Le réel taux de chômage des jeunes tunisiens ayant l'âge compris entre 18 et 29 ans a été, en 2009, de l'ordre de 29,8% dont 44,9% sont des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur. Or, selon les données officielles de l'ère Ben Ali, cet indice a avoisiné 22,1%, un chiffre erroné et en baisse de 7,7% par rapport au chiffre réel du chômage. Les chiffres rectifiés et annoncés par l'ONJ (Observatoire National de la Jeunesse) convergent désormais vers l'estimation faite par la Banque Mondiale dans le cadre d'une enquête réalisée fin 2005 et selon laquelle le taux de chômage des techniciens supérieurs et des maîtrisards a été équivalent à 50%, selon « Elkhadra ». Il apparaît, également, que plus de 35% des jeunes de 18-29 ans étaient en chômage en 2009 dans la région du Centre-Ouest (Sidi Bouzid, Kasserine, Kairouan) alors qu'ils ont représenté près de 26% dans la région du Centre-Est (Monastir, Sousse, Mahdia, Sfax). Les régions du Nord Ouest (Béja, Jendouba, Le Kef, Siliana) et du Sud Ouest (Gafsa, Tozeur, Kebili) ont été particulièrement touchées par le chômage des jeunes avec des taux respectivement de 45% et de plus de 50%, alors que ce taux n'a été que de près de 30% pour le Grand Tunis. Aussi, les jeunes à la recherche d'un emploi en 2009 ont été proches de 60% à Kasserine, contre 20% à Nabeul. Constat déjà connu, les jeunes de 18 à 29 ans résidant dans les régions de l'Ouest de la Tunisie ont connu une situation de chômage particulièrement difficile par rapport à ceux résidant dans les régions proches du littoral. C'est une ampleur énorme de différences régionales concernant le niveau d'employabilité des jeunes. Quant aux jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, un même type d'estimation par région n'a pas pu être effectué en raison d'un déficit de données. Néanmoins, compte tenu du nouveau taux officiel annoncé de 44% au niveau national, on peut raisonnablement penser que le chômage est encore plus important notamment dans les régions de l'Ouest de la Tunisie. Autre indicateur pour mesurer les disparités régionales, celui du taux de pauvreté par région. Issu de l'enquête quinquennale de consommation et du niveau de vie des ménages de l'Institut National de la Statistique (INS), Cet indicateur illustre bien ces disparités, malgré un fort probable ajustement de la part de l'ancien pouvoir. Et comme pour le taux de chômage, ce sont les régions de l'Ouest de la Tunisie qui présentent la proportion de pauvreté la plus élevée. Les résultats de cette enquête aboutissent à classer les régions du Centre-Ouest et du Sud-Ouest comme les plus pauvres du pays avec un taux de pauvreté respectivement de 12,8% et 5,5% pour une moyenne au niveau national de 3,8%. Alors que le taux de pauvreté a diminué entre 2000 et 2005 pour l'ensemble de la Tunisie, le nombre des pauvres rapporté à la population locale a presque doublé pour la région Centre-Ouest (7,1% en 2000 à 12,8% actuellement). A cause de ces disparités régionales, la Tunisie a passé d'un acte radical pour une revendication individuelle, à un soulèvement populaire pour des revendications collectives. Cause majeure de la révolution du 14 janvier. Le temps est parti pour réduire prioritairement les disparités Durant les dernières décennies, le développement du littoral a été préféré à celui de l'Ouest du pays. Les infrastructures routières étaient construites prioritairement pour relier la capitale avec les régions de l'Est, en particulier le Centre-Est. Aussi, le Grand Tunis et l'Est de la Tunisie, du Nord au Sud, où se concentrent les industries à haute valeur ajoutée génératrices d'emplois. L'activité de l'Ouest de la Tunisie étant principalement tournée vers l'agriculture, les créations d'emplois dans ce territoire sont donc très réduites, ce qui favorise un exode d'une partie de la population, vers l'Est ou la capitale. Penser que l'Ouest de la Tunisie a été ignoré durant des décennies serait une erreur, mais affirmer que ce territoire a été négligé serait plus juste. Une plus grande accessibilité de ces régions est une priorité évidente pour leur développement, mais elle prendra du temps et ne résoudra pas à court terme la situation compliquée de ses jeunes chômeurs. Un diagnostic plus approfondi est donc nécessaire pour apporter le remède qui pourra combler ces disparités. Pour cela, l'ensemble du système d'information statistique doit être revu pour ne pas être soumis à des pressions, qu'elles soient. Dans le même cadre, l'indépendance totale de l'INS doit être assurée par la loi définissant son statut. D'autre part, l'information statistique élaborée principalement par les ingénieurs compétents de l'INS, devra être plus riche, avec une publication plus régulière, malgré le coût inhérent aux différentes formes de produits statistiques. La révolution a été menée par l'ensemble des Tunisiens, unis pour mettre un terme aux inégalités sociales, à la corruption, au népotisme, à la répression. La Révolution appartient donc à tous les Tunisiens, comme les problèmes sociaux et économiques de chaque région du pays.