Depuis 2005, la filière textile a connu deux grands chocs. Le premier est l'entrée de la Chine sur le marché international suite au démantèlement de l'accord multifibres. Le second, est celui des conséquences de la crise mondiale avec une nette baisse du pouvoir d'achat des consommateurs. Depuis, un changement d'approche des donneurs d'ordre a été enregistré et une nouvelle tendance est née. Celle-ci tend vers davantage d'encouragements pour le développement durable. Face à ces mutations, la Tunisie tente de préserver sa position sur le secteur. Elle cherche à consolider les performances de son industrie, pour demeurer au top 5 des fournisseurs, de l'Europe, son premier partenaire commerciale. Ainsi, elle met en place une stratégie et crée de nombreux outils. Un souci de performance et de rentabilité qui s'appuie, entre autres, sur le secteur bancaire. C'est dans cette optique que l'ATB participe du 16 au 18 Juin au Salon Euro-Méditerranéen du Textile&habillement (Texmed Tunisia 2010), afin de réaffirmer son engagement vis-à-vis du secteur. Sur les huit dernières années et malgré tous les aléas, le secteur du textile affiche une croissance moyenne annuelle de sa production en valeur d'environ 4%. C'est grâce aux mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement ainsi que la mise à niveau des entreprises que la Tunisie est parvenue à freiner les effets de la crise. Ce sont les efforts de mise à niveau du secteur pour juguler ses problèmes qui ont amoindris cet impact. Il fallait non seulement s'atteler à améliorer les moyens de production parfois obsolètes, mettre à jour les compétences dans les petites unités, pallier aux manques de ressources humaines en faisant face à la faiblesse de l'encadrement. Il fallait aussi répondre aux besoins de développement et de diversification des marchés à l'export qui restaient trop centrés sur la France et l'Italie. Selon les experts, la Tunisie a les cartes en main pour soutenir la croissance de la filière en matière de formation, de promotion, de mise à niveau, d'incitation aux investissements, de création d'infrastructures. Mais la crise a affaibli les fonds propres d'une grande majorité d'entreprises. C'est cela qui a considérablement changé la donne. Du côté des banques, on ne cesse de rabâcher que les crises se surmontent. Pour aider les entreprises touchées, environ 125 sur le millier d'entreprises « off shore » recensées en Tunisie, une série de mesures ont été mises en place: financement des cotisations sociales, prise en charge des travailleurs licenciés et notamment la mise en place de facilités financières. C'est précisément pour cela qu'une banque comme l'ATB participe à un salon de l'habillement. Forte de son Service Bancaire Etranger, elle met en action sa politique d'accompagnement pour les entreprises exportatrices. Les retombées de ces mesures ne se sont pas fait attendre. Les résultats des deux premiers trimestres 2010 affichent une progression en valeur de 13,3% en dinars et de 10,9% en euros en avril 2010 par rapport à la même période en 2009. Cet exercice a clos en affichant 4.729 millions de dinars pour les exportations et 3.204 millions de dinars d'importations. Dans la filière textile, les secteurs du denim, du vêtement de travail et de la lingerie féminine donnent encore beaucoup de fil à retordre. En revanche, les exportations de vêtements maille (+32% en volume) ainsi que des vêtements en chaîne et trame (+0,6% en volume) ont le vent en poupe. Ces données poussent les industriels à réajuster leur stratégie et à délaisser la sous-traitance pour la co-traitance afin de valoriser leur production. Moderniser les équipements de coupe et les logiciels de pilotages permettrait d'avoir une meilleure technicité. Compléter par des investissements en matière de logiciels de créations et de partenariat avec des stylistes confirmés ferait gagner en compétence tout le secteur. On passera alors à la fabrication de produits à forte valeur ajoutée. Si les entreprises textiles ont besoin de réduire les coûts de financement de leurs besoins en fond de roulement d'exploitation, elles doivent aussi consolider et développer leurs positions commerciales sur les marchés exports. Sur le marché mondial, la présence du géant chinois a un impact très important. Cependant, la Tunisie est surtout mise en concurrence directe avec le Bangladesh, l'Inde et la Turquie. Pour tirer son épingle du jeu, le textile tunisien se doit d'exploiter la tendance de la grande distribution européenne et de privilégier le sourcing de proximité. En effet, ce circuit privilégie également le Sud de la Méditerranée pour sa bonne réactivité face aux demandes fréquentes et au « turn over » des collections des « brands » du prêt-à-porter. Les objectifs à l'horizon 2016 tablent sur une croissance moyenne de la filière confection de 4,5 % par an et la réalisation d'une valeur ajoutée à hauteur de 38 % de la production. Les investissements à réaliser sont de l'ordre de 800 millions de dinars avec le maintien global de 190.000 employés du secteur. Ces objectifs sont réalisables au vu des atouts du secteur textile tunisien qui souhaite la mise en place et le renforcement des filières de formation des métiers nouveaux de la confection ainsi que le développement du marketing international et du management. Le second axe de développement de la filière vise à introduire des spécialités telles que le finissage ou le façonnage des tissus techniques ou innovants. Toutes ces nouvelles donnes ont été au grand rendez vous Texmed Tunisia 2010 qui s'est tenue, du 16 au 18 juin 2010, au Parc des Expositions du Kram, à Tunis, sous le haut patronage du Président de la République.