Conflit libyen : la Tunisie opposée à toute solution militaire Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a lancé, hier, un appel aux pays du G7 pour qu'ils mettent «un plan de soutien en faveur de la Tunisie». Dans son discours prononcé, à l'ouverture des travaux de la deuxième journée du sommet G7 qui se tient au château Elmau en Haute Bavière (Allemagne), BCE a rappelé que la Tunisie est déterminée à mener à terme et à réussir sa transition démocratique, mais «il lui faudra beaucoup de temps si elle n'est pas accompagnée de la communauté internationale». «Si la communauté internationale accompagne le pays, on ira beaucoup plus vite et on augmentera nos chances de réussite», a-t-il répété, précisant que l'appui international peut se traduire par des financements, un accompagnement pour la lutte contre le terrorisme et un élan de solidarité, à l'instar de celui de l'après-guerre mondiale, apporté par les USA à l'Europe ou aux pays de l'Europe de l'Est. «La Tunisie, premier pays sud-méditerranéen à réussir sa transition entend s'arrimer au concert des nations démocratiques. Seuls les pays avec lesquels elle partage les mêmes valeurs de démocratie et de liberté peuvent l'aider à achever son ancrage démocratique et faire face aux défis économiques et sociaux», a encore déclaré le chef de l'Etat. Il a tenu à souligner qu'un échec de l'expérience tunisienne pourrait avoir des conséquences néfastes sur toute la région. Invité d'honneur Ouverts dimanche, les travaux du G7 dont BCE est l'invité d'honneur, et ce, pour la deuxième fois, (après le sommet de Deauville en 2011), se poursuivent lundi, journée réservée aux partenaires dudit groupe. Le réchauffement climatique, les moyens de renforcer le commerce international, la stabilité budgétaire, la création d'un environnement économique favorable à l'investissement, le bon fonctionnement du marché du travail et l'aide au développement, figurent au premier plan des questions qui seront débattues pendant ce conclave. Outre les dirigeants du G7, les travaux se déroulent en présence de plusieurs chefs d'Etat africains et responsables d'institutions internationales, à l'instar notamment de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies (ONU), et du représentant de la Commission européenne (CE). «Malgré tous les défis, nous tenons à réaliser toutes les reformes nécessaires selon un calendrier clair et bien défini », a déclaré Béji Caïd Essebsi, dans son discours, prononcé à la deuxième journée du Sommet du G7. Devant les invités de la chancelière allemande, Angela Merkel, à ce 41ème sommet, le chef de l'Etat a retracé le parcours de la Tunisie sur la voie de la démocratisation, depuis le sommet de Deauville et évoqué les enjeux auxquels le pays fait face aujourd'hui, dont notamment le terrorisme et le chômage. «La Tunisie a traversé de graves crises, mais grâce au sens de la responsabilité de ses élites et de sa classe politique ainsi qu'à son armée républicaine, le pays est parvenu à reprendre sa destinée en main et à réussir là où d'autres ont échoué », a déclaré BCE. Et d'ajouter que le pays n'est pas encore parvenu à anéantir les problèmes qui étaient à l'origine de la révolution, dont un «chômage endémique» (620 000 chômeurs parmi lesquels 250 mille diplômés du supérieur), des inégalités régionales et sociales, outre un marasme économique qui persiste. Face à cette situation marquée aussi par le ralentissement de l'investissement privé et la faiblesse de la croissance, la dette tunisienne a augmenté de 58% en quatre ans, a encore rappelé le président de la République. Le terrorisme, un phénomène étrange Revenant à la menace terroriste qu'il qualifie de phénomène «régional » et plutôt « mondial », BCE a encore une fois indiqué que ce phénomène est récent en Tunisie et étrange à son peuple et à ses valeurs. «La Tunisie ne s'y est pas préparée, car elle a investi, depuis l'indépendance, dans l'éducation et le développement humain au détriment des forces de sécurité et de l'armée mal équipée et inadéquatement formée pour faire face à la menace terroriste». Ceci pourrait être un message pour les premières puissances mondiales afin qu'elles accompagnent la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme, un phénomène qui nécessite la mise en place d'une stratégie régionale concertée. Evoquant le conflit libyen, Béji Caïd Essebsi a réitéré que le pays reste «fermement opposé à toute solution militaire et attaché à une Libye unie et pacifiée». «La Tunisie subit plus que tout autre pays l'impact direct de la crise en Libye, où la menace terroriste s'est amplifiée et où on assiste à la prolifération des armes, en l'absence d'autorité centrale et à l'émergence de groupes extrémistes », a déclaré Caïd Essebsi, rappelant que la Libye était le 2ème partenaire commercial de la Tunisie (2 milliards US d'échanges commerciaux) et fut également un partenaire de choix en matière d'affaires et d'opportunités d'emplois. La Tunisie appelle à un règlement pacifique du conflit libyen, a-t-il encore indiqué, faisant état de sa prédisposition à jouer un rôle de médiation et à intervenir, au moment opportun, afin de convaincre les parties prenantes à opter pour le compromis et éviter l'exacerbation du conflit.