Le Conseil supérieur du développement s'est tenu, mardi 12 mai 2010 à Gammarth, sous la présidence de M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre. L'ordre du jour du conseil était l'examen du projet quinquennal de développement 2010/2014 et ce en présence de plusieurs membres de gouvernement, des représentants des partis politiques, des organisations nationales et des conseils régionaux. Le Premier ministre a indiqué que le projet du plan quinquennal, le premier du genre, établit une transition entre les XIème et XIIème plans. Il a passé en revue le bilan positif des trois premières années (2007/2009) du XIème plan (2007/2011), avec un taux de croissance d'environ 4,6% par an aux prix constants, en dépit de la baisse de la croissance au cours des années 2008 et 2009 en raison des retombées de la crise financière et économique mondiale, considérée comme étant la plus grave crise depuis 1929. L'investissement global a cru de 10,8% au lieu des 8,7% prévus avec une augmentation de la part de l'investissement privé à 60,3% du total des investissements grâce à l'évolution importante enregistrée par l'investissement direct étranger ( IDE), soit 8 064 millions de dinars -MD- contre des estimations de 4 565 MD, prévues par le XIème plan. Le Premier ministre a, encore, indiqué que l'épargne nationale a avoisiné 21,9% du PIB et la moyenne du déficit courant de la balance des paiements a atteint 2,9% du PIB. Le taux d'endettement extérieur par rapport au PIB a par contre régressé de 43% en 2006 à moins de 39% en 2009. Les réserves en devises ont augmenté de 4,6 milliards de dinars pour atteindre les 13,3 milliards de dinars. M. Ghannouchi a fait remarquer que l'ensemble des indicateurs confirment la saine démarche adoptée pour préserver les équilibres financiers du pays, ce qui a valu à la Tunisie d'être bien notée par les agences de notation internationales. La Tunisie aspire, au cours du prochain quinquennat, à réaliser un taux de croissance du PIB de 5,5% par an aux prix constants, en vue de relever la moyenne du revenu par tête d'habitant à 8 300 dinars en 2014. L'objectif est de couvrir la totalité des demandes additionnelles d'emplois, de manière à réduire le taux du chômage de plus de 2 points, soit à 11,6%. L'accent sera mis sur le ciblage des diplômés du supérieur sans emploi. Le but est de réduire le taux de chômage de cette catégorie de 21,7% en 2009 à 13,6% en 2014. La Tunisie ambitionne également de réduire l'endettement extérieur à moins de 30% du PIB. Le Premier ministre a souligné que la réalisation des objectifs escomptés nécessite la mobilisation d'importants investissements, dont le volume devrait atteindre pas moins de 98 milliards de dinars, soit 26% du PIB. L'Etat va allouer pas moins de 26,5 milliards de dinars au titre du budget de développement pour financer des projets d'infrastructure de base et d'équipements collectifs, outre les programmes d'appui aux entreprises, la promotion de la recherche et la consolidation du processus de développement dans les régions prioritaires. M. Ghannouchi a affirmé que le secteur privé est appelé à porter sa part dans l'investissement à 13,8% par an, tout en mettant l'accent sur les secteurs innovants, les activités à haute valeur ajoutée et à forte employabilité pour les diplômés du supérieur. Il y a lieu de souligner que l'approche adoptée dans ce cadre vise à attirer 17,2 milliards de dinars d' IDE, soit environ 29% des investissements globaux du secteur privé, contre 8,4 milliards de dinars au cours du Xème plan de développement et 8,1 milliards de dinars durant la période (2007/2009). Pour le prochain quinquennat, l'objectif est de renforcer le rythme des exportations (+6,5%) et d'augmenter la part de ce secteur dans le PIB (+40%). La réalisation de ces objectifs nécessite, selon le discours, un surcroît d'efforts en vue d'améliorer la compétitivité de l'économie nationale, par l'adoption d'une nouvelle génération de réformes visant à améliorer le rendement de l'administration, à garantir l'efficience des services (logistiques, de transport et bancaires). Il a mis l'accent sur la volonté de consolider les investissements immatériels dans l'objectif de renforcer l'apport de la productivité dans la consolidation de la croissance (+40% du PIB). La prudence ne manque pas durant la période à venir via la maîtrise du déficit du budget de l'Etat dans la limite de 2,9% et à réduire les dépenses de compensation (hydrocarbures, caisse générale de compensation et le transport) à 1 500 millions de dinars par an. Il s'agit également, a ajouté M. Ghannouchi, de réduire les dettes classées, l'objectif étant d'atteindre un taux de 7% du total des engagements. La Tunisie s'attèlera, par ailleurs, à mobiliser des IDE pour un montant de 17,2 millions de dinars et des emprunts de 7,9 milliards de dinars remboursables à des conditions avantageuses et maintiendra les prêts commerciaux dans des proportions ne dépassant pas 6,4 milliards de dinars. Il y a lieu de préciser que la Tunisie s'attache au modèle de développement fondé sur la corrélation entre l'économique et le social, et ce, à travers, la préservation des transferts sociaux dont la part dans le PIB demeure importante (20%), l'amélioration de la couverture sociale dont le taux sera porté à 98% en 2014, outre le soutien et l'encadrement des catégories à besoins spécifiques et celles à faible revenu. Le débat a été très intéressant pour aller jusqu'à demander des explication sur les objectifs du nouveau plan quinquennal 2010-2014, en comparaison avec le 11ème plan (2007-2011) et avec le nouveau programme présidentiel pour la période 2009-2014.