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Lecture de la situation économique tunisienne: Qu'est-ce qui permet d'être optimiste ?
Publié dans L'expert le 29 - 03 - 2011


Qu'est-ce qui permet d'être optimiste ?


· L'économie tunisienne passe actuellement par sa pire crise, car le choc était important et fort, et a bouleversé tous les fondamentaux.
· plusieurs secteurs de l'activité économique se sont trouvés bloqués durant les 2 derniers mois.

Pour répondre à cette question : RIEN. Rien aujourd'hui ne permet d'être optimiste sur la santé de l'économie tunisienne pour le court terme. Les raisons de ce pessimisme sont multiples et de différents niveaux. Certains sont internes, d'autres externes. En scrutant les différents indicateurs et les différents paramètres de la conjoncture nationale et internationale de l'économie tunisienne, aucun signe ne donne une lueur d'espoir pour un retour à la normale sur le court terme. Est-ce à cause de la révolution ? Ou est-ce l'aboutissement normal de la situation dans laquelle était déjà l'économie ?

Les éléments d'ordre internes qui ne permettent pas d'être optimiste
On n'est pas de nature pessimiste, mais on le devient. L'économie tunisienne passe actuellement par sa pire crise, car le choc était important et fort, et a bouleversé tous les fondamentaux. La conjoncture internationale ne nous a pas épargné et a « enfoncé encore plus le clou ». Ce sentiment de pessimisme est corroboré par plusieurs faits et réalités de l'après révolution :
- Les problèmes du tourisme : selon les derniers chiffres, le tourisme accuse une baisse de 40% durant les 2 premiers mois de 2011. Rappelons que le secteur représente 7% du PIB national et emploie plus de 400.000 personnes d'une manière directe et indirecte. Selon le ministre du Commerce et du Tourisme, l'année 2011 sera catastrophique et il sera difficile de la sauver. Un pessimisme venant du premier responsable du secteur. Plusieurs hôtels sont actuellement à l'arrêt, et des milliers de postes d'emplois sont perdus. Même ceux qui ont légèrement repris le travail, se débattent dans des conflits sociaux. Cette baisse du tourisme a un grand impact sur nos recettes en devises, et par conséquent sur nos réserves. Ces dernières ont accusé une légère chute le mois dernier. Le tourisme est déjà un secteur sinistré, et il plonge encore.
- L'exportation du phosphate et la rentabilité de la CPG : le phosphate est l'une des principales exportations et richesses nationales. Mais il se trouve que plusieurs unités de production ont été à l'arrêt jusqu'à présent et ce depuis le 14 Janvier, à cause de revendication des jeunes de ces régions du Sud Ouest, voulant un travail au sein de la CPG. Cet arrêt a coûté à la société nationale plus de 9 MD par jour d'arrêt, sans oublier le non respect de contrats avec des importateurs étrangers et des entreprises locales. Après plusieurs semaines de négociation, la CPG s'est engagée à employer quelques milliers de jeunes de la région, dans les différents sites de production. Ces recrutements pèseront sur les finances de cette entreprise publique et sur sa compétitivité face aux autres entreprises marocaines et russes. L'arrêt de l'exportation du phosphate a pesé sur les résultats du commerce extérieur pour les deux premiers mois 2011. La CPG, ainsi que le groupe chimique, sont les principales entreprises publiques et fleurons de l'économie nationale.
- Les revendications sociales et syndicales : la révolution du 14 Janvier a dénoué toutes les langues. A côté des politiques et des opprimés du pouvoir, ce sont les travailleurs qui se sont soulevés contre leurs situations. Une vague de revendication syndicale demandant des augmentations de salaires, la titularisation, ou l'amélioration des conditions de travail, s'est déclenchée. A tort ou à raison ces revendications ont perturbé le fonctionnement de plusieurs entreprises et établissements publics comme privés. Ces revendications, aussi légitimes soit elles, ont pesé sur la rentabilité des entreprises et leur compétitivité, surtout que ce n'était pas le moment pour le faire. Certaines entreprises étrangères ont même menacé de mettre les clés sous le paillasson ou de délocaliser leur activité vers d'autres pays plus stables. D'autres ont succombé aux revendications et ont promis ou ont donné gain de cause aux salariés. Cette situation aura un impact important sur les IDE en Tunisie et sur la compétitivité des entreprises tunisiennes, si ceci ne s'accompagne pas par une amélioration de la productivité, généralement basse. Les entreprises, nationales ou étrangères, doivent s'accommoder à travailler dans un nouveau climat social, qui ne leur est plus favorable.
- Le blocage de l'activité économique : plusieurs secteurs de l'activité économique se sont trouvés bloqués durant les 2 derniers mois. L'un des secteurs le plus touché est le secteur commercial. Plusieurs commerçants dans les grandes villes ont vu l'implantation anarchique de vendeurs sur les trottoirs ce qui a perturbé leur activité. Les sit-in dans les différentes villes ont de leur côté paralysé certaines zones et commerces. Les pillages, et incendies ont mis à l'arrêt plusieurs unités de production. Selon les derniers chiffres publiés par l'UTICA, le tissu économique a perdu plus de 400 MD à cause des récents évènements
- L'importance des investissements publics pour répondre aux exigences sociales : les finances publiques souffriront certainement des mesures sociales prises à la suite de la révolution. Un budget spécial a été accordé pour répondre à certaines revendications : le budget pour le programme AMAL pour les chômeurs, la titularisation de plusieurs milliers d'employés contractuels, l'annulation de la sous-traitance dans le secteur public, le dédommagement des entreprises affectées par les émeutes,…Avec des ressources financières, de nature limitées, on imagine mal l'équilibre du budget de l'Etat pour cette année et les années à venir.
- L'insécurité : Ll climat d'insécurité qui a régné durant les derniers mois, et qui persistent encore a eu un grand impact sur l'activité économique. L'investissement privé est presque à l'arrêt, et les entreprises font des investissements supplémentaires pour la sécurisation de leurs établissements et l'acheminement de leurs produits. Une situation qui risque de durer pendant quelques semaines, malgré les efforts louables de l'armée et des forces de sécurité pour faire face aux dérapages et au banditisme.
- L'instabilité politique : l'un des atouts de la Tunisie sous l'ancien régime, était la stabilité politique, nécessaire pour les affaires. Aujourd'hui c'est totalement le contraire. Malgré l'éclaircissement du processus politique pour la prochaine période avec le conseil pour la protection de la révolution et de la transition démocratique, le paysage politique en Tunisie reste encore flou, vu les querelles au sein du conseil, et entre les différents partis et organismes de la société civile. Cette instabilité politique n'est pas favorable à l'investissement et à la relance de l'activité économique, vu le manque de visibilité pour le court et moyen terme.
- Les IDE : Lles éléments précités, tels que l'insécurité, l'instabilité politique, les revendications sociales, sont un frein aux IDE. La Tunisie qui comptait beaucoup sur ces investissements dans son modèle de développement, se trouvera privée des ces entrées d'argent, et par conséquent fera face à de nouveaux problèmes d'emplois. Même les investisseurs étrangers déjà établis en Tunisie, ont retardé ou annulé plusieurs projets d'extension de leur activité, en attendant l'éclaircissement de la situation.
- La perturbation de plusieurs entreprises tenues par des personnes de l'ancien régime : les membres de la famille du clan présidentiel, détenaient des entreprises importantes dans l'économie nationale : des banques, des médias, des entreprises de services, des entreprises industrielles, de télécommunications,…Ces entreprises vivent actuellement une situation difficile en l'absence de leurs propriétaires. L'Etat a nommé des administrateurs judicaires pour leur gestion, et la nationalisation d'autres. Le flou persiste encore sur leur sort ce qui a perturbé leur activité. On ne sait pas jusqu'à présent si elles resteront dans le giron de l'Etat ou seront cédées à de nouveaux acquéreurs ?
- L'impact de la politique de « Dégage » : plusieurs administrations publiques, et entreprises d'Etat ont été perturbées dans leurs fonctionnement suite à la politique de « dégage ». Des PDG et cadres ont été obligés de quitter leurs postes sous la pression du personnel. Ces évènements ont causé une paralysie de ces établissements. Le retour à la normale n'est pas pour demain vu que la chasse à la sorcière continue jusqu'à la rédaction de ce papier. Tunisie Telecom est un exemple probant de cette instabilité avec 3 PDG en 1 mois, et un PDG nommé mais non validé par le conseil d'administration. Autre exemple, celui de Tunisie Autoroute, dont le personnel veut le retour de son PDG limogé ! On n'oublie pas au passage la sortie humiliante du PDG de la STAR, ainsi que du secrétaire d'état à l'impôt, monsieur Bouden.

La conjoncture internationale a ajouté de l'eau au moulin
D'autres éléments externes ont durci le sentiment de pessimisme. La conjoncture internationale semble aussi s'acharner à ralentir la reprise économique en Tunisie. Plusieurs évènements survenus ces derniers jours vont peser sur la stabilité économique du pays, et confirment une vision pessimiste de l'avenir de l'économie.
- La hausse des prix des matières premières et agricoles : le cours des principales matières premières agricoles ont enregistré une hausse importante depuis des mois. Le FAO avait même annoncé que les niveaux de prix enregistrés actuellement menacent la sécurité alimentaire dans le monde, avec des projections de 40 millions nouveaux affamés dans le monde. Le cours du blé, principale matière agricole importée par la Tunisie, a enregistré une hausse de plus de 50% en un mois, ce qui risque de peser sur la caisse générale de compensation au niveau du prix du pain. Un prix qui a été baissé 1 jour avant la fuite du président déchu, ce qui aggrave encore la situation. La CGC verra une hausse de 30 à 40% de ses dépenses prévues pour cette année.
- La hausse du prix du pétrole : de son côté le pétrole enregistre une hausse importante suite aux évènements en Egypte et actuellement en Lybie. Le prix d'un baril est passé en un mois de 84 dollars à plus de 116 dollars/baril. Ceci pèsera fortement sur les prix des hydrocarbures, et le gouvernement ne peut absolument pas envisager une hausse des prix à la pompe dans la conjoncture actuelle. Rappelons que plus de 1700 millions de dinars sont consacrés chaque année à la compensation des prix des hydrocarbures. Un nouveau défi pour les finances de l'état, surtout que les analystes tablent sur un prix du baril dépassant les 110 dollars, alors que le budget de l'état est calculé sur la base d'un baril à 90 dollars.
- La guerre en Libye : la Libye est le 5ème partenaire commercial de la Tunisie. Plus de 1200 entreprises exportent vers ce pays. Les évènements en Libye ont stoppé ces exportations, comme ils ont stoppé nos importations qui sont principalement des hydrocarbures et du gaz, ainsi que d'autres produits qui font vivre toute la région du Sud. Plusieurs entreprises tunisiennes ainsi que des milliers de familles du sud (Ben Guerdane, …), souffrent actuellement de la situation chez nos voisins.
- La dégradation de la note souveraine de la Tunisie et l'augmentation du coût de financement de l'économie : suite aux évènements survenus en Tunisie, plusieurs agences de notation, telles que Fitch ratings, Standards and poors, ont dégradé la note souveraine de notre pays. Ceci aura un impact important sur le coût de financement de l'économie, surtout que la Tunisie vient juste d'annoncer son retour sur le marché mondial. Ce coût supplémentaire dans le financement de l'économie va être supporté par le budget de l'état et par conséquent par la collectivité publique.
Ces éléments internes et externes, se sont unis pour plonger le pays dans une crise difficile et dont l'issue n'est pas claire. Il est difficile de voir le bout du tunnel. Les actuels responsables doivent jongler avec plusieurs paramètres pour assurer la survie du pays.
Sans vouloir dresser un portrait noir de l'économie tunisienne, plusieurs éléments militent en faveur d'un scénario très difficile pour le court et moyen terme. Certains rapports parlent aujourd'hui d'une croissance négative du PIB pour 2011.
Espérons que les prochaines semaines, ainsi que la volonté du peuple tunisien et la sérénité du gouvernement de transition et celui qui sera issu des élections, redressent la barre et sauve notre pays, qui mérite un meilleur sort.


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