30 prévenus comparaîtront à partir de lundi pour être jugés dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd Le plus grand procès jamais connu par la Tunisie s'ouvrira officiellement lundi à la cinquième chambre correctionnelle de Tunis sous le numéro 30523. Il s'agira du premier acte d'un procès compliqué où s'entremêlent les faits et les allégations, et où celui qui a tiré sur Chokri Belaïd en ce matin du 6 février 2013 pourrait ne pas être le seul coupable. C'est pour cette raison que le porte-parole du parti des patriotes démocrates unifié (PPDU), Mohamed Jmour, a tenu à rappeler lors d'un point de presse organisé hier à l'occasion, que «le procès qui s'ouvre dans quelques jours ne pourra pas tout dévoiler» sur l'assassinat de l'ex-leader charismatique lâchement assassiné par balle devant son domicile. L'énigme du rapport balistique «Qui a donné l'ordre politique pour éliminer Chokri Belaïd?» c'est ce que voudrait savoir le député Zied Lakhdhar, secrétaire général du parti, et l'ensemble des «ayants droit» qui se sont portés partie civile dans ce procès et dans un deuxième procès toujours en phase d'instruction sous le numéro 26427 bis. Ce dernier ira en effet plus en profondeur pour lever le voile sur «des crimes commis même après l'assassinat» (Dixit Mohamed Jmour). La présumée disparition du rapport balistique, reste en ce sens l'un des mystères de l'affaire. Le comité de défense présidé par Besma Khalfaoui, veuve du disparu, accuse clairement les cadres sécuritaires d'avoir entravé l'instruction après la mort de Chokri Belaid. Les «camarades» de l'ex-leader ne s'attendent toutefois pas à des révélations retentissantes de ce premier procès, « sauf s'il y a une volonté manifeste de la cour », a ajouté Mohamed Jmour De son côté, le député Zied Lakhdhar a mis en garde contre le travestissement de la vérité à l'aune de la nouvelle «entente cordiale» entre les deux grands partis que sont Ennahdha et Nidaa Tounès. La liste des 30 «Nous ne cherchons pas à mettre, coûte que coûte, une partie politique en particulier au banc des accusés, nous voulons juste qu'il y ait un procès sérieux et crédible, précise Zied Lakhdhar. Il est clair qu'un certain nombre de pages sur les réseaux sociaux dont on connaît les ramifications, ont ouvertement appelé à l'élimination de Chokri Belaïd». Le député ajoute qu'il est d'autant plus important de connaître la vérité que «d'autres cadres du parti continuent à recevoir des menaces de liquidation». Le 6 février 2013, entre 7h30 et 8h du matin, Chokri Belaïd avait été abattu de plusieurs balles devant son domicile à El Menzah VI, alors qu'il venait de monter dans le véhicule conduit par un certain Zied Tahri (chauffeur personnel du défunt et membre du PPDU). Le procès qui s'ouvrira lundi, sera celui d'une trentaine de prévenus accusés d'avoir participé de près ou de loin à l'exécution de l'assassinat. Il s'agit de : Amine Guesmi (27 ans), Yasser Mouelhi (36 ans), Mohamed Ali Dammak (36ans), Saber Mechergui (38 ans), Kais Mchela (41 ans), Karim Kelai (40 ans), Ezzedine Abdellaoui (40 ans), Mohamed Omri (23 ans), Mohamed Akkeri (40 ans), Abderraouf Talbi (32 ans), Riadh Ouertani (32 ans), Mohamed Aouadi (41 ans), Hamza Arfaoui (26 ans), Seifeddine Arfaoui (28 ans), Tarek Ennaifer (32 ans), Mondher Jellassi (40 ans), Wajdi Elkéfi (31 ans), Khaked Ezzedini (36 ans), Hamza Ben Badr (27 ans), Houssem Frikha (27 ans), Khmais Dhahri (38 ans), Allem Tizaoui (27 ans), Houcem Mazlini (24 ans), Mohamed Khiari (31 ans), Mohamed Naimi (25 ans), Ahmed Ben Aoun (33 ans), Meher Akkeri ( 25 ans), Mouadh Hmaidi ( 24 ans), Ahmed Riahi ( 35 ans) et Ahmed Melki (36 ans). Dialogue franc et global Le secrétaire général du parti Watad a invité les organisations de la société civile à se constituer partie civile, estimant que la loi régissant les associations permettait cela si « elles disposent d'un mandat des ayants droit ». Il a également appelé les médias à faire pression pour que le procès soit retransmis en direct à la télévision. Le député Zied Lakhdar a profité de la conférence de presse pour fustiger le gouvernement qui tente selon lui de «criminaliser les mouvements sociaux et de dénigrer le travail syndical » tout en admettant que certains mouvements sont suspects et obéissent à des agendas extérieurs. Selon lui, ces mouvements viseraient à démembrer l'unité du pays. Il demande à ce que l'Etat dénonce publiquement les responsables de ces actions. Le député Zied Lakhdhar a, cependant, critiqué l'appel du gouvernement à un dialogue et estime que celui-ci n'a aucun autre but que celui « d'obtenir une trêve sociale ». « Si c'est le seul but, alors cela ne fera qu'accentuer la crise, dit-il. Il faudrait aller vers un dialogue franc et global sur la situation du pays ». Le député frontisme a déclaré que les membres du gouvernement étaient comme « des îlots sans aucun lien entre eux ». Un manque de cohérence que le député impute à la manière précipitée avec laquelle Habib Essid a constitué son équipe.