De la Révolution à la Constitution, du 14 janvier 2011 au 26 janvier 2014, les Tunisiens auraient vécu une accélération de l'histoire. Tout est rompu, tout est nouveau, tout est soudain revendiqué. Il y a eu d'ailleurs beaucoup plus d'événements importants et de conflits ardus durant ces trois années que durant un demi-siècle d'histoire. Car, en ces trois ans, les défis et les enjeux étaient non seulement politiques, mais aussi constitutionnels, économiques, sociaux, culturels, religieux, éducatifs. C'est ce qui rend cette phase intense et riche sur le plan historique. Cet ouvrage, un recueil d'articles de presse, de commentaires et observations politiques qui ont accompagné la difficile phase de transition tunisienne. Articles parus en Tunisie, au journal La Presse et Le Temps, et, en France, sur le site Le Courrier de l'Atlas. Il dénote l'intérêt de l'auteur pour le commentaire politique et le journalisme d'opinion. La démocratie, elle-même, est, de moins en moins, une affaire de procédure, et, de plus en plus, une affaire d'opinion, selon Hatem M'rad. La phase de transition postrévolutionnaire de la Tunisie nous permet de le vérifier, au jour le jour, au gré des évènements politiques qui se bousculent à un rythme ahurissant, dans un pays qui n'a cessé de végéter durant un demi-siècle sous Bourguiba, puis sous Ben Ali, dans une sorte de fixisme appelé communément «stabilité». L'auteur considère, au fil de ses analyses, que la transition démocratique tunisienne a été, elle-même, révolutionnaire, peut-être plus révolutionnaire que la Révolution elle-même, peut-être plus dramatique. Qui l'aurait cru? s'interrogeait-il : terrorisme, violence, assassinats, mais aussi liberté d'opinion et d'expression et compromis politiques se sont inextricablement mêlés durant cette phase de transition. «Qui aurait cru, après l'expansion des salafistes dans les rues, l'assassinat des deux leaders de gauche, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et d'autres militants d'autres partis, l'attaque de l'ambassade américaine, du siège des partis et de l'Ugtt, sous la conduite des milices d'Ennahdha, et sous l'œil passif du gouvernement, qu'on pourrait en arriver un jour, après les pourparlers entre tous les partis dans le cadre du processus du Dialogue national, à des compromis difficiles, cristallisés dans une constitution transactionnelle ?» Une constitution qui a essayé, selon le politologue, tant bien que mal, et après quatre versions remaniées, d'établir une voie moyenne entre les forces politiques de la majorité islamiste et de l'opposition laïque, de laïciser beaucoup de questions, de principes et de valeurs qui étaient menacés par le pouvoir islamiste dès les premiers jours de la Constituante, tout en faisant référence à l'héritage et à l'identité arabo-musulmans. Le plan de cet ouvrage sera organisé non pas sur la base de la chronologie des évènements, mais plutôt autour de thématiques tendant à mettre en relief certains aspects de la transition postrévolutionnaire, durant ces trois années pleines. Il n'en reste pas moins que dans certaines parties, les articles se suivent chronologiquement grâce à la succession des évènements eux-mêmes. D'autres aspects de l'histoire contemporaine de la Tunisie sont traités dans deux autres ouvrages publiés par l'auteur : «La gouvernance entre le citoyen et le politique, «Le déficit démocratique sous Bourguiba et Ben Ali».