Le tragique attentat de Sousse a remué le couteau dans la plaie, en nous faisant rappeler celui perpétré, au mois de mars dernier, au musée du Bardo, avec ceci de particulièrement troublant, à savoir la similitude entre les deux attaques. En effet, celles-ci ont été lancées un vendredi, curieusement au même horaire (11h30) et dans deux établissements prisés par les touristes, l'objectif étant un seul : gâcher la saison touristique et, par conséquent, ajouter aux malheurs de l'économie nationale. De surcroît, sur les deux lieux du crime, les assaillants ont pris soin d'éviter des pertes humaines tunisiennes, en jetant leur dévolu et leurs surcharges de haine sur les étrangers. Autres dénominateurs communs : on n'a eu recours, çà et là, qu'aux kalachnikovs , et on y a accusé le même retard avant l'intervention de la police et des secours, alors qu'il s'est avéré que les auteurs des deux carnages étaient des terroristes en herbe dont l'âge ne dépasse pas la trentaine. Cela sans compter que ces deux lâches opérations ont connu une réussite si providentielle que plusieurs complices courent encore, sachant qu'il a été établi, tant au Bardo qu'à Sousse, qu'il ne s'agissait nullement d'actes isolés. Menaces ramadanesques Par ailleurs, et à force de fourrer le nez dans les archives du terrorisme, on s'aperçoit que le dernier attentat a éveillé les démons ramadanesques qu'on sait chers à la nébuleuse intégriste de par le monde. C'est que, dans l'idéologie fanatique et sanguinaire de celle-ci, le mois du jeûne est considéré comme le mois du jihad...par excellence ! Le mois où l'inspiration, la volonté féroce de nuire à autrui et la recherche sordide de «la chahada» atteignent leur paroxysme. Souvenons-nous de l'atroce tragédie de Ramadan dernier qui s'est soldée par 16 pertes en vies humaines parmi nos soldats en patrouille du côté de Kasserine. Le mois du jeûne 2013 ne nous a-t-il pas coûté, lui aussi, sept tués dans les rangs de la Garde nationale ? Et, plus concrètement, n'a-t-on pas constaté que, rien qu'au début du mois de Ramadan, Daech a frappé fort et simultanément (il faut le faire !) en Tunisie, en France, au Koweït, au Niger, en Somalie, en Libye, au Kenya, au Nigeria et plus loin, en... Chine (eh oui) ! tout en reprenant, dans la foulée, des pans entiers dont il a été délogé en Irak et en Syrie ? Les talibans, autres jihadistes de triste réputation internationale, ont, eux aussi, attendu le mois saint de cette année pour sortir subitement de leur coquille, coupant court à une accalmie de quelques mois, pour repartir à l'offensive, avec un premier bilan dramatique : pas moins de 25 soldats afghans pulvérisés dans deux attentats à la voiture piégée. La furia ramadanesque est passée par là. Chez nous, il faut avoir le courage de dire qu'on ne semble pas, hélas, en être suffisamment conscient, comme en témoigne l'impardonnable bourde ayant précipité le dernier carnage de Sousse. Et c'est immensément regrettable, malgré les multiples mises en garde qu'on a lancées, depuis belle lurette, sur ces mêmes colonnes quant à l'impératif de se méfier de la furia ramadanesque des terroristes. Une furia d'ailleurs récemment relayée par des services de renseignements occidentaux, à travers des notes confidentielles, au contenu tout ce qu'il y a de plus sombre et pessimiste. Prenons-en, au moins, acte courageusement et sagement, sans verser dans la panique, en faisant en sorte que «rira bien qui rira le dernier».