Pour les observateurs avertis, les deux instructions ne feront qu'un seul procès. Celui du terrorisme et de l'escadron de la mort qui a pris ses quartiers sous nos cieux sous le règne des gouvernements de la Troïka, entre 2011 et 2014. Le terrorisme qui a encore tragiquement frappé vendredi dernier dans un hôtel à Sousse, se soldant par près de 80 victimes, dont 39 tués, en majorité de paisibles touristes C'est aujourd'hui que s'ouvre à Tunis le procès des assassins de feu Chokri Belaïd. Trente-cinq présumés coupables y sont poursuivis, dont un très grand nombre en état d'arrestation. Ils doivent répondre de pas moins de 22 chefs d'inculpation liés au terrorisme et à l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013. L'instruction, en grande partie bâclée, a été menée deux années et demie durant. Deux récentes décisions de la Chambre d'accusation et de la Cour de cassation ont relancé l'affaire sur la bonne voie, moyennant d'autres poursuites dans une instruction judiciaire parallèle sur la même affaire. Pour les observateurs avertis, les deux instructions ne feront qu'un seul procès. Celui du terrorisme et de l'escadron de la mort qui a pris ses quartiers sous nos cieux sous le règne des gouvernements de la Troïka, entre 2011 et 2014. Le terrorisme qui a encore tragiquement frappé vendredi dernier dans un hôtel à Sousse, se soldant par près de 80 victimes, dont 39 tués, en majorité de paisibles touristes. Au-delà de l'assassinat proprement dit de Chokri Belaïd, c'est toute la mécanique démentielle des accointances douteuses, du laxisme, et de la piovra politico-mafieuse qui doit être démontée. Une grande partie des terroristes ont partie liée avec l'establishment de l'époque, dont de hauts dirigeants de partis politiques de la place. Cela soulève des questions aussi problématiques que les milices paramilitaires, les ligues dites de protection de la révolution, la police parallèle et le noyautage des organes de l'Etat. L'impunité dont bénéficiaient nombre des présumés coupables est déconcertante. Jusqu'à ce que la Cour de cassation, par sa sentence du 14 juin 2015, remette tant bien que mal les choses sur la bonne voie. Du moins à l'échelle de l'instruction parallèle. Aujourd'hui, les Tunisiens saisissent l'ampleur des complicités avec les terroristes qui ont tôt fait d'envenimer notre vécu. On dénombre jusqu'ici 47 attentats terroristes qui se sont soldés par près de cent-cinquante personnes innocentes tuées, dont 60 touristes. Le procès des assassins de Chokri Belaïd est une espèce de boîte de Pandore. Il met à nu toute la nébuleuse terroriste et instruit le procès du terrorisme dans son ensemble. Il le devrait en fait. Parce que, jusqu'ici ce sont bien quelques exécutants qui sont mis en cause. Or, plusieurs doigts ont tiré sur la gâchette là où l'instruction n'en voit qu'un seul. En outre, les commanditaires du crime bénéficient toujours d'une étonnante impunité. Malgré les faisceaux d'indices, les preuves et les faits têtus. N'empêche, la Défense des héritiers de Chokri belaïd, de ses ayants droit et de sa famille compte bien faire en sorte qu'on ne prenne pas l'ombre pour la proie. Et d'assurer un procès équitable, sans interférences politiciennes, et dont les assises seront publiques. Le procès des assassins de Chokri Belaïd qui s'ouvre, c'est déjà un acquis. Qu'il soit élargi à la mécanique funeste du terrorisme sous nos cieux, en voilà deux acquis. Et comme il n'y a jamais deux sans trois, la Justice devra sévir. Tempérons un peu toutefois, parce que là, c'est plutôt un souhait appuyé. Et qui vivra verra.