Tunisie, et la panoplie de résolutions en faveur de l'aménagement d'un cadre favorable pour l'implantation de banques et instituts de finances islamiques issues du Forum de la Finance Islamique dans l'Union Economique et Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA). Dans ce contexte, la 3ème édition du Forum Africain de la Finance Islamique qui se tiendra à Casablanca les 7 et 8 avril 2010 revêt une importance particulière qui consacre la maturité de cette manifestation désormais incontournable pour les professionnels du secteur. En Tunisie, il y a deux banques islamiques : Al Baraka Bank Tunisia (ex : BEST Bank) et Banque Zitouna. La première a été créée en 1983, mais demeure réservée aux institutionnels locaux ainsi qu'aux gros investisseurs, en particulier ceux du Golfe. Elle exerce ses fonctions selon la règlementation des banques non résidentes. Al Baraka Bank Tunisia considérée en Tunisie comme la pionnière en matière de financement participatif, dispose elle aussi de toute une panoplie de techniques de financement solidaires pour aider les plus démunis à créer leurs propres activités. Créée le 15 juin 1983, Al Baraka Bank Tunisia est une société anonyme, régie par la législation tunisienne et notamment les lois régissant les organismes financiers et bancaires non résidents. Al Baraka Bank Tunisia noue ses rapports avec ses clients sur une base participative excluant le « RIBA ». La Banque Zitouna a obtenu en janvier 2010 l'agrément pour la création d'une compagnie d'assurances islamiques (Takaful) en Tunisie qui sera baptisé « Zitouna Takaful ». Le dossier juridique est en cours d'élaboration en vue de l'agrément définitif prévu dans les prochains mois, et la société est en cours de constitution. Zitouna Takaful devrait ouvrir ses portes à la clientèle fin 2010. Le Groupe Princesse Holding confirme ainsi ses orientations stratégiques en matière de développement d'un pôle financier, par la création d'une nouvelle compagnie d'assurance multi branche. Zitouna Takaful sera dotée d'un capital de 10 millions de dinars détenu à hauteur 30% par Banque Zitouna et le reste par la société Princesse Holding. L'avancement des travaux préparatoires de lancement de la Banque Zitouna a encouragé Mohamed Sakher El Materi, à poursuivre son plan de développement dans l'objectif d'élargir et de compléter la panoplie de produits et services offerts par la banque tout en favorisant les synergies avec la nouvelle filiale Takaful. Cette filiale offrira des produits et services basés sur des principes mutualistes dont le fonctionnement est conforme aux principes de la finance islamique. Elle respectera, par ailleurs, toutes les exigences règlementaires tunisiennes régissant l'activité des assurances. La création de la Banque Zitouna répond à une demande de plus en plus importante de produits et services conformes aux principes de la Finance Islamique. Elle offrira aux ménages tunisiens des solutions bancaires innovantes, de même qu'elle accompagnera les entreprises et investisseurs tunisiens et internationaux exerçant leurs activités en Tunisie. Ces établissements et tout autre intéressé par la finance islamique en Tunisie auront un rendez-vous de valeur à Casablanca les 7 et 8 avril 2010 pour échanger avec leurs homologues africains dont ils partagent des valeurs et compétences. Ce genre d'évènements reste utile pour nos établissements financiers islamiques. Les services bancaires respectant les principes islamiques n'ont fait leur apparition que tardivement en Afrique, dans la dernière décennie, et principalement en Afrique du Nord, Afrique sub-saharienne et Afrique australe. Anouar Hassoune (analyste, Moody"s Investors) a indiqué dans son rapport publié en mars 2008 que "si l'on estime que les activités bancaires dans la région représentent au bas mot 50% du PIB total produit en moyenne par les musulmans africains, le marché potentiel de la finance islamique pourrait s'élever à près de 235 milliards de dollars US".