En libérant le citoyen, la Révolution a-t-elle délivré le journaliste des jougs qui l'enchaînent ? La question s'impose d'autant plus que la mission d'informer a évolué d'un cran. Maintenant que tout se dit et que rien ne peut être tu ou caché, le terrain est fertile et la matière est abondante. Aucun risque de sécher. Avant le 14 janvier, les tabous ne se comptent pas. L'épée de Damoclès était suspendue sur la tête du journaliste, honnête cela s'entend. Mais, il faut avouer que toute personne qui a exercé sous l'ancien régime, a certainement un lourd passé derrière elle. N'a-t-elle pas contribué, ne serait ce que par son silence, ce fameux non-dit, à léser le citoyen et à le priver de son droit à l'information. Cependant, et à sa décharge, il était lui-même manipulé. L'accès aux sources était quasiment bouché. Des structures hermétiques et une personne de triste mémoire détenaient les commandes, faisaient pratiquement la pluie et le beau temps et distribuaient satisfécits et blâmes, à leur gré Heureusement que les temps ont changé. Modestie, audace et surtout crédibilité, voilà les atouts du chevalier de la plume s'il veut remonter la pente et se réconcilier avec une profession longtemps muselée, marginalisée, voire dénaturée. Mais, peut-on faire du neuf avec du vieux ? Ce slogan, on le sait, a précipité le départ de plusieurs ministres nommés au lendemain de l'avènement de la Révolution et même celui de l'ancien Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi. Peut-il s'appliquer dans le cas d'espèce ? S'il est permis à des confrères de faire amende honorable, de se recycler et de se conformer aux nouvelles donnes, pour d'autres, la tâche sera ardue, sinon impossible. Ils se sont trop mouillés en se faisant les chantres du régime déchu, en s'illustrant par des écrits où abondent éloges et panégyriques. Ces ripoux de l'info ont malheureusement cette faculté de retourner trop vite la veste et de changer de clientèles. La Révolution n'en veut pas ! M. BEDDA