Le spectacle «La Soulamia chante Ajèj», de Saïd Jebali, célèbre l'arrivée du Mois Saint et rend hommage au pionnier du chant soufi, Cheikh Hmida Ajèj, mercredi dernier au théâtre de la Ville de Tunis. Quoi de plus approprié et de plus solennel qu'un spectacle de Soulamia pour fêter le Mois Saint? L'association tunisienne Mémoire et Patrimoine a organisé, mercredi dernier, un spectacle de chant soufi sous l'intitulé «La Soulamia chante Ajèj» célébrant ainsi l'arrivée du Mois de Ramadan tout en rendant hommage à un pionnier du chant soufi, à savoir Cheikh Hmida Ajèj qui a marqué l'histoire de cette discipline en Tunisie. Au lever du rideau, les yeux s'émerveillent de la belle mise en scène : le sol est revêtu de Margoums des centaines de bougies ornent chaque coin de la scène telles des constellations d'étoiles. Le parfum d'encens emplit l'air et l'on se sent tout de suite transporté ailleurs. Un chœur composé de près de 50 hommes, jeunes et moins jeunes, tous en costumes traditionnels, ont donné le ton de la soirée. Il s'agit d'un spectacle complet de chant, de musique et de danse (transe) conçu et mis en scène par Saïd Jebali. La troupe a offert au public venu nombreux, ce soir-là, une belle œuvre valorisant notre religion, notre culture et nos traditions tout en les côtoyant au contemporain. Cette musique ancrée dans le patrimoine musical traditionnel nous a été interprétée par des instruments contemporains. Outre les bendirs habituellement utilisés pour ce genre de musique, la troupe a introduit le violon, la guitare électrique et le piano. Il en résulte une prestation plus que surprenante, à la limite de l'envoûtement, par laquelle il faut se laisser prendre, avant d'être complètement abandonné. Un métissage réussi qui a conféré des notes jazzy aux notes traditionnelles de la Soulamia telle que nous la connaissons. Quant au chant, ils l'ont mis au point avec une telle clairvoyance que les œuvres choisies se faisant tour à tour témoignage de piété collective et de spiritualisme lumineux. On découvre simplement un univers chambriste intime avec une vision moderne, poétique, artistique et tout aussi pieuse. Le public a bien apprécié les nombreux airs dédiés au Prophète Mohamed. Les chanteurs, tour à tour, en solo ou en chœur, ont excellé dans l'interprétation des titres du programme composé de chansons soufies, d'invocations, ainsi que de liturgiques puisées dans le répertoire arabo-tunisien, soutenues en cela par des instrumentistes se révélant saisissant d'originalité et de maîtrise. On en arrive ainsi à un équilibre parfait, où aucun effet ne vient détourner de la méditation et du recueillement. Un beau métissage. Le public a été ravi !