Pendant 23 ans, Mme. N.B.H a travaillé dans le secteur du bâtiment comme étant colocataire d'une carrière de sable à la localité d'El Khélidia, délégation de Morneg, dont plus de 30 familles y bénéficiaient. Néanmoins, depuis l'année 2002, elle a vécu plusieurs difficultés à cause du clan Trabelsi. Ce dernier qui l'a poussé, par son pouvoir et ses affaires de corruption, à la faillite. Pour plus de détails sur ce sujet, « Investir en Tunisie » a eu l'occasion d'entretenir avec Mme. B.H. 1/ Pouvez- vous nous donner un aperçu sur votre procès? Le procès a commencé en 1995, lorsque le Ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières a opté pour des mesures afin que mon contrat demeure déterminé et la carrière a été soumise à la vente aux enchères. En ce moment là, je n'ai pas trouvé d'autres solutions que malheureusement signer ce contrat, et ce, vu ma situation familiale et mes engagements avec les banques (des crédits d'achat du matériel de travail qui a m'a coûté très cher). Mais quand même j'ai essayé de nouveau, en 1997 de renouveler le contrat sans le recours à la vente aux enchères. J'ai envoyé plusieurs lettres au ministère concerné mais en vain. Ma demande a été rejetée et l'utilisation de la carrière a été stoppée pendant 4 mois jusqu'à la date précisée pour la vente aux enchères. A ce jour, j'ai bien insisté à l'utilisation de cette carrière. De ce fait, un montant d'achat de 71 milles dinars a été défini à mon profit, avec un surcoût annuel de 10% qui a été auparavant à l'ordre de mille dinars. Ce qui m'a obligé d'accepter vis-à-vis l'incapacité de production face à une situation et une mesure pareilles. Sans oublier que je suis devenue, également incapable de payer le loyer des trois derniers trimestres de l'année 2001. 2/ Qu'est-ce vous avez fait après? Lors de cette période d'instabilité, beaucoup de personnes m'ont contacté en me proposant un partenariat de 50%. C'était de la part d'une personne du clan Trabelsi et de quelqu'un d'autre de la famille Ben Ali. Dans ce même contexte, une certaine « Z » m'a contacté comme étant un intermédiaire entre moi- même et cette personne du clan Trabelsi. En période de désespoir, j'ai donné 2 milles dinars à Mme Z suite à sa demande pour qu'elle m'accompagne au bureau de cet homme (en me convaincant qu'il va m'aider à résoudre mon problème). Mais malheureusement, à la fin de cette rencontre, cette personne du clan Trabelsi m'a demandé si je suis intéressée par un partenaire. Une demande dont je l'ai refusée. Sans oublier, que je n'étais pas la seule victime. Tous les contrats d'utilisation des carrières de notre localité ont devenu déterminés. Ensuite et depuis environ 5 ans, toutes les autres carrières ont été fermées. 3/ A quel prix étaient vos pertes? En mai 2007, en réponse à ma lettre envoyée au président déchu, j'ai reçu un télégramme sous forme d'un rappel suite au retard de paiement de loyer des années 2001/2002 malgré que je n'aie pas utilisé la carrière dans cette période. De plus, le Ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières m'a informé que mes crédits, jusqu'au 2007, tablent autour de 2 millions de dinars. Sachant que les sanctions judiciaires déclarées en 2005, ont été sous forme d'une indemnité de 74 milles dinars seulement. Mais cette décision a été passée inaperçue face à celle prise par le ministère concerné. Ce dernier qui a été, durant 23 ans de régime du dictateur Ben Ali, au service des clans Trabelsi et Ben Ali. C'est illégitime ! J'ai payé très cher parce que, tout simplement, j'ai refusé un partenaire du clan Trabelsi. Plus que 30 familles sont devenues sans aucune source d'argent à cause de ce genre de corruptions. Mais, après la révolution du peuple tunisien, la justice est mon seul abri!