Par Abdelhamid Gmati On s'interroge sur les retombées de la présence tunisienne à la dernière réunion du G7, en Bavière, aux côtés des premiers responsables des pays les plus nantis. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, y était invité ainsi que d'autres chefs d'Etat africains. Il y a plaidé pour la Tunisie demandant des soutiens pour la réussite de la démocratie en Tunisie et pour la lutte contre le terrorisme. A-t-il été entendu ? Déjà invité en 2011 au G8 de Deauville (la Russie en faisait encore partie), en tant que Premier ministre, il avait reçu la promesse d'une aide financière importante (quelque 25 milliards de dollars). Cet engagement n'a pas été tenu, ce que le président français, François Hollande, lui-même, a regretté. Dans leur communiqué final, les 7 mettent surtout l'accent sur le climat, s'engageant pour « une diminution importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et une décarbonation de l'économie au cours de ce siècle ». Et ils ont été aussi préoccupés par leur relation avec la Russie. Certes, ils se sont déclarés « solidaires de tous les pays et de toutes les régions touchées par la brutalité d'actes terroristes, notamment l'Irak, la Tunisie et le Nigeria (dont les dirigeants ont pris part aux discussions)... La lutte contre le terrorisme et le financement du terrorisme constituent une priorité majeure du G7 ». Béji Caïd Essebsi ne ramène donc pas de chèque. Mais de l'avis de certains observateurs et analystes, il a réussi quelque chose de plus précieux. Dès son arrivée en Allemagne, il a été reçu en « grande pompe » et il a eu droit à tous les honneurs. Aussi bien la chancelière allemande, Angela Merkel, le président américain, Barack Obama, le président français, François Hollande, le Premier ministre britannique, David Cameron, le Premier ministre japonais, Shinzô Abe, que la présidente du FMI, Christine Lagarde, lui ont exprimé amitié, considération et l'ont assuré de leur soutien et de leur aide. « Tout doit être fait pour soutenir la Tunisie », a déclaré le président français. Dans cette optique, Caïd Essebsi a redoré le blason de la présidence de la République et regagné la considération et le prestige de la Tunisie, fortement entamés ces dernières années. Reste que ce prestige doit aussi être réel à l'intérieur du pays. Ce prestige a été fortement entamé durant les quatre dernières années et l'Etat a fortement perdu de son autorité. Il n'est pas interdit de penser que si les engagements du G8 n'ont pas été suivis d'effet, c'est justement parce qu'il n'y avait plus d'Etat viable, avec la gabegie qui y régnait, les assassinats politiques, la montée de la violence et du terrorisme, une politique étrangère incohérente, une vie politique erratique. Aujourd'hui, avec une nouvelle Constitution, des élections législatives et présidentielle réussies, on pense que la transition démocratique est sur la bonne voie de réussite. Mais... Les grèves qui se multiplient, les manifestations, le recours à la violence, les manigances pour instaurer l'instabilité et favoriser le terrorisme menaçant, l'inertie du gouvernement font que l'on se pose de sérieuses questions sur la fiabilité de l'Etat tunisien. Et la solution à cette situation se trouve entre les Tunisiens eux-mêmes. Le chef du gouvernement, Habib Essid, a reçu, lundi dernier, plusieurs dirigeants de partis politiques et les a appelés à contribuer à l'effort national pour calmer les mouvements sociaux dans certaines régions et les grèves qui paralysent des secteurs vitaux de l'économie. C'est bien beau mais sera-t-il entendu quand on sait que certains partis sont soupçonnés d'attiser le feu et de chercher à faire chuter le gouvernement ? Les grands de ce monde et certains autres pays amis peuvent et veulent nous aider mais l'aide la plus importante et la plus déterminante est la nôtre. « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays », avait dit l'ex-président américain J.F. Kennedy.