Les deux attentats commis en l'espace de quelques heures et dans deux régions différentes annoncent-ils le pire pour les «traditionnelles attaques du mois de Ramadan»? Soyons sur nos gardes... Deux attentats commis en l'espace de quelques heures au cours de la même journée, mais dans deux lieux différents, voilà qui est nouveau dans les manœuvres terroristes. Nouveau, parce que les jihadistes nous ont «habitués» à des attaques sporadiques, espacées dans le temps et presque circonscrites dans les gouvernorats de Kasserine, Le Kef, Gafsa, Sidi Bouzid et Jendouba. Mais, quelle mouche les a piqués pour oser frapper simultanément (ou presque) à deux reprises et à une distance assez éloignée entre les deux endroits ciblés ? Dans l'attente des révélations de l'enquête diligentée par le ministère de l'Intérieur, nous considérons que les premières conclusions sont d'ores et déjà réunies. Premièrement, il est certain que les terroristes ont déniché des failles, fruit d'un travail minutieux de surveillance, de renseignement et de navettes entre les deux lieux des attentats. Soit dans leur pure tradition. Deuxièmement, il faut reconnaître que ces failles ne sont plus, hélas, rares dans nos postes de police et de la Garde nationale où les problèmes de rotation des agents se conjoignent avec la modestie des équipements de veille et de combat et le manque de coordination entre les unités sécuritaires en exercice dans les régions. Et pourtant, on a beau mettre l'accent sur ces mêmes colonnes, sur la nécessité de s'empresser de colmater ces brèches synonymes d'aubaines pour des terroristes constamment aux aguets, rien n'y fit. Troisièmement, il est clair que les cellules dormantes qu'on nous disait, fièrement, «assiégées, agonisantes et incapables de passer à l'offensive», sont malheureusement toujours là et promptes à «rugir» au moment opportun. Au souvenir de «Ghazwetou Badr» Quatrième et dernière conclusion : ces deux attentats surviennent au moment où le pays a remis les pendules à l'heure du mois de Ramadan. Paradoxalement, ce mois du carême, de la solidarité, de la convivialité et de la piété est plutôt, aux yeux de l'internationale intégriste, le mois de la haine, de la colère et de la sauvagerie. Le mois le mieux indiqué pour frapper plus fort, pour faire plus mal ! Initiée par Oussama Ben Landen, cette idéologie cynique implacable et sanguinaire a, souvenons-nous-en, fait dans les années 80-90 des malheurs en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Tchétchénie, au Liban et en Algérie, et, aujourd'hui, en Syrie, au Yémen, en Somalie, au Mali, au Nigeria, en Libye et en...Tunisie.. C'est que, dans la conviction sordide des takfiristes, le mois du jeûne leur rappelle la fameuse bataille ramadanesque de Badr (Ghazwatou Badr) conduite victorieusement par le Prophète Mohamed. Et il va sans dire que la différence est énorme entre cette héroïque bataille aux nobles objectifs et aux saints desseins, et les attentats terroristes actuels qui tuent et égorgent des âmes innocentes et sèment le chaos et la zizanie dans des Etats souverains et libres. C'est pourquoi il faut avoir le courage de croire qu'il n'est pas exclu que notre pays soit traversé cette année par leur «furia ramadanesque», et on en a fait, d'ailleurs, l'amère expérience lors des deux derniers mois du jeûne (deux attentats et surtout...sept soldats égorgés). C'est pourquoi aussi, on ne le dira jamais assez : il faut absolument décréter l'état d'alerte maximale au cours du mois de Ramadan 2015. Et cela en redoublant de vigilance, en étoffant les effectifs des policiers, gardes nationaux et soldats, en envoyant des renforts en hommes et en armes dans les fiefs mêmes des jihadistes, particulièrement dans les régions montagneuses et les postes frontaliers avec l'Algérie et la Libye, tout en ayant les yeux grands ouverts sur les principaux axes routiers, les édifices publics, les grandes surfaces et les chancelleries étrangères. Ces mesures préventives sont, du reste, d'autant plus impératives que des services de renseignements étrangers ne cessent, ces jours-ci, de rapporter l'infiltration, dans nos murs, de hordes sauvages intégristes venues des pays voisins, voire du Mali, du Niger et du Soudan. Pourvu qu'on ne jeûne pas idiot !