Les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont engagés notamment à adopter la loi de l'offre et de la demande pour la fixation des prix et de respecter la libéralisation du commerce sans restrictions d'aucune forme. La Tunisie, l'un des pays membres de cette organisation depuis sa fondation, a honoré ses engagements avec la communauté internationale en renforçant, de façon progressive certes, la libéralisation du commerce et en adoptant la règle de l'offre et de la demande pour la fixation des prix, sauf pour les prix des matières sensibles et au cours des grandes périodes de consommation où les prix sont homologués afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs à revenus modestes ou limités. Il s'agit là de concilier dimension économique et dimension sociale afin de ne pas créer des tensions et de ne pas opprimer ceux qui n'ont pas eu la chance d'occuper une bonne situation dans la société. Et cela ne fait pas de contraction avec les objectifs de l'OMC qui cherche, en définitive, le bien-être des peuples la faveur d'un système commercial performant, juste et équitable, adopté par toutes les nations membres. Suite à une conjoncture défavorable, certains pays développés et bien lotis, pourtant membres de l'OMC, n'ont pas hésité afin de défendre leurs intérêts d'opter pour la subvention des produits agricoles à taux important afin de pouvoir augmenter la compétitivité face aux autres produits qui viennent d'ailleurs. Ainsi, les produits agricoles nationaux sont vendus moins chers que ceux qui sont importés des autres pays dont ceux des pays émergents dont certains ne disposent pas assez de ressources pour contribuer au financement de la production agricole. La subvention octroyée en bloc ou divisée en plusieurs tranches à taux élevé profite à tous les agriculteurs qui sont alors en mesure de proposer des produits de bonne qualité à des prix défiant toute concurrence, ce qui oblige bien sûr les consommateurs à les acheter. Or, pour certains producteurs relevant des pays émergents, le coût de production – en augmentation constante d'ailleurs – ne permet pas d'effectuer des manœuvres pour pratiquer des prix en fonction de ceux fixés par les producteurs concurrents. Ils sont alors contraints de vendre leurs produits à perte – ce qu'aucun producteur ne devrait accepter – ou de s'abstenir d'exporter car les prix sont en chute libre. La Tunisie exporte suite aux accords signés avec l'Union européenne ses produits à prix préférentiels et selon des quotas pour certains produits. Avec l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange pour les produits agricoles, les quotas seront levés pour donner l'occasion à nos produits de faire face à la concurrence comme tout autre produit européen. En attendant la libéralisation totale des produits agricoles – et comme pour les autres secteurs – un délai de grâce est programmé en vue de faire la mise à niveau de ce secteur et lui permettre de renforcer sa compétitivité face aux autres produits. Si certains produits ont une chance – vu leur valeur ajoutée améliorée, comme l'huile d'olive, les dattes et les agrumes ainsi que les produits biologiques – d'être bien commercialisés, d'autres, par contre, ne sont pas concernés. Certes, la traçabilité désormais exigée par la réglementation internationale — mais aussi par les consommateurs — pour connaître l'origine des produits et de toutes ses composantes va résoudre des problèmes demeurés en suspens, mais cela peut pénaliser aussi les producteurs qui peuvent être boudés pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la qualité. Si ce système de subvention à taux supérieur n'est pas retiré par tous les pays européens, les produits des pays émergents vont donc trouver des problèmes de commercialisation comme c'était le cas récemment quand certains pays de l'Est de l'Europe n'avaient pu s'adapter au rythme de la concurrence européenne vu le système de subvention confortable qui a faussé la concurrence. Le dérèglement du dispositif mis en place pour les prix – qui favorise la loi de l'offre et de la demande en toute transparence – ne permet en aucun cas de faciliter les échanges commerciaux, notamment les produits agricoles. En signant les conventions sur le commerce extérieur en vigueur, les pays développés sont en principe conscients de l'importance de la transparence au niveau des échanges commerciaux libéralisés. Il est nécessaire, en effet, de donner aux consommateurs le droit de choisir le produit qui leur convient avec les prix pratiqués en toute liberté sans favoriser les producteurs nationaux à travers des subventions consistantes. Plus, certains pays riches, qui ont promis d'aider les pays pauvres et émergents – notamment en Afrique – matériellement et techniquement pour développer leur agriculture, n'ont pas honoré leurs engagements, ce qui a eu pour conséquence une dégradation des systèmes de production dans ces pays qui ne sont pas en mesure non pas d'exporter, mais de subvenir aux besoins de leurs populations. A travers le système de subvention, certains pays riches cherchent, en définitive, à fermer les frontières aux produits venant d'autres pays pour favoriser la production nationale. C'est, en somme, un protectionnisme nouveau qui ne dit pas son nom mais qui se développe de manière claire et constante. L'OMC qui mène un travail d'envergure de par le monde pour vérifier, chiffres et statistiques à l'appui, si les pays membres respectent les mesures prises. Elle pourrait rappeler à l'ordre ceux qui sont récalcitrant au niveau de l'application des règles établies pour le développement du commerce mondial dans les meilleures conditions sur des bases de transparence et d'équité.