« Aucun sou des millions de dollars ou d'euros promis, sous forme de dons, par les pays étrangers n'a encore été touché par le gouvernement de transition », a affirmé Abdellatif Chaabane, représentant du ministère des Finances à la « Journée des Entreprises Sinistrées », organisée par l'UTICA, mardi 26 avril 2011. Ces propos sont on ne peut plus surprenants, au moment où plusieurs Tunisiens appellent, et ils n'y vont pas par quatre chemins, à la récupération de l'argent volé par Ben Ali et les siens et qui renfloue les assiettes financières de banques européennes et dans les îles tropicales, on ne cesse de voir des responsables, dits « hauts » de la pointure de Hillary Clinton et ses multiples homologues, le dernier en date, celui de la France, Alain Juppé, venir à Tunis, ne pas avoir froid aux yeux, donner et balancer discours et leçons ici et là. Aux termes de leurs visites, ils annoncent des aides se chiffrant par des millions d'euros par ci, des millions de dollars par là. Catherine Ashton, la représentante de la haute diplomatie de l'Union européenne, elle, avait fait mieux en annonçant 17 millions d'euros, sur trois ans. Afif Chelbi, alors ministre de l'Industrie dans le tout premier gouvernement de transition avait, raconte-t-on, fait un petit sourire une fois qu'il entend parler de la générosité des Européens, et avait commenté « c'est ridicule ce montant ». Qu'attend-on des Européens et des occidentaux en général ? Des faveurs ? Ils sont loin d'en donner, bonnement ! Regardez comment est-ce qu'ils « traitent » les Tunisiens qui rêvent de l'eldorado européen ! Pour leurs politiciens, ils ne sont qu'une matière leur permettant de faire les yeux doux auprès des électeurs. Attend-on qu'ils deviennent, subitement, aussi généreux après avoir succombé sous le charme de la Révolution, qu'ils adorent baptiser « du Jasmin » ? Ou espère-t-on qu'ils laissent tomber leur vêtu pragmatique, pour nous submerger de fonds ? On est loin de cette réalité, amère. Le pauvre Abdellatif Chaabane, a dû faire face, au cours de cette même journée ci-dessus mentionnée, à une panoplie de chefs d'entreprises furieux et accablés par des dettes et des problèmes de tous genres. Des entrepôts saccagés, des sites de production incendiés et des entreprises pillées. Selon la centrale patronale, il s'agit de 314 entreprises qui ont été touchées. 14 de ces entreprises ont payé le prix fort de cette Révolution, notamment avec des pertes dépassant les 2 millions de dinars. Les pertes des 300 autres entreprises ne sont pas les moindres, puisqu'elles vont, pour certaines, à 1 million de dinars, à 500 mille dinars et on y va en baisse, de pertes, pour en arriver à celles, au nombre de 200, dont les dégâts sont inférieurs à 10 mille dinars. A vous de faire les « bons » comptes ! Et ceci devrait tirer avec des masses de nouveaux sans emplois. On en compte pour le moment 500 mille, une fois le mois de juin fini, ce nombre se verra pousser aux abords des 700 mille, avec les nouveaux diplômés de l'enseignement supérieur. Quoi d'autre ? Si la situation est bonne ? On ne le voit pas, surtout pas avec des baisses des exportations de l'ordre de 12% dans l'industrie, une baisse de 25% des IDE, puisque « les investisseurs étrangers attendent de voir ce qui passe avant de décider », précise-t-on. Ils attendent surtout cette date du 24 juillet, pour voir ce que les urnes vont nous apporter. Ajoutons à tout cela, la situation chez nos voisins libyens et la baisse de 42% des recettes du tourisme, personne n'osera dire après que « l'on est en train d'essayer de dresser un bilan noirâtre », car c'en est un ! Le cumul des pertes des entreprises tunisiennes est, selon l'UTICA, qui donne des chiffres qui ne convergent pas avec ceux du ministère de l'industrie et des Technologies, sont de 142 Millions de dinars. Une figure artistique l'a récemment bien dit, bien qu'il s'agisse d'une pensée partagée par l'écrasante majorité des Tunisiens. Si la petite Tunisie a ouvert son grand cœur devant des centaines de milliers de réfugiés venant de tous bords, alors qu'elle essayait elle-même à se remettre après un moment historiquement difficile, comment un géant de 27 pays, se présentant toujours parmi les grands de ce monde, fasse ainsi, se déchire en miette et referme ses frontières à cause de milliers de Tunisiens bravant le large, en quête d'une vie, qui n'est certainement pas meilleure ? Et puis, ils ne s'avèrent même pas à la hauteur de leur promesse. Allez demandez au plus simple des Tunisiens, s'il préfèrerait avoir des « dons » de la part des occidentaux, qu'ils soient européens ou autres, ou si ces derniers, l'aident à récupérer ses « propres » biens. La réponse est facile, vous la trouverez à Zurich.