En début 2010, la tendance à la baisse continue pour le textile & habillement. Après un cumul négatif pour l'année 2009, enregistrant une baisse générale des échanges du secteur, le mois de janvier 2010 se situe dans la même tendance baissière au niveau des exportations, soit -3,7% en dinars et -6,7% en euros, ce qui représente 444 MDT et 235 millions d'euros par rapport à janvier 2009. Idem pour les importations, elles baissent de 2,4% en dinars (243 MDT) et de -5,5% en euros (128 millions d'euros). Pourtant, le mois de décembre 2009 était prometteur, enregistrant une augmentation des exportations (+16% en dinars) et des importations (+14,9% en dinars). Une amélioration que le CETTEX justifiait, alors, par le renforcement des exportations des vêtements maille, chaîne et trame et des tissus. Ce qui n'est pas le cas pour le mois de janvier 2010 puisque les exportations de ces produits ont décru de 7,3% en valeur et de 2,9% en volume ainsi que les importations des tissus de 5,3%.
Depuis 2005: un bouleversement dans le monde du textile-habillement Le monde du textile-habillement a connu, depuis l'année 2005, de grands bouleversements tels que l'avènement de la Chine sur l'échiquier international, les effets du démantèlement tarifaire, la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs, la sensibilité accrue au développement durable et au commerce écologique et équitable ainsi qu'à l'évolution des stratégies des donneurs d'ordres. Face à toutes ces mutations, la Tunisie a intérêt à développer les performances de son industrie Textile-Habillement en vue de préserver son positionnement, en tant que 5ème fournisseur en habillement de l'Europe. Ainsi, sous l'égide du Ministère de l'Industrie et de la Technologie, le CETTEX a finalisé, en novembre 2009, une étude prospective sur le secteur en collaboration avec deux experts internationaux et deux experts nationaux du PMI. Cette étude vient étoffer les deux études précédentes relatives à la stratégie nationale industrielle à l'horizon 2016 et à l'étude sur l'impact de la crise internationale sur le textile habillement tunisien. Elle a pour finalité de fournir aux industriels une meilleure visibilité sur le secteur dans les années à venir et de donner des pistes de réflexion pour des développements futurs. En fait, l'étude a relevé que depuis 2002, la filière textile-habillement tunisienne affiche une croissance moyenne annuelle de sa production en valeur d'environ 4%, score satisfaisant si l'on considère la poussée exercée par les principaux acteurs du textile dans le monde durant cette période. Les mesures de soutien mises en œuvre par les pouvoirs publics, ainsi que la mise à niveau des entreprises ont largement contribué à freiner les effets de la crise mais plusieurs facteurs ont limité la croissance de la performance globale de la filière et plus spécifiquement l'érosion monétaire constante du TND par rapport à l'Euro, devise de facturation de tous les exportateurs, l'insuffisance des gains de productivité constatée dans la majorité des ateliers de confection, l'obsolescence de certains équipements de production, le manque de ressources humaines disponibles et la faiblesse de l'encadrement dans les petites entreprises, la forte dépendance des confectionneurs à l'importation de tissus, et l'étroitesse des débouchés export centrés quasi exclusivement sur la France et l'Italie. Par ailleurs, l'étude a dressé les nouveaux challenges de la filière en tenant compte des évolutions prévisibles de l'environnement et des règles du jeu entre les donneurs d'ordre et les confectionneurs. La filière textile confection doit donc s'inscrire dans des objectifs bien maîtrisés se traduisant à l'horizon 2016 par les valeurs d'activité suivantes: • Une production estimée à 6,5 milliards de TND, soit une croissance de 4,5% par an, dont 750 millions liés à la création de nouveaux segments porteurs • Une valeur ajoutée représentant 38% de la production, soit environ 2,5 milliards de TND • De nouveaux investissements à réaliser à hauteur de 800 millions de TND • Un maintien global des effectifs à 190.000 personnes L'ambition est de générer d'ici fin 2016 un montant de 600 millions de dinars supplémentaires de valeur ajoutée. Dans ces conditions, la productivité du travail dans le secteur, mesurée par le rapport «VA/nombre de personnes» progresserait d'environ 5% par an, c'est-à-dire à un rythme plutôt supérieur à celui de l'inflation attendue dans les prochaines années. Ainsi, on peut tabler sur une légère progression de la compétitivité du secteur à TND constant. Selon les experts, tous les dispositifs existent ou presque en Tunisie pour soutenir la croissance de la filière en matière de formation, de promotion, de création d'infrastructures, d'incitation aux investissements, de mise à niveau... Mais la crise économique mondiale a, considérablement, changé la donne, affaiblissant encore les fonds propres d'une grande majorité d'entreprises. Pour se développer, une majorité d'entre elles ont besoin de moderniser leurs équipements, de réduire les coûts de financement de leurs besoins en fonds de roulement d'exploitation, de recruter de nouvelles compétences et de consolider ou de développer leurs positions commerciales sur les marchés exports. Les nouvelles mesures à prendre doivent donc être résolument orientées vers l'aide à l'investissement et à l'amélioration des services à l'entreprise. Toutefois, deux axes prioritaires ont été retenus. Le premier axe est relatif aux mesures de soutien qui pourront être apportées aux entreprises. Il s'agit d'un ensemble d'incitations supplémentaires à l'investissement permettant aux opérateurs de financer la modernisation des outils de production et de renforcer les actions de promotion. En outre, des mesures doivent être prises pour la mise en place et le renforcement des filières de formation vers les métiers nouveaux de la confection et de l'ennoblissement, ainsi que vers le marketing international et le management des entreprises. Le second axe du plan proposé vise le développement de la filière. Il propose la mise en place de nouvelles facilités aux investisseurs tunisiens ou IDE porteurs de projets stratégiques comme le finissage et les tissus techniques ou innovants. Ces mesures ont pour objectif de promouvoir le secteur textile-habillement, surtout après le mauvais démarrage et le bouleversement connus depuis 2005 et jusqu'à l'heure actuelle.